Nguyên Van Long et son cinéma ambulant

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Nguyên Van Long et son cinéma ambulant

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Chaque projection est accompagnée des bruitages et imitations de M. Long (Photo VNE)

Avec un matériel des plus rudimentaires qu’il a conçu lui-même, Nguyên Van Long est le dernier dans le pays à vivre de son cinéma ambulant. Pas de 3D ni de Dolby Stereo, mais de l’émotion à tous les coups.
 
Nguyên Van Long exerce ce métier à Hanoi depuis une trentaine d’années. Ses clients sont des jeunes bien sûr, mais aussi des quadra ou quinquagénaires voire plus, et parfois même des touristes étrangers.


M. Long à côté de son équipement cinématographique rudimentaire. Photo : CTV/CVN

Chaque matin, vers 08h00, M. Long enfourche son vélo, direction le Musée d’ethnographie où il a établi son QG. Accrochée à son porte-bagages, à côté de son matériel, trône sa gamelle de riz pour le repas du midi.

Un imitateur hors pair

Son matériel cinématographique est des plus simples : pour l’image, une sorte de visionneuse archaïque où le «spectateur» pose son oeil, actionnée par une manivelle, mais aussi des cadres et tubes dont l’usage est plus ou moins énigmatique. Et pour le son, deux gobelets réunis par une ficelle, l’un équipé d’une armature qui se fixe sur la tête du client. Tout simplement le principe archaïque du téléphone.


La visionneuse de M. Long. Photo : CTV/CVN

M. Long propose des dessins animés qu’il a réalisés lui-même. Chacun comprend deux cents dessins, réunis sur un carnet, qu’il suffit de faire défiler rapidement pour donner l’illusion du mouvement. Bref, là encore, retour aux bonnes vieilles techniques de nos ancêtres. Chaque projection est accompagnée des bruitages et imitations de M. Long. Parfois, il entrelarde sa prestation d’airs de cai luong (théâtre rénové) ou de quan ho (chant alterné) pour rendre plus vivante la séance. Selon lui, pour reproduire de nombreux sons et donner de la vie au dessin animé, il faut un vrai don d’imitateur. «C’est bien simple, il faut s’exercer tout le temps ! Par exemple, quand je pédale à travers champs, eh bien je m’arrête souvent pour imiter les grenouilles!», révèle-t-il avec le sourire.


Il présente ses dessins animés "fait maison". Photo : CTV/CVN

Inutile donc de préciser que le spectacle est autant pour le client que pour les curieux qui écoutent M. Long imiter le cochon, le bruit du train, voire le cri de Tarzan.
Le cinéma de Nguyên Van Long ne permet qu’à un seul spectateur à la fois de jouir du spectacle. Une projection de quelques minutes seulement, c’est court certes, mais suffisant pour rendre l’expérience inoubliable.


Le cinéma chez M. Long. Photo : CTV/CVN

M. Long possède 300 «oeuvres» de tous genres dont 250 films et 50 dessins animés qu’il a conçus lui-même, la plupart rafistolés avec du scotch. L’artiste s’est inspiré de grands hommes du pays, de légendes (Le génie Giong), de faits historiques (le transfert de la capitale de Hoa Lu à Hanoi par le roi Ly Công Uân en 1010), de lieux célèbres (ancien quartier de Hanoi, citadelle de Thang Long, l’ancienne capitale Hoa Lu à Ninh Binh). Mais aussi de grands classiques internationaux comme Blanche-Neige et les Sept Nains, Tarzan... L’artiste assume tous les maillons de la production, depuis l’écriture du scénario jusqu’à la réalisation - qui demande un talent certain de dessinateur, d’où ce qualificatif d’«artiste» qui lui sied plutôt bien - en passant par la voix off et les bruitages comme on l’a dit plus haut.

Le dernier des Mohicans

Nguyên Van Long est probablement le dernier à exercer ce métier au Vietnam. Mais depuis quelques temps, de santé chancelante, il ne sort plus guère. Cependant, chaque week-end, les enfants sont nombreux à venir chez lui pour profiter de son trésor. «Bien que nous soyons maintenant à l’ère des hautes technologies, du numérique, du cinéma ultra-moderne, je veux préserver mon cinéma à deux sous, a-t-il confié. Et je souhaite aussi transmettre ce métier à mes petits-enfants».
 
Diêu An
(source media: lecourrier.vnanet.vn)
 

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