Sur les rails de Hanoi

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Aline Magrez et Raimon Gaffier sont étudiants en Master à l’Institut national supérieur des arts du spectacle de Wallonie-Bruxelles. Ils fréquentent Hanoi en ce moment, pour réaliser un documentaire sur la vie des personnes qui habitent juste à côté de la voie de chemin de fer, un sujet aussi intéressant qu’aventureux. Aline Magrez et Raimon Gaffier nous nous en disent un peu plus :



Aline Magrez : On est en train de faire un documentaire sur la rue où le train passe, ici, juste à côté dans le centre. On essaie de se concentrer sur des impressions et des sensations, et de travailler sur différents rythmes, de cerner la vie des habitants sur les rails et surtout chez eux. On essaie de travailler avec différents commerçants, le couturier, les restaurateurs, les coiffeuses… Et dans chacun de ces endroits en essaie des motifs récurrents et essaie de se concentrer sur leur travail manuel,… etc, pour pourvoir rendre un film un peu sensoriel à la sortie et de montrer notre sensation de notre petit Hanoi, puisqu’on ne filme que dans cette rue, et en fait, le train représente nous, en train de traverser Hanoi. On essaie de créer des plans en travelling sur des roulettes, tout le long des maisons, pour découvrir un peu la vie de cette petite partie de Hanoi, mais qui représente aussi beaucoup d’images qu’on a vues ailleurs dans la ville.

Raimon Gaffier : On passe 5 semaines au Vietnam, un pays qu’on ne connaît pas, dont on ne parle pas la langue, donc on a décidé de faire un film impressionniste, où les voix des Vietnamiens seront utilisées comme la musicalité, et plutôt comme les discours. Cette forme impressionniste était choisie entre autres par ces contraintes de temps, de méconnaissance du Vietnam, de sa culture et de Hanoi, en particulier.

VOV5 : D’où vient l’idée de ce documentaire ?

Aline Magrez : On s’est rendu compte que le temps qu’on avait pour vivre ici était assez court, et donc qu’il nous semblait plus juste d’essayer de métaphoriser notre voyage ici, d’une certaine façon. On a découvert cette rue seulement deux ou trois jours après notre arrivée. Le film impressionniste, c’est quelque chose qui nous intéresse tous les deux, ce n’est pas juste à cause des contraintes du fait qu’on ne connaît pas, mais parce qu’on a l’impression que ça nous intéressait, de pouvoir traverser plusieurs blocs dans le centre de Hanoi, et à chacune des parcelles de la rue, la vie est assez différente, donc ça nous permet d’évoluer dans des rythmes et dans des sensations aussi, et on a des carrefours à chaque fois, où on peut voir la modernité avec des banques, des grands buildings, et la circulation très dense. Et évidemment, les rails de train sont très graphiques et permettent d’ouvrir beaucoup de voies formelles du niveau du travail. Et comme on y va tous les jours, c’est un petit lieu géographique, les gens commencent à nous connaître et nous font beaucoup plus de confiance, et donc on peut rentrer plus facilement chez eux, et surtout, essayer de mieux les dépeindre, non pas juste comme des cartes postales, mais plus quand ils sont en petits gestes, et en tant que réels personnages.

VOV5 : C’est quelle rue, précisément ?

Aline Magrez : C’est à partir de la gare centrale. C’est la rue qui traverse jusqu’à Phung Hung et puis qui va jusqu’à Long Bien, et nous on s’arrête à Phung Hung. Elle traverse 4 carrefours. Et elle n’a pas de nom, parce qu’en fait ce sont juste des maisons construites autour des rails.

VOV5 : Qu’est-ce que vous avez fait pour le film pendant ces trois dernières semaines ?

Aline Magrez : Raimon a construit une plateforme qui nous permet de faire des travellings sur les rails, donc on peut promener notre caméra le long des maisons, des rues. Et ensuite on est rentré chez ces personnes dont je vous parlais. On y connaît maintenant tous les petits détails et recoins. On y va, on regarde et on réfléchit, puis on filme. Et on essaie plein de choses différentes, et parfois on a l’occasion de rentrer chez les gens, et on y reste deux heures ou plus, on vit avec eux, à côté d’eux et on filme des détails de leur vie.

VOV5 : Quelles sont les attitudes des gens là-bas ?

Raimon Gaffier : En fait c’est une rue qui est un peu particulière parce qu’on est pas les seuls à s’y intéressé. Il y a beaucoup de touristes qui passent dans la rue et qui prend des photos, en particulier dans une partie de la rue, et dans cette partie-là, les gens ont un peu marre d’être photographiés et donc ils refusent souvent qu’on les filme. Mais par contre, dans une autre partie de la rue qui est tout proche de la gare, on a plutôt un bon accueil et on a même lié de petits liens d’amitié avec certaines personnes qui nous ont aidés pour le film. On a plutôt bien été accueilli dans l’ensemble.

Aline Magrez : Oui on est retourné très souvent chez les gens, soit accompagnés par des traducteurs, soit pas. Ils connaissent nos prénoms, ils savent ce qu’on fait, pourquoi on fait ça. Et on a réussi à prendre des interviews où ils nous expliquent comment se faire ces maisons-là. On a appris que c’étaient tous des personnes qui travaillaient pour la construction des rails au moment de la colonisation française. Et du coup ils ont reçu cette terre au moment de l’indépendance, je crois, et ils y ont construit leurs maisons. Et les personnes qui y vivent encore maintenant, ce sont des maisons de leurs parents, où ils continuent à vivre. Et les gens sont très gentils, accueillants, sur cette fin de rue. Mais il y a aussi une chose très intéressante dans la rue, c’est qu’on passe de maisons qui semblent être pas complètement pauvres ou misérables, et au bout de la rue, ça semble en tous cas, un peu difficile. Et nous on a très peur de cette image exotique là, on préfère l’éviter. Et je pense que, eux, du coup, se sentent regardés bizarrement, et donc le rapport n’est pas tout à fait juste, alors que le rapport qu’on a avec les personnes qui nous accueillent est très juste, parce qu’ils voient qu’on s’intéresse à eux en tant que personnes, et à ce qu’ils dégagent en tant qu’eux-mêmes. Donc ça marche très bien.

Hoa Ha

(Source info: VOVworld)

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