La Chine veut se défendre au-delà de ses mers

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La Chine veut se défendre au-delà de ses mers

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(Lacroix.fr)  En pleine tension avec les États-Unis et le Japon, Pékin a publié un livre blanc sur la défense chinoise, soulignant sa volonté de projection de ses troupes au-delà de ses frontières maritimes et aériennes.

Vers quoi évolue la politique de défense chinoise ?
Le gouvernement chinois a publié un nouveau Livre blanc de la défense. Plus que jamais, Pékin veut consolider son armée dans le but de se projeter bien au-delà de ses frontières maritimes et aériennes, investissant des espaces revendiqués par d’autres puissances régionales comme le Vietnam, les Philippines et la Malaisie.
Concrètement, l’Armée populaire de libération (APL) chinoise, la plus importante du monde avec deux millions d’hommes, va confier à sa marine une responsabilité accrue. Considérant que les menaces sur son littoral sont moindres, elle va réduire l’accent mis sur la « défense côtière » et s’occuper désormais de « la protection en haute mer ».
Des capacités de frappes renforcées pour faire face à « la montée des défis »
De leur côté les forces aériennes vont passer « de la défense territoriale à la défensive et l’offensive combinée ». Enfin, son artillerie va renforcer ses capacités de « frappes de moyenne et de longue portées ».
 

Marine Chinoise

Dans son éditorial de mercredi 27 mai, le quotidien officiel China Daily a cherché à justifier la stratégie de défense chinoise : « Le pays fait face à une situation sécuritaire complexe ainsi qu’à une montée des défis à sa sécurité, y compris à sa porte ». Face à ce contexte singulier, la Chine « répond activement aux inquiétudes et aux incompréhensions de l’étranger sur la modernisation de ses forces de défense ».
Dans quel contexte régional paraît ce livre blanc ?
Pékin et Washington sont à couteaux tirés à propos des constructions accélérées par la Chine d’ouvrages (phares, pistes aériennes) et d’îles artificielles dans l’archipel disputé des Spratleys et celui des Paracels en mer de Chine méridionale, dont elle revendique la souveraineté sur la quasi-totalité.
Les deux archipels sont revendiqués par le Vietnam et les Philippines mais la Chine les considère comme « territoire national » où la construction de routes, immeubles, aéroports serait parfaitement normale.
Une modernisation qui suscite l’inquiétude des voisins de la Chine
De plus, la création artificielle de certains îlots est considérée par la Chine comme « bénéfiques à toute la société internationale » en aidant aux opérations de secours en mer et à la protection de l’environnement.
Soutenue par des budgets militaires en augmentation constante depuis des années, l’APL a modernisé ses forces et dispose désormais de son premier porte-avions depuis 2012 (elle en construit deux autres), suscitant l’inquiétude de ses voisins comme le Japon qui vient de réviser sa politique de défense.
 
Dorian Malovic 28/05/2015  Lacroix.fr
 
Les États-Unis ont accusé la Chine de violer les « normes internationales » en mer de Chine méridionale, lors d’un sommet sur la sécurité en Asie le week-end des 30 et 31 mai 2015 à Singapour / La Chine revendique la quasi-totalité de la mer de Chine, un enjeu stratégique majeur, et accuse les États-Unis de tenir un discours vindicatif qui menace la stabilité de la région.
La tension monte entre les États-Unis et la Chine au sujet du contrôle de zones stratégiques en mer de Chine méridionale. Cette immense région maritime est revendiquée par plusieurs nations riveraines et en particulier par Pékin, qui veut en faire une zone exclusive sous son contrôle – ce que les États-Unis considèrent comme une violation des lois maritimes internationales.
Washington s’inquiète en particulier de la récente expansion chinoise dans cette région, à partir d’îlots semi-artificiels. En termes peu diplomatiques, plusieurs de ses responsables militaires et politiques ont fait part de leur préoccupation, le week-end des 30 et 31 mai 2015 à Singapour, à l’occasion d’un forum annuel sur la sécurité en Asie (appelé « Dialogue Shangri-La »).
Le secrétaire américain à la défense Ashton Carter a notamment accusé la Chine de n’être « pas en phase avec les règles et les normes internationales ». 
La tension se cristallise autour des îles Spratly, un vaste archipel corallien d’une centaine d’îles, quasiment inhabitées, s’étalant sur quelque 410 000 kilomètres carrés. Situés sur un carrefour de routes maritimes stratégiques pour le commerce mondial, ces îlots recèlent potentiellement d’importantes réserves d’hydrocarbures et sont revendiqués, pour tout ou partie, par la Chine, le Vietnam, les Philippines, Brunei, Taïwan et la Malaisie.
Opérations de remblaiement des îlots de la part de la Chine
À tel point que Pékin y mène d’énormes opérations de remblaiement, de façon à transformer des récifs coralliens en ports et en infrastructures diverses.
Le secrétaire américain à la défense, Ashton Carter, a reconnu que d’autres pays avaient mené ce type d’opérations, y compris le Vietnam avec l’édification de 48 avant-postes, les Philippines (huit), la Malaisie (cinq) et Taïwan (un).
 « Cependant, un pays est allé beaucoup plus loin et beaucoup plus vite que n’importe quel autre. Et c’est la Chine », a-t-il affirmé, appelant à « un arrêt immédiat et durable des travaux de remblaiement par tous ceux qui revendiquent » la souveraineté sur l’archipel.
Un conflit qui menace la stabilité de la région
Dimanche 31 mai, l’amiral Sun Jianguo, chef d’état-major général adjoint de l’Armée populaire de libération (APL), a minimisé les tensions et balayé les accusations américaines. « La situation en mer de Chine méridionale est dans l’ensemble sereine et stable, la liberté de navigation n’a jamais été entravée »,a-t-il affirmé au cours de ce même dialogue annuel du Shangri-La.
Dans ce contexte la question est de savoir ce que les États-Unis veulent et peuvent faire concrètement au-delà de la rhétorique. Personne ne veut une guerre mais le ministre malaisien de la défense a dit craindre que ces contentieux ne finissent par déclencher « un des conflits les plus meurtriers de notre temps, sinon de l’histoire ». 
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