Vietnam: le putsch des grands argentiers du football

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HANOI — Ce pourrait être le soubresaut salvateur du football vietnamien: 10 ans après la création de sa ligue professionnelle (V-League) et une série ininterrompue de scandales, les dirigeants de clubs ont pris le pouvoir.

Fin septembre, les patrons de la V-League et de la deuxième division ont voté à l'unanimité la mise en place d'une société mixte, la Vietnam Professional Football (VPF), pour gérer le championnat à partir de la saison prochaine.

Un putsch qui fragilise la Fédération vietnamienne de football (VFF), désormais sous l'influence de ceux qui investissent chaque année des dizaines de millions de dollars.

La nouvelle entité "changera radicalement le football vietnamien (...). La question est de savoir si la VFF a le courage de regarder la vérité en face", a estimé le patron du géant du bois Hoang Anh Gia Lai et président du club du même nom, Doan Nguyen Duc.

"Si rien ne change au sein de la V-League, je serai prêt à la quitter demain", a ajouté celui qui est considéré comme l'un des hommes d'affaires les plus riches du pays.

L'an prochain, la Fédération ne détiendra plus que 36% des parts d'un championnat dont la gestion était jusqu'à présent plus proche de celle des conglomérats publics déficitaires hérités de l'économie socialiste que de la prestigieuse Premier League anglaise.

"Nous sommes en train de discuter les détails", a confirmé à l'AFP le vice-président de la fédération, Pham Ngoc Vien.

Au-delà d'un niveau médiocre, y compris sur la seule échelle asiatique, le foot vietnamien a été secoué par d'innombrables scandales de corruption et de matches achetés depuis la première saison de la V-League, en 2000-2001.

Le dernier a éclaté en septembre lorsqu'une enquête a été ouverte sur des arbitres qui auraient réclamé 500 millions de dongs (environ 17.500 euros) avant un match entre Hoa Phat Hanoï et Dong Tam Long An, deux clubs professionnels.

En 2002, la police qui enquêtait sur le réseau du parrain de la mafia de Ho Chi Minh-Ville (sud), Nam Cam, condamné à mort et exécuté depuis, avait livré à la fédération une liste de 20 personnalités soupçonnées de malversations.

Mais il aura fallu attendre 2007 pour qu'un tribunal condamne neuf arbitres et cadres à des peines allant jusqu'à sept ans de prison, pour avoir accepté des centaines de millions de dongs en échange de leur indulgence à l'égard de certains clubs.

La même année, deux joueurs avaient écopé de trois et quatre ans de prison pour avoir truqué en 2005 un match de l'équipe nationale des moins de 23 ans contre la Birmanie.

Mais aucune de ces affaires n'a conduit au grand nettoyage. Dans un pays où les réformes sont toujours très lentes et la passion pour le ballon rond inversement proportionnelle à la qualité technique des joueurs, ce putsch suscite donc un mélange d'espoirs et de prudence.

"On n'a pas d'autre choix que de réformer la VFF pour parvenir à un football propre. C'est un tournant historique", a relevé Tran Trung Hai, supporteur d'une équipe de la capitale.

"Les difficultés sont inévitables", a estimé pour sa part Le Duc Trung, président de l'Association des supporteurs du football du Vietnam. "Nous avons des raisons de craindre des abus de pouvoir, la collusion entre certains managers puissants, des désaccords et des divisions".

En attendant, les amateurs continuent de suivre les championnats européens à la télévision. Et de parier abondamment sur les résultats.

De LE Thang Long (AFP) 
 

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