10 avril 2012, Décès de Raymond Aubrac, figure historique de la Résistance et Ami du Vietnam

Vous êtes ici : Actualité » 10 avril 2012, Décès de Raymond Aubrac, figure historique de la Résistance et Ami du Vietnam

Société

10 avril 2012, Décès de Raymond Aubrac, figure historique de la Résistance et Ami du Vietnam

10 avril 2012, Décès de Raymond Aubrac, figure historique de la Résistance et Ami du Vietnam
Agrandir le texte
Réduire le texte
Imprimer
Envoyer à un ami

Communiqué du CID 60 ans avec le VietnamQuelques réactions en France

Communiqué du CID 

( Centre d'information et de documentation sur le Vietnam contemporain  www.cidvietnam.org      cidvietnam@free.fr

Nous ne verrons plus Raymond Aubrac aux réunions pour la connaissance du Viêt Nam et pour le soutien de son peuple.

C’est en 1945 que ce grand Résistant croisa pour la première fois le chemin de ce pays. Commissaire de la République à Marseille, il intervint pour la défense de travailleurs dits « indochinois », en proie à des brimades et à la surexploitation.
L’année suivante, lors de la visite officielle en France du président Ho Chi Minh (qui devait hélas aboutir à un échec, prélude au déclenchement de la guerre coloniale), c’est tout naturellement vers Lucie et Raymond Aubrac que le président du Viêt Nam se tourna. Il fut hébergé durant son séjour dans leur villa, et devint même le parrain de leur fille Elizabeth.


1946: Raymond Aubrac, à gauche avec pipe, héberge 6 semaines Ho Chi Minh, Président du Vietnam.

De cette période naquit une amitié réciproque entre Raymond Aubrac et Ho Chi Minh, qui ne se démentit jamais. On peut dire qu’il fut certainement l’homme, en occident, qui connut le mieux le président du Viêt Nam et qui bénéficia continument de sa confiance totale. Raymond Aubrac déploya une activité, aussi discrète qu’efficace, pour que ce pays connaisse enfin la paix. Pour ce faire, à diverses reprises, durant la guerre dite « française » d’Indochine, puis, surtout, durant la phase « américaine », Raymond Aubrac sillonna le monde, rencontra les grands décideurs de l’époque, de Kissinger au pape Paul VI, en passant par l’entourage direct du général de Gaulle.

La paix revenue, après 1975, Raymond Aubrac resta fidèle à ce pays, tout en manifestant en toutes occasions sa lucidité.
Dirigeant de l’“Association d’amitié franco-vietnamienne”, co-fondateur du “Centre d’information et de Documentation sur le Viêt Nam contemporain”, il fut de toutes les initiatives de solidarité et de connaissance.
Tous ceux qui ont fréquenté, pratiquement jusqu’à ces dernières semaines, ces réunions, peuvent en témoigner.

Le Viêt Nam aujourd’hui indépendant perd un fidèle compagnon, les amis de ce pays, de par le monde, sont plongés dans la tristesse.
Raymond Aubrac leur manquera, nous manquera.

Le CID, dont Raymond Aubrac fut, on le rappelle, un membre fondateur et un défenseur de tous temps, s’associe à la douleur de sa famille.
Nos pensées vont en particulier à Ginette Gauvin, sa sœur, qui consacra bien des années de sa vie à travailler bénévolement au sein de l’équipe animée naguère par Françoise Direr.

Paris le 12 avril 2012

60 ans avec le Vietnam

Cette conférence-débat s’est déroulée le 27 mars 2009, à l’amphithéâtre I de la Maison du Multimédia de l’Université J.F.Champollion – Campus d’Albi, à l’initiative de l’AJET et de l’Université Pour Tous du Tarn.
Elle était animée par Raymond Aubrac, Commissaire honoraire de la République, ancien résistant.
Raymond Aubrac : « Où la mémoire s’attarde » (éd Odile Jacob)
 
Après la présentation de Raymond Aubrac par son amie Nane Vézinet, celui-ci tient à préciser qu’il ne s’exprime pas en tant qu’historien mais comme témoin. En effet, très connu pour son passé de résistant pendant l’occupation nazie, Raymond Aubrac a aussi participé de manière singulière au règlement de la guerre du Viêt-Nam et à la réunification de ce pays, notamment à travers les liens amicaux très forts qu’il a tissé avec le Président Hô Chi Minh. C’est l’objet de sa conférence à Albi.
Raymond Aubrac rappelle d’abord que le gouvernement français avait décidé en 1939, à la déclaration de la guerre, de faire venir en France des Indochinois (du Tonkin, du Laos, du Cambodge) pour remplacer les ouvriers français mobilisés. Après la défaite de 1940 certains indochinois rentrèrent chez eux, d’autres restèrent en France et furent regroupés dans des camps où ils passèrent les années d’occupation.
En août 1944, Raymond Aubrac est nommé Commissaire de la République à Marseille. Aux portes de la ville, il découvre le scandale d’un camp d’internement dans lequel sont entassés de manière dégradante plusieurs milliers d’Indochinois majoritairement Vietnamiens. Raymond Aubrac écarte la direction corrompue, rétablit ordre et sécurité, rendant ainsi leur dignité à ces « laissés pour comptes ». Il s’attire ainsi, par leur intermédiaire, la sympathie du président Hô Chi Minh.
En mars 1946, la France signe un accord reconnaissant l’indépendance du Viêt-Nam : c’est la naissance de la République Démocratique du Vietnam sous la présidence de Hô Chi Minh. La conférence franco-vietnamienne de Fontainebleau est chargée d’examiner et de régler les questions en suspens liées à l’accord d’indépendance. La délégation vietnamienne est conduite par Pham Van Dong. Hô Chi Minh ne fait pas partie de la délégation mais est présent à Paris, invité par le gouvernement français.
A cette occasion, la relation entre les deux hommes va évoluer vers une amitié profonde et durable du fait, notamment, de l’installation de Hô Chi Minh dans la maison familiale des Aubrac durant six semaines. Tous les soirs, Pham Van Dong lui rendait compte de l’avancée des négociations. Celles-ci n’aboutirent pas mais furent simplement conclues par un mémorandum.
La situation devenant difficile dans son pays, Hô Chi Minh rentre au Vietnam. En novembre 1946 la guerre éclaté, le port de Haiphong ayant été bombardé par la flotte française. Hô Chi Minh laisse à Paris une délégation officielle pour le représenter. En décembre 1946, Léon Blum, président du Conseil des Ministres, contacte Raymond Aubrac qui avait des responsabilités dans les ministères, pour lui faire part de ses préoccupations concernant la situation au Vietnam : les deux parties se préparent à la guerre.
Léon Blum est convaincu que Hô Chi Minh ne veut pas la guerre, alors que l’Amiral d’Argenlieu rêve de reconquérir l’Indochine et s’apprête à retourner à Saigon. Craignant la chute de son gouvernement, Léon Blum ne peut empêcher le débarquement de l’Amiral à Saigon le 23 décembre 1946. Ainsi la « sale guerre » dure de 1947 à 1954 et se termine par la bataille de Dien-Bien-Phu et les accords de Genève. Sollicité par deux fois pour aller rencontrer Hô Chi Minh pendant cette guerre, Raymond Aubrac, ne voulant pas servir d’alibi, refuse cette proposition car tout le monde connaissait les exigences de Hô Chi Minh : l’unité et l’indépendance de son pays.
A cette époque-là, quittant ses missions dans divers ministères, Raymond Aubrac se reconvertit professionnellement et crée un bureau d’études qui travaille notamment avec la Chine. En 1955, pour des raisons professionnelles, il se rend à Pékin et apprend que Hô Chi Minh est l’invité du gouvernement de Mao Zedong. Il le rencontre et accepte d’aller à Hanoi servir de médiateur entre le gouvernement vietnamien et la délégation française dirigée par Sainteny afin d’aider à débloquer les négociations commerciales entre les deux pays. Raymond Aubrac se rend de Pékin à Hanoi en train (5 jours, 4 nuits), est reçu par le premier ministre, Pham Van Dong, participe à relancer les négociations et à trouver une solution acceptable pour tous. Raymond Aubrac rentre à Pékin après avoir accompli sa mission.
Après le départ des français du Viêt-Nam, les Américains arrivent avec leurs conseillers militaires et la guerre reprend. En juin 1967, la guerre américaine s’aggrave, les réactions et les manifestations contre cette sale guerre se développent aux États-Unis. Raymond Aubrac est sollicité par Emmanuel d’Astier pour une rencontre à Paris chez Etienne Bauer, membre de la direction de l’Institut National des Sciences et Techniques Nucléaires.
En réalité il s’agit d’une réunion du comité exécutif du mouvement Pug Wash né en 1957, suite à une conférence de scientifiques qui adoptèrent le manifeste Russel Einstein alertant l’opinion mondiale sur les dangers de l’arme nucléaire. Ces physiciens du monde entier (une trentaine de pays USA, URSS, Europe…) – signifiaient leur opposition à l’utilisation de leurs travaux à des fins militaires – se réunissaient chaque année en assemblée générale pour échanger leurs points de vue. Ce mouvement était animé par un comité exécutif qui se réunissait dès que l’un de ses membres l’estimait nécessaire. En juin 1967, ce comité exécutif se réunit à propos de la « guerre des 6 jours » au Moyen-Orient.
La guerre du Viêt-Nam inquiète aussi les scientifiques. Elle s’intensifie : l’armée américaine bombarde massivement le nord Viêt-Nam ; des mouvements anti-guerre américains réclament la fin des combats. A Paris, le comité exécutif du mouvement Pug Wash est saisi par Henry Kissinger, consultant pour le département d’état américain et pour la Maison Blanche, afin d’aider à arrêter l’escalade, rechercher les propositions à faire à Hô Chi Minh, et demander à un diplomate français d’aller les lui présenter.
De Gaulle fait demander à Raymond Aubrac d’en être le messager. Celui-ci accepte et part au Viêt-Nam accompagné d’Herbert Marcovitch, scientifique de l’Institut Pasteur, membre du mouvement Pug Wash. Après de grandes difficultés pour arriver à Hanoï sous les bombardements américains, la délégation française réussit à rencontrer Hô Chi Minh et Pham Van Dong. Pour Hô Chi Minh les négociations ne peuvent commencer tant que les Américains n’arrêtent pas leurs bombardements, inconditionnellement. C’est la dernière rencontre entre Raymond Aubrac et Hô Chi Minh puisque ce dernier meurt en 1969 mais ce n’est pas la fin de l’histoire entre le Viêt-Nam et Raymond Aubrac.
En arrivant à Paris, la délégation française ne peut rendre compte à De Gaulle mais elle rencontre Henry Kissinger et les scientifiques américains chargés de transmettre le message au président des États-Unis : Lindon Johnson. D’août à octobre 1967, Raymond Aubrac participe, à Paris, à des échanges oraux entre délégations américaines et vietnamiennes, concernant l’éventuel arrêt des bombardements. Ce n’est que le 31 mars 1968 que le Président Johnson annonce leur arrêt. Au printemps 1968 les négociations commencent à Paris. Raymond Aubrac participe de manière discrète à ces échanges entre Vietnamiens et Américains. Pendant ce temps des pourparlers continuent entre Washington et Hô Chi Ming (opération Pennsylvania). Les Américains continuent à bombarder Hanoi ; la situation devient de plus en plus alarmante. Les Américains envisagent de poursuivre les bombardements des digues du Mékong au risque d’inonder des régions entières très peuplées pouvant entraîner la mort de milliers de Vietnamiens.
Raymond Aubrac propose de solliciter l’intervention du Pape, ce qu’il obtient. Il rencontre, à cette occasion, le secrétaire d’état du Vatican – le cardinal Villot – le Vatican étant intéressé à des relations avec Hanoï du fait de la présence de communautés catholiques établies au Sud Vietnam suite aux accords de Genève de 1954. Le 9 juillet 1972, le pape Paul VI, sur la place St Pierre de Rome, citant un passage des accords du Genève, fait une déclaration forte ; les bombardements des digues cessent.
En 1972 le secrétaire général des Nations-Unies entre dans les négociations de Paris, sans résultat. La guerre continue jusqu’en avril 1975 ! Les troupes américaines se retirent enfin après la chute de Saigon. Raymond Aubrac se trouve alors à Hanoi, envoyé par la FAO. Illa Banque Mondiale et du FMI et obtient de Robert Mac Namara que les plans des champs de mines disposés par les Américains le long du 17ème parallèle soient fournis aux Vietnamiens pour éviter d’autres nombreuses victimes. intervient pour que les médicaments soient acheminés vers le Viêt-Nam ; il se fait également le porte-parole de Pham Van Dong auprès de la Banque Mondiale et du FMI et obtient de Robert Mac Namara que les plans des champs de mines disposés par les Américains le long du 17ème parallèle soient fournis aux Vietnamiens pour éviter d’autres nombreuses victimes.

Ainsi entre 1946 et 1975, Raymond Aubrac n’a pas cessé de retrouver le Vietnam sur son chemin où il fut confronté à l’agression américaine contre ce peuple dont il s’est toujours senti solidaire.

 

Quelques réactions en France

PARIS - Le grand résistant Raymond Aubrac, l'une des dernières personnalités de la Résistance à avoir connu Jean Moulin, est mort mardi soir à l'hôpital militaire parisien du Val-de-Grâce à 97 ans, a annoncé mercredi sa famille à l'AFP.

Cofondateur du mouvement Libération Sud, il était le dernier survivant des chefs de la Résistance réunis et arrêtés en juin 1943 à Caluire, près de Lyon, avec le chef du Conseil national de la Résistance (CNR) Jean Moulin.

Sa femme Lucie Aubrac, épousée en 1939, elle aussi héroïne de la Résistance, était morte en 2007 à l'âge de 94 ans. Ils avaient trois enfants et dix petits-enfants. Le père et la mère de Raymond Aubrac, Albert et Hélène Samuel, avaient péri en camp d'extermination.

Nicolas Sarkozy a rendu, "très solennellement, hommage" à cette "figure héroïque de la Résistance". "Ces héros de l'ombre qui ont sauvé l'honneur de la France, à un moment où elle semblait perdue, disparaissent les uns après les autres", a commenté le chef de l'Etat. "Nous avons le devoir d'en maintenir le souvenir vivant au coeur de notre mémoire collective".

Né le jour de l'assassinat de Jean Jaurès le 31 juillet 1914, juste avant le début de la Première Guerre mondiale dans une famille de commerçants juifs de Vesoul, de son vrai nom Raymond Samuel, Raymond Aubrac était resté un citoyen très actif, marqué à gauche, se rendant pendant des années dans les collèges et les lycées en compagnie de sa femme pour témoigner et raconter la Résistance.

"Je ne supporte pas la solitude après 67 ans de vie commune. Alors quand je me suis retrouvé seul, j'ai été heureux d'avoir des invitations de scolaires qui me donnaient le sentiment d'être encore un peu dans la vie", expliquait-il en 2010.

Pour lui, résister, c'est "surveiller ce qui se passe, essayer de comprendre ce qui se passe dans la société qui nous entoure. Et quand on a le sentiment qu'on est devant une injustice, réagir à l'injustice et ne pas se contenter de la constater mais essayer de faire quelque chose".

Un temps compagnon de route du parti communiste, il avait appelé à voter François Hollande au premier tour de la prochaine élection présidentielle.

Réagissant à son décès, le candidat socialiste a assuré que "dans les périodes les plus sombres de l'histoire de notre pays, il fut, avec Lucie Aubrac dont nous célébrons en juin le centième anniversaire de la naissance, parmi ces justes qui trouvèrent, en eux-mêmes et au creuset des valeurs universelles que porte notre République, la force de résister à la barbarie nazie".

Grand'croix de la Légion d'honneur, Croix de guerre 1939-1945, rosette de la Résistance, Raymond Aubrac avait publié en 1996 son autobiographie, "Où la mémoire s'attarde".

Cet ingénieur civil des Ponts et Chaussées s'est engagé dès 1940 dans la Résistance avec Lucie, et est devenu attaché à l'état-major de l'Armée secrète.

Arrêté le 21 juin 1943 à Caluire, emprisonné à Montluc, Raymond Aubrac et quatorze résistants sont libérés grâce à un intrépide raid de commando monté par Lucie, qui entrera dans la légende de la Résistance, un épisode au centre du film de Claude Berri, "Lucie Aubrac" (1997).

Recherché par la Gestapo, le couple est parti pour Londres, puis Raymond a gagné Alger, où il est devenu délégué à l'Assemblée consultative en juin 1944. A la Libération, il est devenu commissaire régional de la République à Marseille, responsable du déminage du littoral, puis inspecteur général à la Reconstruction.

Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, a assuré que "Raymond Aubrac nous laisse en partage une certaine idée du courage et de l'honneur".

Pour François Bayrou, candidat centriste à l'Elysée, le défunt était "une extraordinaire figure", et il a "passé sa vie" à "raconter ce que la Résistance avait été" avec "force, vie, volonté et amour". Eva Joly, candidate d'EELV, a jugé que l'engagement de Raymond Aubrac était "une leçon de courage et de résistance pour tous".

"Combattant toute sa vie, il sera un symbole maintenant qu'il nous a quittés: le symbole du courage et de la lutte contre la barbarie", a réagi le président de SOS Racisme Dominique Sopo.

© 2012 AFP
 

Journal " l'humanité":
 

  • Jean-Luc Mélenchon
    candidat du Front de Gauche à l'élection présidentielle

    "Ami, si tu tombes un ami sort de l’ombre, à ta place.
    Comme l’a dit Lucie Aubrac : « résister se conjugue au présent ».
    Raymond Aubrac nous a quitté, sortons de l’ombre pour tenir le poste de combat."
  • Pierre Laurent 
    Secrétaire national du PCF

    "C'est avec une immense tristesse que j'apprends la disparition de Raymond Samuel, dit Raymond Aubrac, l'une des plus grandes figures de la Résistance française et des luttes anti-coloniales. Avec son épouse Lucie, Raymond demeurera pour notre peuple et les générations à venir une source inépuisable d'inspiration dans les combats pour l'émancipation, la justice, la liberté, l'égalité et la fraternité.
    Une franche et loyale amitié liait les communistes français à Raymond Aubrac. Nous l'aimions pour sa droiture, sa générosité et, surtout, sa douceur et sa foi en l'espèce humaine. Nous pleurons l'un des nôtres.
    En cet instant, mes pensées se tournent vers sa famille, son petit-fils Renaud, ses proches pour leur dire que je partage leur peine."
  • François Hollande
    candidat du PS à la présidence de la République

    "J’ai appris avec une immense tristesse la disparition du grand résistant Raymond Aubrac.
    Dans les périodes les plus sombres de l’histoire de notre pays, il fut, avec Lucie Aubrac dont nous célébrons en juin le centième anniversaire de la naissance, parmi ces justes qui trouvèrent, en eux-mêmes et au creuset des valeurs universelles que porte notre République, la force de résister à la barbarie nazie.Raymond Aubrac poursuivait avec modestie et ferveur la volonté d’alerter les jeunes générations qu’il rencontrait régulièrement.
    C’était sa leçon de vie, une manière pour lui de dire qu’il y a toujours un chemin là où brille la flamme des indignations justes, là où s’exprime une espérance.Sa disparition suscite dans le pays une immense tristesse. Je veux dire l’émotion et l’honneur qui ont été les miens de le rencontrer, le 15 mars dernier, jour anniversaire de l’adoption du programme du Conseil National de la Résistance."
  • Martine Aubry
    Première secrétaire du PS

    "J’ai appris avec une profonde émotion et une grande tristesse la mort de Raymond Aubrac.
    Raymond Aubrac avait tout donné et pris tous les risques pour se battre pour la liberté et contre l’horreur du nazisme. Il a continué toute sa vie à défendre ses idéaux et à transmettre les valeurs de la résistance. Car, lui qui avait tant sacrifié et montré tant de courage pour gagner la guerre, savait qu’il est souvent encore plus difficile de gagner la paix.
    En ce jour où la France perd l’un de ses grands hommes, pour lequel comme tous les Français j'avais une grande admiration, je veux retenir son message gravé à jamais dans notre Histoire, celui auquel il a consacré toute sa vie, le message de la résistance, celui de la liberté, de la démocratie et de l’émancipation de l’homme, ce message plus que jamais universel dans un monde en proie au doute.
    Au nom du Parti socialiste, je rends hommage à sa mémoire et j’y associe tous ceux qui se sont battus à ses côtés." 
  • Patrick le Hyaric
    Directeur de "L’Humanité", député européen

    "Fidèle à Raymond Aubrac
     C’est avec une immense tristesse que j’apprends le décès de Raymond Aubrac, un juste parmi les justes. L’un de ces hommes qui font l’honneur de la France, dans ce qu’elle a de meilleur.
    Homme de courage, d’intelligence, homme d’une grande droiture, Raymond fait partie de celles et ceux qui ont permis que notre pays et son peuple empêchent le pire dans la résistance dont il était l’un des animateurs et dirigeants, aux côtés des plus connus, de Jean Moulin au général De Gaulle. On le voit encore ces jours-ci, à l’occasion des émissions télévisées qui font suite au feuilleton « Un village français » avec Jean-Pierre Azéma et d’autres résistants.
    Raymond, c’est aussi la participation à la mise en œuvre du programme du Conseil national de la Résistance, l’action pour la décolonisation, puis la coopération internationale notamment avec le Vietnam.
    Ce fut un grand plaisir, il y a un an de découvrir le film retraçant sa vie écrit et réalisé par Pascal Convert et Fabien Beziat, puis le débat qui a suivi avec Edgar Morin lors d’une initiative des Amis de L’Humanité. Journal dont il était resté attaché et était l’un des défenseurs.
    Gardons toujours en mémoire l’appel qu’il a lancé avec quelques autres lors du 60e anniversaire du programme du Conseil National de la Résistance dans lequel ils déclarent : « Comment peut-il manquer aujourd’hui de l’argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes sociales, alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l’Europe était ruinée ? Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l’ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l’actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie. »
    Quelle force du propos ! De même avec Lucie, ils nous ont laissé cette formidable apostrophe : « Résister, c’est créer ! » Nous voulons y être fidèle. Nous le serons."
  • Hélène  LUC
    Présidente de l'Association d'Amitié Franco Vietnamienne (A-A-F-V)

    Sénatrice Honoraire
    "Comment imaginer que nous ne verrons plus RAYMOND AUBRAC lui qui a pris part à tant de combats décisifs pour la FRANCE, la résistance bien sûr et le VIET NAM qui fut son deuxième immense combat pour la liberté qui jalonné sa vie.
    Lorsque le 1er Mai 2010 j'ai participé avec lui à HO CHI MINH VILLE aux cérémonies de l'unification du Nord et du Sud VIET NAM,j'ai pu mesurer la  erveur que lui porte ce peuple.Raymond AUBRAC avait le VIET NAM" chevillé au corps"sous tous ses aspects:politique,affectif,familial .
    Avec CHARLES FOURNIAU et Lucie AUBRAC avec les grands intellectuels de l'époque,il a créé l'Association d'Amitié Franco Vietnamienne en 1961.Il en est encore aujourd hui le membre le plus éminent de son Comité d'Honneur.Encore tout dernièrement,au cours d'une conversation chez lui il se préoccupait de savoir comment passer le flambeau de la passion pour le VIET NAM que nous  aimons, que nous admirons avec lucidité ,aux jeunes générations.Au mois de MAI dernier à IVRY il a participé à notre Congrès toute une après midi .Il venait de m'envoyer un mot précieux pour annoncer qu'il témoignerait à la cérémonie du 4Oeme anniversaire de la signature des accords de Paris qui aura lieu à Choisy-le -ROI en 2013,ville où a été hébergée la délégation VIETNAMIENNE du Nord.
    Au nom de l'A.A.F.V. de son comité nationnal je veux dire à JEAN PIERRE,CATHERINE et ELISABETH ses entants ses petits et arrière petits enfants  combien nous l'aimons,combien nous l'admirons,combien son exemple de combattant pour la liberté avec tous les risques qu'il a pris nous aidera à faire vivre l'amitié entre la FRANCE et le VIET NAM d'aujourd'hui.
    L'Année 2013 qui célèbrera le 4Oeme anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques avec la FRANCE ensera une puissante démonstration.
    Cher Raymond AUBRAC vous en aurez été l'un des principaux artisans avec HO CHI MINH,vous resterez dans notre coeur, dans nos esprits,nous vous aimons,vous allez nous manquer beaucoup,beaucoup."
  • Jean-Marc COPPOLA
    Vice-président de la Région PACA
    Conseiller municipal de Marseille

    "C’est avec tristesse que j’ai appris le décès de Raymond Aubrac.
    On connaissait son attachement pour la cité phocéenne, lui qui fut Commissaire de la République à Marseille à la Libération, et qui y ordonna notamment la réquisition d’usines.
    Il aimait aller à la rencontre des jeunes dans les collèges et les lycées, qu’il encourageait à faire vivre et retransmettre l'héritage de la Résistance.
    J’ai eu la chance de partager avec lui de longues discussions durant lesquelles il rappelait toujours la nécessité de résister au libéralisme, de combattre la politique de la peur et de la stigmatisation pour défendre la République laïque, démocratique et sociale, celle du Conseil National de la Résistance, libre, égale et fraternelle.
    J'ai été frappe de la grande admiration qu'il portait à sa femme Lucie, et pour l'engagement qu'elle a eu jusqu’ a la dernière heure.
    Je tiens à saluer la mémoire de cet homme qui, jusqu’au bout, a été un citoyen très actif faisant preuve d’une grande lucidité et d’une grande clairvoyance.
    Son courage forçait le respect et l’admiration comme sa détermination encourageait à l’engagement militant autant pour la Paix que pour l'intérêt général. Des sujets vraiment d'actualité."
  • Pierre Lacaze
    Secrétaire départemental du PCF

    Après notre camarade Lise London samedi dernier, c'est un autre grand héros de la Résistance, Raymond Samuel dit Raymond Aubrac, qui nous a quitté aujourd'hui. La grande modestie de Raymond Aubrac aurait souffert de se voir ainsi qualifié de héros et pourtant c'est bien ce qu'il fut, tout comme sa femme Lucie Aubrac, dont le nom restera à jamais lié au sien. C'est ensemble qu'ils ont traversé cette terrible période de l'Occupation, s'illustrant par des coups d'éclat tel la libération de résistants de l'hôpital de l'Antiquaille à Lyon mais aussi par un long et patient travail d'organisation au sein du réseau Libération et d'unification de la Résistance au côté de Jean Moulin.
    Si Raymond Aubrac ne fut jamais un homme de parti, il resta toute sa vie un compagnon de route du Parti Communiste Français, et partagea nombre de ses combats après la Libération : ceux de la reconstruction du pays après la guerre comme ceux de l'anticolonialisme. Ami du président Hô Chi Minhn, il fut un acteur important de la conférence de la Paix de Paris qui mettra fin à la guerre du Vietnam en 1975.
    Raymond Aubrac a poursuivi son engagement de résistant tout au long de sa vie. En 2008, il fait partie de l'Appel des Résistants qui revendique l'actualité des idéaux de démocratie économique, sociale et culturelle initialement portés par le programme du Conseil National de la Résistance. Raymond Aubrac appelait ainsi les jeunes générations "à ne pas se lais­ser impres­sion­ner par l’actuelle dic­ta­ture inter­na­tio­nale des mar­chés finan­ciers qui menace la paix et la démo­cra­tie, à défi­nir ensem­ble un nou­veau « pro­gramme de la Résistance » pour notre siècle"
    Les militants et les élus communistes s'inclinent avec respect et fraternité devant cet homme intègre : son profond engagement humaniste restera pour les générations futures une source d'inspiration dans les combats actuels pour l'émancipation humaine."
  • Pierric Annoot
    secrétaire général du Mouvement Jeunes Communistes de France

    "C’est avec une immense tristesse que j'ai appris ce matin la disparition de Raymond Aubrac, l’une des plus grandes figures de la Résistance française et des luttes anti-coloniales.
    J'avais eu l'honneur en octobre 2011 d'etre convié par le journal l'Humanité à un entretien avec Raymond Aubrac sur l'esprit de résistance hier et aujourd'hui.
    Déjà très impressionné de le rencontrer, je l'étais encore plus par sa vivacité d'esprit et sa finesse d'analyse. Après l'échange nous avions continué à discuter de la crise, de ses causes, des impasses du capitalisme, de l'avenir...
    Rien ne laissait présager qu'il allait bientôt nous quitter. Il puisait son éternelle jeunesse dans son esprit de résistance permanent. l'Héritage qu'il nous laisse fera vivre cette flamme pour longtemps encore nourrie des messages d'espoir et de luttes qu'il avait alors adressé à la jeunesse.Mes plus sincères condoléances à sa famille et ses proches."
  • Pierre GOSNAT
    Député du Val-de-Marne

    Maire d’Ivry-sur-Seine

    "C’est avec la plus grande émotion que j’ai appris le décès de Raymond Aubrac. Avec lui s’éteint le dernier des chefs de la Résistance réunis autour de Jean Moulin.
    Avec son épouse Lucie, décédée il y a 5 ans, ils ont constitué un couple emblématique dont l’action dans la Résistance a été décisive.
    Je tiens à saluer la mémoire de cet infatigable défenseur des valeurs d’engagement, de justice et de progrès. Cet homme d’une grande humanité n’a jamais cessé tout au long de sa vie de transmettre aux jeunes générations son expérience et le sens de ses combats. J’ai eu la chance de rencontrer Raymond Aubrac, qui m’a apporté son soutien à plusieurs reprises au cours de différentes échéances politiques locales.
    Sa mort endeuille la France qui perd aujourd’hui un des ses grands hommes."
Nouveau Envoyer à un ami