Pour manger, quand on connaît pas la langue, faut recourir à des petits trucs qui ont fait leurs preuves. Laissons de côté la sécurité précaire procurée par l’autocollant « recommandé par le Guide du Routard » sur la vitrine, il y aura certes 10 % de réduction sur présentation de ce guide, mais il faudra vous cogner le patron qui vous chante des yoddle ou des chansons berrichonnes pendant tout le repas.

Pour manger, donc, le truc du doigt marche toujours, celui du guide de conversation aussi, mais ni l’un ni l’autre ne permettent de comprendre la réponse, et tu te retrouves avec de la taute piquante alors que tu voulais de la taute pas piquante…

Bref, nous, notre truc, on vous le livre, parce que c’est vous et parce qu’il est infaillible. D’abord on dit bonjour, et on attend qu’on nous indique une place où nous asseoir. Puis on vérifie notre intuition initiale, à savoir que c’est un restau et pas un garage à vélo ou un salon de coiffure.  On étudie ensuite le menu avec soin, sous l’œil attentif de notre hôte toujours prêt a répondre a nos questions, mais on ne se laisse pas déconcentrer. Puis on se lance, en vietnamien... ça  s’active en cuisine, ça flambe et ça déglace… Et là on reçoit pile le truc qu’on a commandé ! Reste plus qu’à trouver ce que c’est.

Par exemple sur la photo, c’est du gingembre effilé et frit, et non pas une bête salade de copeaux de bois.

Je vous entends d’ici vous gausser : le procédé est aléatoire, voire risqué. Certes, mais il permet de petites victoires. Comme la fois ou en dégustant de bizarres petites saucisses fumées, je me suis vengé du berger allemand qui cherchait à me bouffer les mollets chaque fois que je passais en vélo devant la baraque de son proprio, de race également.