Hoang Binh Quan: «Le Vietnam est sorti du sous-développement»

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Hoang Binh Quan: «Le Vietnam est sorti du sous-développement»

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Chaîne de montage automobile dans une usine Ford de la province de Hai Duong (Nord)

Entretien. À l’occasion de la visite, lundi en France, de Nguyen Phu Trong, secrétaire général du Parti communiste vietnamien (PCV). Retour sur la stratégie internationale du pays avec Hoang Binh Quan.


Hoang Binh Quan, chef de la Commission des Relations extérieures du Comité central du PCV.

Quel est l’objectif de la visite en France du secrétaire général du Parti communiste vietnamien, Nguyen Phu Trong, qui coïncide avec le 45e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre le Vietnam et la France ?

Hoang Binh Quan: C’est un événement politique particulièrement important. Il s’agit de la première visite du plus haut dirigeant du Vietnam à Paris, depuis treize ans. Ce sera l’occasion de faire le point sur notre coopération, d’en évaluer les potentiels et de définir les orientations pour renforcer le partenariat stratégique signé en 2013. La France est l’un des premiers partenaires commerciaux européens du Vietnam – la valeur des échanges bilatéraux est estimée à 4,62 milliards de dollars en 2017 – et elle accueille 7 000 étudiants vietnamiens. Les relations bilatérales s’étendent aussi aux domaines de la culture, de la santé, de l’éducation, de la formation, de la justice, de l’administration, des douanes, de la défense, de la sécurité ainsi que de la coopération décentralisée.

Trente ans après la mise en œuvre du Doi Moi, la politique du renouveau, le Vietnam a renforcé son intégration régionale et internationale. Quelle est la stratégie du pays ?

Hoang Binh Quan: Le Vietnam est sorti du sous-développement pour rejoindre le groupe des pays en développement à revenus intermédiaires. Son intégration internationale a accru son rôle et sa place sur la scène mondiale. Sa participation aux réseaux de production et de distribution internationaux lui a permis d’élargir ses débouchés à l’exportation et de conclure des accords de libre-échange. Nous souhaitons renforcer les relations avec nos partenaires stratégiques et les grandes puissances ayant un rôle à jouer dans la sécurité et le développement de notre pays.

En novembre, lors du sommet de l’Asean, la Chine et le Vietnam ont signé une déclaration conjointe pour « maintenir la paix et la stabilité en mer de Chine méridionale » . Quels en seront les effets ?

Hoang Binh Quan: La question de la mer de l’Est comporte, pour l’essentiel, deux grands aspects. Premièrement, il s’agit des différends territoriaux. Ces différends ne concernent que les pays et parties ayant des revendications. Ceux qui n’impliquent que deux pays nécessitent d’être résolus bilatéralement. Ceux qui impliquent plusieurs parties doivent faire l’objet des échanges de vues entre les parties concernées. Il s’agit de garantir la liberté et la sécurité de navigation maritime et aérienne, de maintenir la paix et la stabilité dans la région. L’Asean et la Chine ont adopté le projet-cadre du Code de conduite en mer Orientale (COC) et nous souhaitons l’engagement rapide des négociations en vue d’aboutir à sa finalisation. La question de la mer de l’Est est une question léguée par l’histoire dans les relations vietnamo-chinoises. Le Vietnam attache une très grande importance aux relations de partenariat stratégique et de coopération intégrale avec la Chine. Les hauts dirigeants des deux partis et des deux pays ont plusieurs fois échangé leurs points de vue avec franchise et sont ainsi parvenus à une prise de conscience commune importante. Il revient aux deux parties de mettre en œuvre rigoureusement leurs engagements conclus, notamment l’accord sur les principes directeurs régissant le règlement des questions liées à la mer Vietnam-Chine, de déployer nos efforts constants pour rechercher des solutions globales et durables dans le respect des intérêts légitimes de chaque partie et en toute conformité avec le droit international.

De quelle manière la France pourrait-elle aider le Vietnam à traiter le problème de l’agent orange ?

Hoang Binh Quan: Le Vietnam est le pays le plus pollué au monde par les bombes et les mines. Nous avons procédé à des enquêtes et établi une carte faisant l’état de la pollution causée par ces armes sur l’ensemble du pays. Nous avons également créé un Centre de gestion des données pour centraliser les informations relatives aux victimes et à l’état de la pollution. De 2010 à 2015, nous avons dépollué en moyenne 50 000 hectares de terre par an. Pour la période 2016-2025, nous avons fixé l’objectif de déminer environ 800 000 hectares. Selon les chiffres de l’Association des victimes de la dioxine du Vietnam, il existe près de 1 million de victimes sur un total de 3 millions de personnes exposées. Le montant total des aides annuelles est de 700 millions de dollars. Cent soixante-seize centres d’aide aux victimes sont en activité, dont l’une des missions est de créer de l’emploi pour les personnes encore en capacité de travailler. Néanmoins, cette aide reste limitée vu le nombre de personnes touchées. L’élimination des conséquences de l’agent orange nécessite de grands efforts de la part du Vietnam et l’aide de la communauté internationale. Nous apprécions pleinement la coopération française dans les recherches et la coopération médicale. Dès les années 1970, des chercheurs français ont organisé des conférences thématiques sur les produits chimiques et leurs graves impacts sur la santé humaine. Nous souhaitons qu’ils poursuivent leurs études tant sur la mutation génétique que sur les traitements en faveur des victimes de différentes générations.

Clément Arouet

(Source info: humanite.fr)

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