Chine / Vietnam: «La situation peut dégénérer à tout moment»

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Chine / Vietnam: «La situation peut dégénérer à tout moment»

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Les pêcheurs vietnamiens racontent que leur bateau a été encerclé par 40 bateaux chinois avant d'être attaqué

Voir également le dossier spécial Vietnam / Chine de Cap Vietnam, Informez, partagez l'article ci-dessous, participez à préserver la Paix....

 

(Jol Presse) : Entretien avec Jean-Vincent Brisset, directeur de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), spécialiste des questions de défense et de la Chine.

Un navire chinois a «délibérément» percuté et coulé un bateau de pêche vietnamien, a annoncé, mardi 27 mai, le chef des garde-côtes du Vietnam. Ce nouvel incident s'est produit non loin de la zone où Pékin a installé une plate-forme pétrolière dans des eaux revendiquées par les deux pays.

JOL Press : Jusqu'à quand la Chine pourra-t-elle provoquer ses voisins avant que la situation n'explose ?
 
Jean-Vincent Brisset : Manifestement, Pékin a décidé de pousser la provocation jusqu'au bout. J'ai peur que l'étape suivante - l'ouverture éventuelle du feu sur un bateau ou l'éperonnage d'un navire - soit causée par un manque de contrôle, davantage que par une manœuvre planifiée. Il n'y a eu aucun mort cette fois-ci (les dix marins à bord ont été secourus par des bateaux de pêche vietnamiens naviguant à proximité, ndlr), mais la situation peut dégénérer à tout moment.

En outre, la puissance chinoise est évidemment supérieure à la puissance vietnamienne. Pour l'heure, ce conflit n'intéresse pas beaucoup le reste du monde. Les Chinois se sentent donc confortés dans leurs attaques.

JOL Press : Que cherche la Chine en agissant ainsi ?
 

Jean-Vincent Brisset : Elle veut imposer sa supériorité et sa souveraineté en mer de Chine méridionale. Pékin est en train d'annexer plusieurs centaines de milliers de kilomètres carrés d'espace maritime. Ces territoires sont revendiqués par plusieurs pays, mais la Chine profite de sa force et du fait que la communauté internationale laisse faire.

Du reste, les Vietnamiens sont sûrs d'être dans leur droit, ce qui peut se comprendre. Ils agitent la menace d'une action juridique contre la Chine, mais ils ont du mal à comprendre qu'ils n'arriveront à rien sans médiatisation.

JOL Press : Le prochain conflit en Asie du Sud-Est sera-t-il nécessairement une guerre navale ?
 

Jean-Vincent Brisset : C'est un risque, en effet. Pour l'heure, la marine chinoise est la seule force militaire réellement opérationnelle du pays - même si elle laisse encore très largement à désirer. Pour améliorer sa force navale, Pékin a mis en place une vraie doctrine d'emploi avec des objectifs stratégiques très expansionnistes. Symbole de ses ambitions maritimes, la Chine a mis en service son premier porte-avions en septembre 2012.

JOL Press : Avec quels pays les tensions sont-elles particulièrement fortes ?
 

Jean-Vincent Brisset : En mer de Chine orientale, les tensions sont très vives avec le Japon au sujet des îles Senkaku. En mer de Chine du Sud, Pékin est principalement en conflit avec les Philippines et le Vietnam. Il faut savoir que ce dernier pays a été sous domination coloniale chinoise pendant 1000 ans. Il s'agit des trois pays qui ont le plus de raisons de s'inquiéter. Pour le moment, les velléités d'affrontements avec l'Inde ont été mises au placard.

Désormais, dans le cadre de leur stratégie de «pivotement», les Etats-Unis sont davantage présents en mer de Chine du Sud. Les Vietnamiens, les Philippins et les Indonésiens demandent d'ailleurs aux Américains d'exhorter les Chinois au calme. Les Etats-Unis pourraient réagir très fortement si un de leurs navires se faisaient éperonner.

JOL Press : Est-il possible que les pays d'Asie du Sud-Est s'allient contre Pékin ?
 

Jean-Vincent Brisset : C'est ce que souhaitent un certain nombre de pays de la région. Du reste, la Chine craint un front commun de la part de ses voisins car elle gère très mal les relations multilatérales. Les Chinois veulent donc empêcher toute coalition contre eux. Pékin a tout fait pour que les deux dernières réunions de l'Asean (Association des nations de l'Asie du Sud-Est) n'aboutissent pas à une déclaration commune en matière de sécurité.

Propos recueillis par Marie Slavicek pour JOL Press

(Source media : jolpress.com)

Commentaires

Chine/Vietnam

Ceci n’est que la mise en application de la politique de la « langue de bœuf » revendiquée par la Chine depuis plusieurs mois. Et, plus tard, pourquoi pas le Détroit de Singapour ?
Truong Sa n’est qu’une première étape de cette stratégie, l’ensemble des Paracels et Spratley viendront ensuite si rien n’est fait.
Les Philippines sont allés de l’avant en menant une action juridique en instance internationale pour les iles Spratley. Le Vietnam et la Malaisie sont directement impliqués pour ces mêmes îles : à quoi sert l’ASEAN si ces trois pays ne sont pas solidaires entre eux pour ce sujet commun ? Sans oublier le Japon lui aussi concerné par des revendications territoriales chinoises pour d’autres îles .
A quand une action commune et concertée pour contrer ces visées expansionnistes chinoises ? Il est dommage que le Vietnam n’ait pas suivi les Philippines dès le début …… Serait-ce trop tard ?

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