Les patates roulantes

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Nguyen Thanh Binh et Alessio Ramson - les "patates roulantes".

L’amour donne des ailes, dit-on. Eh bien cette semaine, notre page Francophonie nous révèle que l'amour peut tout aussi bien faire enfourcher un vélo pour traverser l’Europe et l’Asie.

C’est Alessio qui m’a embarqué dans ce voyage, me confie Thanh Binh, les yeux rieurs. Il faut dire qu'au départ, Thanh Binh n'était pas du tout décidée à se lancer dans cette "folle" aventure. Pensez donc: partir de Paris pour rejoindre le Vietnam, à vélo, soit 19 000 kilomètres sur les pistes d'Europe et d'Asie!... Et puis voilà, elle s'est laissée persuader, et... eh bien oui, elle l'a fait. Que dis-je? Ils l'ont fait!   

Thanh Binh: Alessio a toujours été très intéressé par l'Asie et comme en plus c'est un bourlingueur-né... Dès notre première rencontre, on a commencé à élaborer des projets de voyages. Il y a avait plusieurs envies qui se sont combinées: celle de faire un long voyage, celle de prendre la route de l'Asie, aussi, et plus particulièrement du Vietnam. Alors pourquoi le vélo? Oh mais parce que c’est un moyen de transport très écologique, qui ne génère pas d’émissions de gaz, qui n'exerce pas d’impact sur l’environnement... Et puis pour un long voyage, comme ça, c'est parfait. Ca permet de rentrer vraiment en contact avec les gens, et en même temps, c'est quand même plus rapide qu'un voyage à pied.

Alessio: Oui, ça permet aussi d'être complètement autonome. On ne doit pas dépendre des horaires d'un train ou d'un bus, et puis on peut facilement s'écarter des grands axes de circulation si on en éprouve le besoin. Il y a une grande liberté. On fait vraiment ce qu'on veut...

Déjeuner avec Ambre et Baptiste, deux autostoppeurs français

Retour en arrière. Au moment où elle a rencontré son bel Italien, Nguyen Thanh Binh travaillait dans une compagnie d’assurance, à Paris. Mais c'est au Pérou, au Machu Pichu, qu'a eu lieu la rencontre, une rencontre qui allait changer la vie de ces deux aventuriers, et d'abord celle d'Alessio Rasom qui a suivi Thanh Binh à Paris. Mais il faut croire que la ville-lumière n'était qu'une étape transitoire car très vite les deux tourtereaux ont nourri le projet d'aller au Vietnam pour fonder un foyer. Alors aller au Vietnam, c'est une chose, mais y aller à vélo, c'est une autre histoire, évidemment!... Cette histoire, elle a eu un prologue qui a duré trois années, trois années passées à économiser, à faire des recherches, à rencontrer les rares personnes ayant vécu de semblables aventures... Et puis il y a eu ce fameux 17 septembre 2014, le jour du grand départ...  

Thanh Binh: Souvent les gens nous demandent si c’est dangereux, si on a eu peur, si on a rencontré des difficultés...Eh bien honnêtement, je trouve qu'on n'a pas eu de réel problème. Moi ce que je retiens, c'est toutes ces rencontres qu'on a pu faire, avec des gens formidables, avec lesquels on reste en contact, d'ailleurs, que ce soit en Grèce, en Turquie, en Iran, en Ouzbékistan... Dans la vie moderne, on a tendance à se refermer, à se méfier les uns des autres. Beaucoup de gens pensaient qu'on aurait des embêtements. Eh bien non! C'est exactement le contraire qui s'est produit! On a été aidé et protégé par des gens qu'on ne connaissait absolument pas...

Alessio: Pour vous donner un exemple, on était au milieu de nulle part et on a planté la tente. C’était un joli endroit. On avait tout pour rester tranquillement. Et brusquement on a vu arriver un gardien de vache avec son troupeau qui nous a fait comprendre qu'il y avait des loups et qu'évidemment, ce n'était pas un bon endroit pour bivouaquer. Eh bien, ça c'est fini chez lui et je me rappelle qu'on a passé une soirée absolument merveilleuse!


...l'hospitalité légendaire des Ouzbeks

Déjà un voyage transnational, ce n'est pas facile. Mais à vélo, avec 18.000 kilomètres à parcourir... alors bien sûr, il est arrivé à Thanh Binh et Alessio de traverser une mauvaise passe, mais jamais il ne leur est venu à l'esprit l'idée de renoncer.    

Thanh Binh: Il y a eu des moments difficiles sur le plan physique, surtout pour moi. Il y a eu des moments où il neigeait, où il faisait moins 15, où la montagne était super haute, et on montait, on montait... On était creuvé et on pensait qu'on n'en pouvait plus. On regardait la montagne, elle était toujours là, devant et il fallait avancer... Des moments durs, oui, il y en a eu, mais on a essayé de se motiver et de se dire qu'on finirait bien par être récompensé de tous nos efforts.    

Alessio: A mon avis, c’est surtout Binh qui a accompli quelque chose d'exceptionnel.  Pour moi c’était beaucoup plus facile que pour elle. Elle, elle devait toujours être à fond. Pas facile pour une femme! Moi, j'avais beau essayer de lui rendre les choses plus facile, je ne peouvais quand même pas pédaler à sa place. Mais bon, elle a réussi! Elle a réussi à franchir des cols à 4000 mètres d'altitude au Tibet, à résister à des températures pouvant aller jusqu'à moins quinze... Pour elle qui est née dans un pays chaud...        

Oui, elle a réussi, ils ont réussi... Ils sont parvenus au terme de leur incroyable voyage, au Vietnam. C'est le 10 décembre dernier qu'ils ont franchi la frontière, au poste de Cau Treo.  

Thanh Binh: Ça a été une très très grande émotion, pour moi, que de franchir la frontière, de me retrouver enfin dans mon pays natal. Ce n'était pas une façon très commune de revenir au Vietnam, ni surtout une façon très commune de présenter mon pays à mon mari, mais voilà... On a vraiment vécu des moments très forts!...    

Alessio: C’était vraiment un moment auquel on avait rêvé pendant des années. C’était la première fois que je me retrouvais au Vietnam, et le fait de faire ça à vélo, ça m'a certainement beaucoup aidé à m'adapter à la culture... En fait, je n'ai pas vraiment eu l'impression d'être arrivé, j'ai plutôt eu l'impression que c'était un nouveau départ, avec plein de nouvelles choses à découvrir...


Thanh Binh dans les bras de sa maman

Mission accomplie, donc, pour Binh et Alessio, les patates roulantes puisque c'est ainsi qu'ils se sont eux-mêms surnommés, qui sont maintenant au Vietnam et qui projettent une autre aventure, non moins belle que celle-ci: fonder une famille... Eh bien souhaitons-leur autant de bonheur et de réussite!

Ah, une dernière chose: si vous souhaitez en savoir plus, sachez que Binh et Alessio ont un blog, rollingpotatoes.com.

Phuong Nguyen

(Source info: VOVworld)

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