La France doit resserrer ses liens avec le Vietnam

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La France doit resserrer ses liens avec le Vietnam

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(lemonde.fr) Le premier ministre du Vietnam, Nguyên Tân Dung, effectue une visite d'Etat en France du 24 au 27 septembre. Elle a été préparée par un déplacement des ministres des affaires étrangères, Pham Binh Minh à Paris en mars dernier, et Laurent Fabius à Hanoi en août. Le premier ministre vietnamien signera à l'occasion de sa venue avec son homologue français un accord de Partenariat stratégique France-Viêtnam. Les 26 articles de cet accord se répartissent en cinq chapitres et réunissent en un seul texte les accords de coopération divers déjà conclus, les relations entre les deux pays y gagneront en cohérence.

L'accord de partenariat stratégique prend aussi une valeur symbolique. Il est signé l'année du quarantième anniversaire de la reprise des relations diplomatiques entre les deux pays et dans " l'année croisée France-Vietnam, 2013-2014 ". Hélas, l'accord ne comporte pas d'innovations marquantes.
Les deux pays se feront l'avocat de leur partenaire auprès des organisations régionales dont ils sont membres, l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) d'un côté, l'Union européenne de l'autre. La France s'efforcera d'y obtenir pour le Vietnam le statut d'économie de marché. Concernant la défense, L'accord du 12 novembre 2009 sera amplifié. La France fournira son concours aux industries de défense du Vietnam.
 
UN ENJEU PLUS IMPORTANT POUR LA FRANCE
 
En matière économique, on s'efforcera de donner suite au dialogue stratégique ouvert à Hanoi le 9 avril 2013. Les échanges, la coopération, les investissements devront être développés, surtout dans les industries aéronautiques, les transports, les infrastructures urbaines, le développement durable, l'informatique, la santé, les industries agroalimentaires, l'énergie nucléaire. La France, deuxième donateur d'aide publique au développement au Vietnam confirme sa volonté de poursuivre son aide. Elle accueillera dans de meilleures conditions les étudiants vietnamiens, renforcera son concours à l'Université des sciences et de technologie de Hanoi et soutiendra l'enseignement du français et en français au Vietnam.
Pour la France, l'enjeu est plus important que ne le laisse croire les termes de cet accord. Elle semble aujourd'hui perdre pied au Vietnam. Même si le volume global des échanges bilatéraux augmente, le déficit commercial de la France en 2012 fut de 2,1 milliards d'euros. Il s'est creusé de plus de moitié par rapport à 2011.

Bien que l'Hexagone ait été le premier investisseur occidental au Vietnam, le pays a été doublé par les Etats-Unis en 2006, puis par les Pays-Bas en 2007. Or le Vietnam voit son influence croître dans le Sud-Est asiatique. On le classe parmi les émergents prometteurs. Depuis l'entrée en vigueur de l'accord de libre échange entre l'Association des pays de l'Asie du Sud-Est et la Chine en 2010, un investisseur français au Vietnam peut exporter dans la plus grande zone libre-échange du monde. C'est une base stratégique.

UNE DIPLOMATIE TOURNÉE VERS L'ASIE

Affecté par la crise mondiale, le Vietnam était en mauvaise posture début 2011. Il a courageusement rétabli ses comptes publics, en partie résorbé une inflation galopante réduite à 6 % cette année. Après quatre dévaluations, il a stabilisé son taux de change depuis un an, reconstitué ses réserves de change. Sa balance commerciale est excédentaire. Les investissements étrangers reviennent. Le taux de croissance en 2012 fut de 5,25% et sera du même ordre en 2013.

Mais des difficultés demeurent. Les entreprises et banques publiques sont mal gérées, souvent déficitaires. Elles ont donné lieu à des scandales. Les créances douteuses, mal inventoriées, semblent croître. Or réformer le secteur public qui assure le tiers du PIB, est ardu car on est là au cœur du système politique communiste. Les accords de partenariat stratégique entre pays se multiplient. Ils ne sont assortis ni d'échéanciers, ni de moyens de financement. Certains restent donc sans suite. Il faut espérer que cet accord ne connaîtra pas pareil sort.

La diplomatie française s'est enfin convaincue que l'avenir se déroulerait en grande partie en Extrême-Orient. Son action est résolument tournée vers l'Asie. Cette conversion conforte l'espoir que cet accord de partenariat stratégique avec un pays à la situation enviable sur la mer de Chine et aux relations historiques encore fortes avec la France débouchera sur des réalisations concrètes dont les deux pays tireront profit.

Le Monde 24/09/2013

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