Le 15e jour du 7e mois lunaire, les Vietnamiens ont l'habitude de célébrer leurs morts. Semblable à la Toussaint, le festival des âmes vagabondes est particulièrement connue pour ses offrandes insolites. Pour accompagner leurs proches dans l'au-delà, les Vietnamiens n'hésitent pas à brûler des maquettes en papiers de biens matériels.

Montres, vêtements, voitures ou même iPad, tout doit partir en fumée ! Rassurez-vous, il ne s'agit que de maquettes en papier. Lors de la fête des âmes vagabondes qui se déroule mi-août, les Vietnamiens font de nombreuses offrandes à leurs proches défunts. Il s'agit souvent de nourritures, mais aussi de faux bien matériels nommé « hang ma ».

« Nous croyons dans le fait que nos morts recevront ces objets une fois ceux-ci brûlés, explique Nguyen Nam. Celui-ci termine de fignoler une maquette géante d'un Boeing de la compagnie Vietnam Airlines. Même les hôtesses de l'air sont incluses. Dans son atelier, on peut trouver aussi des motos, des maisons ou même des Rolls-Royce à taille réelle. À trois, « cela prend deux semaines pour achever de construire une voiture comme celle-ci, confie Nguyen Nam. »

Symbole de réussite sociale

Les maquettes s'achètent pour quelques euros mais peuvent facilement monter jusqu'à plusieurs centaines d'euros. Dans un pays marqué par les inégalités et où le salaire annuel moyen est de 2 000 euros, la tradition veut aussi refléter la réussite sociale.

La tradition, présente aussi en Chine et au Cambodge, a suivi l'évolution de la société. Elle veut que l'on donne quelque chose que l'on a déjà réussi à acquérir ou que l'on souhaite avoir. Il était courant de voir de faux billets ou de faux habits être brûlés. Durant l'ère communiste, le pouvoir en place avait tenté d'enrayer la tradition pour éviter que les Vietnamiens ne dépensent leur argent dedans mais sans succès.

Avec le développement de la consommation de masse dans le pays, notamment depuis la politique d'ouverture économique entamée depuis 30 ans, le Doï Moï, les derniers bijoux high-tech et les produits de grand luxe se sont frayé un chemin parmi les offrandes.