Vietnam. Parvenus et fiers de l’être !

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Les plus fortunés ne lésinent pas sur les moyens pour afficher leur richesse. Quitte à y laisser parfois des plumes.

Ce fut assurément un mariage somptueux. Des dizaines de voitures valant chacune 1 million de dollars [environ 763 000 euros] et des chanteurs célèbres venus d’Hô Chi Minh-Ville [l’ancienne Saigon] avaient été réquisitionnés pour l’occasion. Une riche femme d’affaires présidait aux festivités pour le mariage de son fils à Can Tho, dans le delta du Mékong. Le luxe ostentatoire était destiné à impressionner, et Pham Thi Dieu Hien, 51 ans, présidente-directrice générale de la Binh An Seafood Joint Stock Company, ne faisait pas mystère de ses intentions : cette fête extravagante avait pour objectif de prouver qu’elle n’était pas criblée de dettes.

C’était le 19 février. Quatre jours plus tard, Mme Hien a quitté le Vietnam pour Singapour, officiellement pour y suivre un traitement médical. Le 5 mars, des milliers d’employés se sont retrouvés au chômage technique, l’entreprise de Mme Hien ayant cessé de s’approvisionner en poisson.

La société doit plus de 300 milliards de dongs [11 millions d’euros] à ses fournisseurs, 40 familles de pisciculteurs du delta du Mékong. Selon plusieurs sources, ses dettes se chiffrent en milliers de milliards de dongs. Elle ne s’est toujours pas acquittée des intérêts dus pour les trois dernières années, soit 1 milliard de dongs [36 500 euros] par jour en moyenne. Seize créanciers ont déposé plainte auprès des autorités compétentes. Trois agriculteurs ont intenté des procès réclamant à Mme Hien 18 milliards de dongs [650 000 euros] au total.

A en croire les analystes, les causes profondes de la faillite tiennent à la mauvaise gestion plutôt qu’à la crise économique mondiale, à l’inflation galopante et aux taux d’intérêt élevés. Ils pointent du doigt des investissements peu judicieux dans l’immobilier, le marché d’actions et des projets à court terme, ainsi que l’achat de dollars américains, alors qu’il aurait été plus judicieux de consacrer les fonds au développement du cœur de métier, le traitement des produits de la mer et leur exportation.

Peu après les noces du rejeton de Mme Hien, un événement similaire s’est déroulé dans la province de Ha Tinh [une des plus pauvres du Vietnam], dans le centre-nord du pays, où une autre femme d’affaires, Nguyen Thi Lieu, a marié son fils, Nguyen Huy Hoang. La cérémonie, qui s’est déroulée le 29 février dans le district de Huong Son, était là aussi somptueuse, avec des dépenses exorbitantes, la présence de voitures luxueuses et la participation des plus célèbres chanteurs du moment. Selon plusieurs sources, Mme Lieu a déboursé près de 50 milliards de dongs [1,8 million d’euros] à cette occasion, dont 3 milliards rien qu’en alcools et 1,2 milliard pour les artistes. A titre de comparaison, le revenu par habitant au Vietnam en 2011 s’établit à environ 1 300 dollars [980 euros] par an. Mme Lieu a offert au marié une voiture d’une valeur de 10 milliards de dongs [365 000 euros] et une maison à Hanoi qu’elle aurait, dit-on, acquise pour 130 milliards de dongs [4,7 millions d’euros]. Le site Internet de la chaîne vietnamienne VTC News écrit quant à lui que Mme Lieu a amassé sa fortune au cours des dix dernières années grâce au trafic d’animaux sauvages. Faire étalage de sa fortune, souvent mal acquise, est devenu une pratique courante au Vietnam, notent les observateurs. Pour ces derniers, le fossé qui se creuse entre riches et pauvres a renforcé la conscience de classe dans un pays dont l’objectif proclamé est d’instaurer une société égalitaire. Lady Borton, une écrivaine américaine renommée, note également le recul des valeurs morales au profit du matérialisme. “De nos jours, l’impératif moral au Vietnam est passé de l’effort pour le bien commun prôné par la révolution à l’effort pour acquérir des richesses et des avantages personnels, pour soi-même et ses enfants, par n’importe quel moyen et le plus souvent au détriment de l’intérêt général.”

(Sources info: www.courrierinternational.com & Presse vietnamienne)

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