«Peste & Choléra» de Patrick Deville - biographie romancée d’Alexandre Yersin

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«Peste & Choléra» de Patrick Deville - biographie romancée d’Alexandre Yersin

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Couvertures du livre «Peste & Choléra» de Patrick Deville: version française (Edition du Seuil) et version vietnamienne (Edition NXB Tre)

Peste & Choléra, qui retrace la vie recluse d’un Alexandre Yersin viscéralement attaché au Vietnam, est une réussite de la littérature française : retenu dans pratiquement toutes les listes finales des prix français en 2012, il a reçu le Prix Femina.

Alexandre Yersin, d’origine suisse, fait partie de ces Français qui ont ouvert les voies de la science moderne. Nous lui devons la découverte du bacille de la peste, qui porte son nom – Yersina pestis – et l’invention du vaccin contre cette épidémie qui ravagea l’humanité. Il est pourtant plus connu au Vietnam qu’en France.

Pasteurien de la première heure et grand explorateur, il a tout lâché pour passer la plus grande moitié de sa vie à Nha Trang. Il y a fondé l’Institut Pasteur de Nha Trang, puis est parti à la découverte de ce site naturel qu’est aujourd’hui Dà Lat. C’est lui encore qui a introduit au Vietnam de nombreuses espèces végétales, dont le café, le cacao, l’arbre à quinquina et l’hévéa. Pour les Vietnamiens, il a surtout été un médecin dévoué.


Alexandre Yersin (1863-1943), ici en 1892 à Nha Trang, pendant sa première  exploration.     Photo : Institut Pasteur

Une formidable aventure scientifique et humaine

S’il existe déjà plusieurs ouvrages sur la vie et l’œuvre d’Alexandre Yersin, Peste et Choléra constitue sa première biographie romancée, dans un style unique, propre à l’auteur. Patrick Deville fait entrer ce grand collaborateur de Pasteur en littérature, en dressant de lui un portrait que personne d’autre n’aurait pu imaginer. On découvre, sous la plume de Deville, un Yersin enthousiaste, chaleureux mais en même temps indifférent, voire insensible dans ses relations avec les autres et avec lui-même. Il apparaît stoïque et froid, peu enclin à la collaboration, mais reste pourtant dans la mémoire locale un homme simple, doux et généreux. C’est ce que les élèves vietnamiens apprennent aujourd’hui à l’école : lors d’une rencontre avec le docteur Alexandre Yersin, une dame vietnamienne fut très étonnée, mais fière, de le voir porter des vêtements simples comme un voyageur de troisième classe alors qu’il aurait pu être dans des vêtements soignés parce que c’est un grand savant. À la question de cette dame : «Avez-vous oublié la France ? Pensez-vous rester ici toute votre vie ?», il répond : «Je suis Français. Je resterai toute ma vie un citoyen français. On ne peut pas vivre sans son pays…. Cependant, vous et moi, nous vivons sous le même toit. La terre est notre véritable maison commune. Les enfants de cette maison doivent s’entraider. Je ne peux pas quitter Nha Trang pour vivre ailleurs. Il n’y a qu’ici que mon âme peut être ouverte et tranquille». Ce qui rend le personnage de Yersin attachant, c’est que ni la gloire ni la fortune n’ont d’importance à ses yeux et qu’il ne saisit pas les chances qui se présentent à lui d’être distingué du commun des mortels. Sa solitude est subtilement décrite par Deville comme une particularité fondamentale de sa personnalité : «Yersin ne voyagera plus. Il a fait le tour du monde… Maintenant il est un arbre. Être arbre c’est une vie, et c’est ne pas bouger. Il atteint à la belle et grande solitude. À l’admirable ennui…».

Le roman de Patrick Deville retrace donc la vie d’Alexandre Yersin à la façon d’un biologiste transformé en l’arbre qu’il observe, depuis sa naissance et jusqu’à ce qu’il devienne séculaire en essaimant autour de lui.

 Histoire d’amour entre un Français et le Vietnam

Pour raconter cette formidable aventure scientifique et humaine, Patrick Deville a suivi les traces de Yersin autour du monde, a séjourné à Nha Trang, à Hô Chi Minh-Ville en passant par Hanoi et s’est nourri des correspondances entre Yersin et sa mère, sa sœur et ses collègues.


Tombe d'Alexandre Yersin à Nha Trang. Photo : NT/CVN

L’installation de Yersin au Vietnam est sans doute son choix : est-il attiré par le cadre, par le contact avec les habitants ou par l’idéal humaniste qu’il peut  partager avec les Français progressistes qu’il y rencontre ? Nul ne sait. Mais une fois installé en Indochine, grâce à ses relations privilégiées avec des personnalités comme le gouverneur général Paul Doumer, Auguste Pavie et Albert Calmette, Yersin aurait pu grandement contribuer à l’œuvre du gouvernement colonial s’il n’avait décidé de mener une autre vie. Il regrette un peu d’avoir découvert Dà Lat ou «d’en avoir indiqué la position à son ami Doumer. Ce plateau, c’est aux peuples des montagnes qu’il fallait le laisser». Deville est très attentif aux relations entre Yersin et les habitants locaux, Yersin étant très attaché à de nombreux jeunes collaborateurs vietnamiens. Nha Trang est désormais devenu son pays : «Yersin demande une petite cérémonie vietnamienne, l’encens et le repas du cinquantième jour, les étendards blancs. On brûlera des papiers votifs, déposera sur l’autel du disparu un bol de riz, un œuf dur, un poulet cuit, un régime de bananes. Il veut être inhumé à Suoi Giao, à mi-chemin de Nha Trang et du Hon Ba, au centre du monde et du domaine. Maintenant tout est en ordre. Il a choisi l’emplacement et l’a délimité. Il a choisi de ramener son royaume de plusieurs dizaines de milliers d’hectares à deux mètres carrés» .

En soutenant la publication de cet ouvrage en vietnamien, nous rendons hommage à Alexandre Yersin, à ses travaux de bactériologiste et à sa découverte du site naturel de ce qui est aujourd’hui Dà Lat. Nous rendons ainsi également hommage à une grande histoire d’amour entre un Français et le Vietnam. Le livre est édité tout à la fois dans le cadre des années croisées France – Vietnam, à l’occasion du 70e anniversaire de la mort de Yersin, et du 120e anniversaire de la création de la ville de Dà Lat.
 


Patrick Deville. Photo : ADF/CVN

Patrick Deville, né en 1957, est directeur littéraire de la revue Meet, publication de la Maison des écrivains étrangers et des traducteurs de Saint-Nazaire. Il a publié à ce jour plus d’une dizaine d’ouvrages, traduits en une douzaine de langues :
• 1987 : Cordon-bleu
• 1988 : Longue Vue (publié en vietnamien en novembre 2013
 par la Compagnie d’édition Nha Nam)
• 1992 : Le Feu d’artifice
• 1995 : La Femme parfaite
• 2000 : Ces deux-là
• 2004 : Pura vida
• 2006 : La Tentation des armes à feu
• 2009 : Equatoria
• 2011 : Kampuchéa (élu meilleur roman français 2011 par la rédaction
 du magazine Lire)
• 2011 : Vie et mort sainte Tina l’exilée
• 2012 :Peste & Choléra (Prix Femina 2012, dernière sélection du prix
 Goncourt, et Prix des prix littéraires 2012, Prix du roman Fnac)

Eva Nguyên Binh/CVN
Conseillère de coopération et d’action culturelle
Directrice de l’Institut français du Vietnam
Ambassade de France au Vietnam

(Source media: Le Courrier du Vietnam)

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Présentation de la version vietnamienne du roman « Peste & Choléra» de Patrick Deville

"Peste & Choléra", qui retrace les formidables épopée et destin d’Alexandre Yersin, a désormais une édition en vietnamien qui vient d'être présentée pour la première fois au public dans le cadre de la "Semaine française à Da Lat".

Lors de la cérémonie de présentation qui a eu lieu le 11 décembre au Book café au 20, zone de Hoa Binh à Da Lat, les fans de Patrick Deville ont eu la chance d’écouter l’auteur et de dialoguer avec lui pour comprendre davantage ses choix et son oeuvre «Peste & Choléra».

Chercheur à l'Institut Pasteur, né dans le canton suisse de Vaud en 1863 et mort 80 ans plus tard à Nha Trang, au Vietnam, Alexandre Yersin avait tout pour fasciner le romancier. Lui-même voyageur impénitent et esprit cosmopolite, Patrick Deville, né le 14 décembre 1957, a vécu dans les années 1980 au Moyen-Orient, au Nigeria, en Algérie, après des études de littérature et de philosophie. Dans les années 1990, il a séjourné à Cuba, en Uruguay et en Amérique centrale.

Son héros travaille sur la tuberculose et la diphtérie à Paris où il est arrivé à l'âge de 22 ans. Il découvre la toxine diphtérique et fait partie de ces pasteuriens téméraires, souvent étrangers, qui entourent le vieux Louis Pasteur. Savant aux semelles de vent, Yersin part en Extrême-Orient, se fait marin, explore la jungle, voyage en Chine, à Aden, à Madagascar, le tout entrecoupé de séjours parisiens. De retour en Asie, il découvre le bacille de la peste lors de la grande épidémie de Hong Kong (Chine) en 1894. A Canton, il est le premier médecin à guérir un pestiféré.

 Il est aussi le premier à développer en Indochine la culture de l'hévéa, devient le roi du caoutchouc et travaille avec Michelin. Il est encore le premier à planter des arbres à quinquina et cultive la coca, alors plante médicinale.

Pour raconter cette formidable aventure scientifique et humaine, l'écrivain a suivi les traces de son héros autour du monde. Il s'est aussi plongé dans les milliers de lettres échangées par "la bande des pasteuriens", conservées aux archives des Instituts Pasteur.

Le roman retraçant la vie et la carrière de l’explorateur en blouse blanche, réussite de la littérature française, a rapporté la gloire à son père, Patrick Deville, qui a été couronné par le prix Femina, le Prix des prix littéraires et le Prix du roman Fnac.

 La version vietnamienne de «Peste & Choléra» a été traduite par Dang The Linh, éditée et corrigée par Doan Cam Thi et Ho Thanh Van, et publiée par les Editions de la Jeunesse.

Outre «Peste & Choléra», l’écrivain voyageur a publié une dizaine d’ouvrages traduits en une douzaine de langues. A cette occasion, son oeuvre «Longue vue» vient également d’être publiée en vietnamien par les Editions Nha Nam. -VNA

(Source media: VNA, Vietnam+)
 

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