Nouvelle-Calédonie: 2016, année du Vietnam avec un consulat honoraire

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Nouvelle-Calédonie: 2016, année du Vietnam avec un consulat honoraire

Nouvelle-Calédonie: 2016, année du Vietnam avec un consulat honoraire
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D’après les premiers échos, la communauté vietnamienne en Nouvelle-Calédonie se réjouit par avance de l’installation d’un consulat honoraire sur le territoire. Cette présence permettra d’accélérer les démarches administratives...

Un consulat honoraire du Vietnam va être implanté à Nouméa l’an prochain, selon l’Amicale basée en Nouvelle-Calédonie. Ce rapprochement pourrait aussi s’illustrer par un jumelage entre Nouméa et Nam Dinh.

Les 8 000 kilomètres entre Hanoï et Nouméa seront bientôt plus courts. Le projet avance : un consulat honoraire du Vietnam va être implanté en Nouvelle-Calédonie. « Il n’y a pas de doute », affirme Jean-Pierre Dinh, président de l’Amicale vietnamienne, devant la carte colorée de la République asiatique peinte en grand sur un mur de la salle des fêtes. Un local pour l’accueil d’un bureau officiel est repéré « à Nouméa ». Tandis que des candidatures pour le titre de consul honoraire sont proposées, «on attend la désignation».

Au regard de la procédure, les autorités vietnamiennes soumettent un nom à l’État français qui valide ou rejette. Au préalable, le Quai d’Orsay, autrement dit le ministère tricolore des Affaires étrangères, se renseigne sur la personne suggérée. Dans le cas présent, le haut-commissariat en Nouvelle-Calédonie sera en outre consulté. Jean-Pierre Dinh en est convaincu, pour l’implantation comme pour la nomination, « en 2016, ce sera bon ». Le sujet a été évoqué et visiblement soutenu, il y a un mois, avec le vice-ministre vietnamien des Affaires étrangères, Hong Nam Vu, en visite au gouvernement et au haussariat.

Films et actions

Le Vietnam et le Caillou ont une histoire commune et du sang mêlé, depuis l’arrivée des « travailleurs engagés » Chân Dang à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Toutefois, l’idée d’établir un consulat honoraire ici est récente. « Au Vietnam, ils ne voient pas la communauté vietnamienne en Nouvelle-Calédonie », observe le président de l’Amicale, structure qui de fait s’est démenée, en réalisant des films ou concevant des actions culturelles.

Les représentants officiels d’Hanoï ont découvert une population établie dans un archipel dénommé Nouvelle-Calédonie, et porté un intérêt à ses difficultés. Surtout des problèmes de passeports et de visas touristiques. « Pour un Vietnamien qui veut venir ici revoir sa famille, c’est l’enfer, un parcours du combattant », déplore Luc. L’Amicale calédonienne, entité apolitique, aide alors dans les démarches administratives. Le consulat honoraire prendra bientôt le relais.

Discussion sur la date

Une autre proposition court actuellement près du lagon et des rizières : le jumelage des communes de Nouméa et de Nam Dinh, ville située à 90 kilomètres au Sud-Est d’Hanoï. Jean-Pierre Dinh doit d’ailleurs s’envoler dans quelques jours pour le Vietnam, afin notamment de rencontrer le maire intéressé et, si possible, de « discuter de la date » d’un rapprochement officiel. Bref, enrichir le dossier. Cette hypothèse du jumelage avait été abordée fin octobre lors de l’entretien entre le vice-ministre vietnamien des Affaires étrangères et la députée-maire de Nouméa. « L’idée est émise, et est en train d’être étudiée », indique la direction des services nouméens. L’éventuel choix de cette capitale de la province éponyme, autrefois réputée pour son industrie du textile, ne résulte pas du hasard. Car « il y a là-bas une association de Vietnamiens nés en Nouvelle-Calédonie qui est très dynamique », souligne le président de l’Amicale. Si l’opération aboutit, certains l’espèrent en 2016, ce jumelage constituera la toute première association d’une commune de Nouvelle-Calédonie avec une ville du Vietnam. Le juste sens de l’Histoire.

4 500
La communauté vietnamienne en Nouvelle-Calédonie compte environ 4 500 membres, situés pour une large majorité dans Nouméa et le Grand Nouméa.

« Nous vivons comme dans un même village »

À l’entendre, il ne se passe pas un jour sans que Roland Pham ne rencontre et n’échange avec un membre de sa communauté. « Chez nous, c’est un peu spécial. Nous vivons comme dans un même village. A l’image de nos parents qui venaient de la même province. » Des régions du nom de Nam Dinh, Ninh Binh, Hai Duong, ou Thai Binh. « On garde la même mentalité, beaucoup de solidarité » entre descendants de Chân Dang. Toutes les familles se connaissent aujourd’hui, Roland Pham tient un magasin d’alimentation à Dumbéa. Une activité en fait commune dans ce cercle d’origine vietnamienne. Beaucoup de ses amis portent le tablier de commerçant ou d’agriculteur. D’ailleurs, d’après l’Amicale, plus de 80 % des boutiques recensées dans le quartier asiatique de Nouméa sont dirigés par des collègues de la communauté.

Génération Niaouli

Une étiquette a collé à la peau du sexagénaire Roland Pham : « Niaouli. C’est-à-dire la deuxième génération. Ce sont les Français qui nous appelaient comme ça ». Des cloisons invisibles mais difficilement franchissables ont séparé les habitants de la Nouvelle-Calédonie. Maintenant « le destin commun est important. La communauté n’est pas refermée sur elle-même, elle partage ».

La tradition, quel que soit l’environnement, est toujours vivante. Et l’illustration parfaite en est la Fête du Têt, le Nouvel an vietnamien au cours duquel les esprits des ancêtres reviennent sur terre. Gâteaux de riz, pétards, et du rouge partout, « la couleur du bonheur ». Un trait de caractère prédomine, se félicite Roland Pham, « la communauté est calme, on vit en paix ». Une explication est à trouver dans les pages de l’Histoire. « La guerre, on l’a déjà vécue au Vietnam, et personne ne gagne, le peuple est malheureux. »
 

Repères

Un peu d’histoire

Les Chân Dang étaient des travailleurs engagés asiatiques arrivés dans la colonie française entre 1891 et 1939 pour trimer dans les mines de nickel, dans les champs ou être domestiques. Alors que la main-d’œuvre du bagne se tarissait, écrit l’AFP, l’administration coloniale était allée chercher des bras au Tonkin, dans le nord de l’Indochine pour construire l’archipel du Pacifique sud. Soumis, comme les Kanak, au code de l’indigénat, les engagés vietnamiens ont vécu au ban de la société calédonienne jusqu’aux années 1940. Puis la guerre d’Indochine a jeté le trouble.

 Un rendez-vous

D’après Jean-Pierre Dinh, président de l’Amicale vietnamienne de Nouvelle-Calédonie, une troupe culturelle de douze membres originaires de la ville de Nam Dinh promise à un éventuel jumelage avec Nouméa, doit arriver sur le territoire le 23 janvier.

 Honoraire ou général ?

La Nouvelle-Calédonie compte actuellement sept consulats honoraires : Allemagne, Belgique, Italie, Japon, Pays-Bas, Royaume-Unis, et Suisse. Et quatre consulats généraux : Australie, Nouvelle-Zélande, Vanuatu et Indonésie. Le consulat général est animé par un diplomate. Alors que le consul honoraire est en théorie un citoyen bénévole.
 

(Source info: www.lnc.nc)

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