Nodey présente le EP VinaSounds Vol 1. Dans ce projet exigeant le beatmaker parisien a exclusivement utilisé des musiques hérités de ses origines vietnamiennes. Depuis plus de dix ans Nodey, s'est affirmé comme un des rares beatmakers français sans aucunes frontières ni limites musicales. Il a ainsi collaboré avec des artistes aussi diffèrents que le MC Youssoupha, la star Orelsan, l'exigeant Flynt, le torturé Despo Rutti, les Youtubeurs Norman et Cyprien ou la lumineuse chanteuse Doris. Sur les cinq titres de VinaSounds Vol 1, Nodey s'est servi de la musique de ses parents (de la musique traditionnelle, de la pop vietnamienne des années 60-70 et des chants révolutionnaires) pour redessiner à sa manière la carte postale d'un Vietnam imaginaire

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Nodey, le beatmaker parisien dont le nom est sur toutes lèvres, livre un EP exclusif enregistré lors d'une résidence de quelques jours au Red Bull Studios Paris. Il évoque ici ses racines vietnamiennes, la musique qui a bercé son enfance et sa vision du beatmaking et la génèse d'un EP qui vous nous faire l'été et bien plus encore.

Interview

Qui sont tes maîtres en beatmaking ?
Nodey : DJ Mehdi chez les français pour avoir fait rapper des cailleras 90's du Val de Marne sur des instrumentales gracieuses et élégantes. Mais aussi Just Blaze aux USA pour sa science du sampling et sa musicalité. Il représente pour moi la couleur Roc-A-Fella/Dipset. Le son new yorkais 2000's qui mixe soulful et opulence. C'est le mariage entre la soul spirituelle la plus pure et les bimbos en fourrure assises sur des jantes 24 pouces.

Comment en es-tu arrivé à t'investir dans cette discipline ?
Nodey : Après mon bac, j'ai un peu galéré pour trouver ma voie, j'avais cependant compris que je ne voulais pas d'un job chiant nécessitant de longues études juste par envie d'être confortable et stable financièrement. En revanche, étant fan de musique, je savais que j'aimais bien l'approche technique de la chose : les potards, les faders, cabler des machines... ça me fascinait un peu. Je me suis donc orienté vers un BTS techniques du son. J'y ai découvert le monde fabuleux du son. C'était principalement des gros metalleux passionnés de sonorisation qui s'éclatent en lisant les catalogues de matériel de sono. Mais jai aussi rencontré une poignée de mec plus branchés rap qui faisaient des instrus sur des MPC et ce sont eux qui m'ont initié au beatmaking. C'est à partir de là que j'ai commencé à prendre goût, que je me suis amelioré d'année en année pour devenir aujourd'hui ce génie si talentueux et si beau.

Comment s'est passé ta séance au studio ? Travailler dans un autre contexte, ça change quoi pour toi ?
Nodey : Pour moi cétait un luxe d'avoir un ingénieur du son pour te préparer les machines, le cablage etc. J'avais aussi une stagiaire de 3e qui me faisait du café et qui "dabbait" dès que le son devenait lourd, c'était tres agréable. Je suis néanmoins venu au Red Bull Studios Paris avec mon propre matériel pour ne pas être trop dépaysé et pouvoir être opérationnel dès le 1er jour. La grosse différence réside en fait surtout dans le confort d'écoute et de travail. Chez moi j'ai un home studio des plus rudimentaires tandis qu'ici c'est que du matériel pro dernier cri.

Qui sont, selon toi les rappeurs à suivre ? Et ceux avec qui tu aimerais collaborer ?
Nodey : Je m'intéresse maintenant davantage aux rappeurs qui savent chanter, des gens comme Tory Lanez ou Chance the Rapper par exemple. En France, je découvre des nanas cools comme Bonnnie Banane, Ta ha ou aux U.S.A des filles comme Doja Cat ou Kali Uchi. Ca me plairait d'aller vers ce genre de directions un peu nouvelles pour moi. En ce moment, je maquette chez moi avec des mecs comme Hyacinthe ou Nemir qui sont des vrais passionnés de rap français mais qui ont ce desir d'explorer d'autres terrains. Ils me font découvrir la chanson française que je connais encore peu et je trouve ça intéressant.

Ton EP puise ses sources dans la musique vietnamienne, que représente pour toi ce pays et sa culture ?
Nodey : Je précise car la nuance a son importance. Mon E.P. puise dans la musique vietnamienne de mes parents. Moi je suis le petit dernier de la famille, né à une autre époque, dans un autre pays et dans un tout autre contexte qu'eux. Je ne suis allé que deux fois au Vietnam et mon approche est totalement différente de celles de mes parents. Pour moi aller au Vietnam, c'était un peu comme aller à Djerba, je vais à la plage, puis au marché pour manger et marchander des fausses air max. Et le soir c'est aller en boite danser sur du Black Eyed Peas. Or dans cet E.P, je raconte une tout autre histoire, je n'ai samplé que des vinyls vietnamiens hérités de mes oncles et de mes parents. Des disques des années 60 et 70 regroupant de la musique traditionnelle, de la pop vietnamienne de l'époque ou des chants révolutionnaires. Ma famille est arrivé tôt en France dans les années 60 pour leurs études puis ils sont devenus militants pour lutter contre la guerre du Vietnam. Sampler et s'inspirer des disques de cette époque, c'est pour moi redessiner à ma manière la carte postale d'un Vietnam imaginaire que je n'ai jamais connu, qui n'existe plus, voire même qui n'a peut-être jamais existé. C'est se représenter un Vietnam d'un autre siècle. Un pays imaginaire bercé entre luttes anti coloniales, utopies socialistes, contes et légendes ancestrales.

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