Le luxe écolo du Six Senses Con Dao

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L'agence AW2 a construit un resort de luxe à vocation écologique sur une île vietnamienne à l'histoire tourmentée.

Sable blanc, palmiers et eaux turquoises. Au centre d'un archipel classé parc national, l'île de Con Son présente tous les attributs du paradis à 250 km d'Hô Chi Minh-Ville, au Vietnam. Lorsqu'elle s'appelait Poulo Condore - l'île aux courges en malais -, l'arcadie tropicale était un enfer. En 1860, les colons français en firent l'équivalent asiatique de l'île du Diable, en Guyane. Le gouvernement sud-vietnamien a conservé le bagne jusqu'en 1975. L'administration communiste a pris le relais, pour « rééduquer ses anciens ennemis » jusqu'en 1993. De quoi rendre le site « sensible ». Un musée garde la trace de ce passé, mais l'île compte aujourd'hui autant sur le tourisme de luxe que sur celui de la mémoire. Ouvert en 2010, l'hôtel Six Senses Con Dao aligne une quarantaine de bungalows en front de mer pour une clientèle très exclusive, dans une anse qu'une colline sépare du village principal. « Pour un Européen, a fortiori pour un Français, la situation peut paraître étrange, reconnaît Reda Amalou, de l'agence parisienne AW2, chargée de la conception de l'hôtel.  Construire un lieu de vacances près d'une ancienne colonie pénitentiaire n'est pas sacrilège au Vietnam, où le rapport au passé est beaucoup plus apaisé. Comme dans tout le monde émergent, il existe une énergie folle, une volonté d'appartenir à un monde dont on s'est longtemps senti exclu. »

Ressources locales

L'agence AW2 construit en Asie depuis dix-huit ans. Les contacts tissés au fil du temps l'ont menée d'une maison individuelle pour un ami à l'hôpital d'Hô Chi Minh-Ville. Le Six Senses, lui, a été commandé par le fonds d'investissement américain Indochina Capital, soucieux de mettre en avant, dans tous ses hôtels, une forte dimension écologique. Les architectes l'ont pris au mot. Pour soigner l'insertion dans le site, comme l'explique Stéphanie Ledoux, deuxième associée de l'agence : « Nous intervenons dans une bande de terre très étroite, bordée de mangroves à protéger et une zone d'écoulement d'eau à maintenir. Nous avons réduit l'emprise des bâtiments pour limiter l'imperméabilisation des sols. » Dans un tel resort, le projet d'architecture est d'abord un miniprojet d'urbanisme composé de lieux d'habitation, de restauration, de loisirs… Les pavillons sont connectés via des passerelles qui réduisent les atteintes au milieu naturel. Et construire des bungalows à un étage a permis d'économiser 3 des 17 hectares de terrain. Quant à l'architecture, ses auteurs la qualifient de « tropicale contemporaine », en accord avec le climat et les ressources locales. Un slogan ? « Pas seulement, répond Stéphanie Ledoux. Nous avons cherché à réintroduire l'architecture en bois, une tradition vietnamienne chassée par les techniques de béton importées par les Français, puis par les Russes. Nous avons formé une entreprise locale et lui avons fourni le matériel permettant le débit et le traitement du bois. Un compagnon charpentier français a montré comment réaliser des assemblages. » Les pièces préfabriquées sur le continent étaient acheminées vers l'île par bateau. Tout, jusqu'au mobilier, a été dessiné par AW2 et construit sur place. Une architecture qui se veut aussi pédagogique : un mur constitué de volets de récupérations a introduit des notions de recyclage des matériaux.

La société Green Globe a travaillé avec l'agence AW2 à la définition d'un label vert hôtelier, en s'appuyant sur le cas de Con Dao. Si les architectes ont pu revenir sur beaucoup d'habitudes énergivores du secteur, en restreignant par exemple la climatisation aux seules chambres et aux suites, quelle est la réelle portée écologique d'un tel équipement dans un milieu naturel ? Reda Amalou ne voit pas de contradiction dans sa démarche : « Ce tourisme d'élite est plus avantageux que le tourisme de masse, dont la plupart des gains retournent aux tours-operateurs, laissant aux Etats le soin d'assumer des coûts d'infrastructure énormes. A Con Son, l'afflux de touristes reste limité, ce qui permet de ne pas agrandir l'aéroport existant et les visiteurs dépensent plus. »

En 2011, les acteurs Brad Pitt et Angelina Jolie ont séjourné à l'hôtel et visité le bagne. De quoi augmenter la notoriété des lieux et aider à situer Con Dao sur la carte du monde.

Olivier Namias

(Source info: www.lesechos.fr)

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