Kim Phuc, brûlée au napalm au Vietnam et soignée à Miami

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Kim Phuc, brûlée au napalm au Vietnam et soignée à Miami

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Quarante-trois ans plus tard, elle porte encore en elle les stigmates de ce 8 juin 1972

Cette Vietnamienne de 52 ans a porté toute sa vie les atroces douleurs provoquées par une guerre inhumaine. Aujourd'hui, elle subit un traitement au laser en Floride qui devrait atténuer ses souffrances. Tout un symbole

Quarante-trois ans plus tard, elle porte encore en elle les stigmates de ce 8 juin 1972. Ce jour-là, sept mois avant les accords de paix de Paris, elle n’avait que neuf ans. Des avions sud-vietnamiens, alliés des Etats-Unis, bombardèrent «par erreur» une pagode bouddhiste du village de Trang Bang, au nord de Saigon, où se seraient infiltrés des Vietcongs. Or Kim Phuc s’y tenait aves ses deux frères et deux cousins. Un tiers de son corps fut brûlé au napalm. Elle n’aurait jamais dû survivre. Le photographe vietnamien Nick Ut capta ce moment avec son Leica pour Associated Press. Une image qui fit la «Une» des journaux du monde entier et qui continue d’arracher des larmes tant elle illustre l’abomination de la guerre. Malgré de multiples greffes de la peau effectuées dans un hôpital au Vietnam, Kim Phuc, 52 ans, a longtemps été persuadée que son calvaire ne se terminerait qu’une fois au paradis. Maintenant elle nourrit l’espoir terrestre de ne plus être prise en tenailles par la douleur jour et nuit. Une dermatologue américaine de Miami, Jill Waibel, lui a gracieusement proposé un traitement au laser. Le traitement a commencé à la fin septembre et devrait se poursuivre pendant sept à huit mois.

La dermatologue n’a pas pour mission de réparer les horreurs commises par les Etats-Unis au Vietnam, ni d’oblitérer le tragique passé de Kim Phuc. Le traitement doit aider cette survivante de la guerre du Vietnam, qui vit désormais avec son mari en périphérie de Toronto après avoir émigré en 1992 via Cuba, à retrouver une certaine normalité. Le dos et le bras gauche de Kim Phuc ont été fortement brûlés par le tristement célèbre agent orange synonyme de l’inhumanité de la guerre menée par l’Amérique en Indochine. A Miami, le traitement laser est censé chauffer la peau jusqu’à un point d’ébullition afin de vaporiser les tissus cicatriciels. Il engendre de petites cavités microscopiques dans lesquelles sont introduits des médicaments pour reconstruire le collagène détruit, une protéine naturelle qui assure la cohésion l’élasticité et la régénération de tous les tissus de la peau.

Kim Phuc, qui a créé depuis une fondation à son nom pour venir en aide aux enfants victimes des guerres, agit aussi en ambassadrice de bonne volonté des Nations unies. A Miami, cette mère de deux enfants n’a pu retenir ses larmes. Le photographe qu’elle appelle «Oncle Ut» était aussi là pour la soutenir. Car il a eu malgré lui une influence déterminante sur son destin. Kim Phuc a longtemps exécré cette photo qui révélait l’angoisse, le désespoir intime et l’incompréhension d’une petite fille face à un monde d’adultes devenu fou. Une image qui exacerbait sa haine, qui lui rappelait qu’elle ne pouvait plus apprendre à jouer du piano ou mener à bien des études de médecine ou de pharmacie. Aujourd’hui, elle pense que l’image l’a aidée à accomplir sa vocation: agir en messagère de la paix. Les souffrances morales et psychologiques ont été en partie surmontées. Kim Phuc s’est elle-même imposé une épreuve en 1996 en visitant, la gorge nouée, le mémorial de la guerre du Vietnam à Washington au bras d’un ancien colonel de l’US Air Force.

La publication de la photo, qui a valu à son auteur le prix Pulitzer, a été un autre combat. A l’époque, à Associated Press, qui employait Nick Ut, il était exclu de publier une image montrant la nudité d’un enfant. Après des débats enflammés, AP a jugé finalement l’information véhiculée par la photo trop forte pour être cachée du public. Certains avancent que sa diffusion a poussé l’Amérique à se retirer du Vietnam, même si le président Richard Nixon estima, dans un premier temps, que la photo avait été trafiquée. A l’instar de Kim Phuc, les relations entre Washington et Hanoï se sont apaisées. En juillet dernier, Barack Obama recevait à la Maison-Blanche le secrétaire général du Parti communiste vietnamien Nguyen Phu Trong…

(Source info: www.letemps.ch)

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