La culture vietnamienne face à la mondialisation

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La culture vietnamienne face à la mondialisation

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(asiesudest.wordpress.com)

La grande compagnie américaine Coca-Cola a implanté une usine à quelques kilomètres hors de la ville de Ho Chi Minh Ville. Les élèves des écoles publiques au Vietnam soumis à la propagande communiste ont souvent l’occasion de visiter ces installations dans le cadre de sorties éducatives qui leur montrent des méthodes de travail capitaliste. Sans les réformes du Doi Moi, la présence de ce symbole du capitalisme en terre communiste n’aurait pas été possible. Toutefois, cette ouverture sur le monde ne se fait pas sans heurt puisque le patrimoine culturel du Vietnam fait maintenant face à l’invasion des cultures étrangères.

 

La mondialisation n’est pas qu’économique, elle est aussi culturelle avec des principes et des valeurs qui sont échangés et exposés à des peuples et des gens qui sont à l’autre bout du monde. La culture vietnamienne fait face à de nouveaux défis dans cette ère de mondialisation avancée : l’héritage ancestral et millénaire est aujourd’hui menacé par sa rencontre avec le monde occidental.

Bryan S. Turner, professeur de l’Université de Singapour, ne voit pas la situation d’un œil pessimiste. Selon lui, une culture doit souvent se frotter au développement capitaliste. Il croit qu’il est possible de trouver des compromis pour que le développement économique ne soit pas opposé à la préservation du patrimoine culturel. L’exemple de la capitale vietnamienne de Hanoi où ces deux valeurs entrent en conflit est flagrant. Hanoi est une ville ancestrale avec mille ans d’histoire sur son territoire. Lors du boom du développement économique de la fin des années 1990 et début 2000, le gouvernement dut élargir les routes de la capitale. Cependant, des archéologues ont découvert des artéfacts ancestraux et des reliques de l’identité culturelle vietnamienne au milieu de ces aires d’expansions. Les économistes voient cela comme un inconvénient et préfèrent les détruire, mais les archéologues veulent tout faire pour le conserver. Des vieilles maisons de Hanoi sont aussi ciblées par la nécessité de développer l’économie.

Au niveau culturel, les valeurs occidentales s’imprègnent de plus en plus dans la culture vietnamienne. Par exemple, l’arrivée massive des films occidentaux ainsi que les pratiques de touristes amènent des jeunes couples à s’enlacer en public dans les rues de Ho Chi Minh Ville. Ceci était pratiquement impossible il y a rien de moins que 15 ans. Cette une nouvelle réalité n’est techniquement pas compatible avec les valeurs traditionnelles vietnamiennes, mais selon Turner, une culture n’a pas trop le choix d’accepter leur existence et doit essayer de les intégrer à la culture locale tout en préservant cette dernière de la disparition. Toutefois, il n’existe pas de solution miracle et chaque société doit trouver sa méthode par laquelle elle va réussir à atteindre ce juste milieu [1].

Aussi, le milieu religieux n’est pas en reste et doit aussi s’adapter à ce nouveau contexte en trouvant un juste milieu entre spiritualité et développement local (2). Nguyen Duc Lu, directeur de l’Académie Ho Chi Minh de la politique administrative, trouve qu’il faut trouver un nouveau moyen de combiner la religion et le traditionalisme ancien à la nouvelle invasion culturelle que fait face le pays. Le Bouddhisme est pratiqué par 85% de la population. Selon lui, la pratique se trouve dénaturée par le capitalisme et les tentatives de mercantiliser les pagodes pour le tourisme.

L’UNESCO a mis en place un programme pour conserver l’héritage culturel vietnamien. Son objectif est de répertorier et d’archiver tous les éléments culturels vietnamiens possibles notamment la musique, les peintures, les écrits et autres reliques et objets traditionnels ayant une importance quelconque dans la culture vietnamienne. Le gouvernement fait aussi des efforts en reconnaissant l’importance de l’héritage dans la construction du Vietnam moderne. Ainsi, il collabore beaucoup avec l’UNESCO pour la conservation culturelle face à la mondialisation [3].

Par Vo Viet-Anh 2008

Références

[1] Turner, Bryan, dir. 2007. The Body in Asia: Human Cosmos and Culture Canvas (actes du colloque tenu à Singapour les 15 et 16 mars 2007). Singapour : Asia Research Institute, National University of Singapore.

[2] Nguyen, Duc Lu. 2006. Vietnamese Buddhism in the Context of Globalization. En ligne. http://vientriethoc.com.vn/?vientriet=articles_deltails&id=274&cat=47&pcat= (page consultée le 14 juin 2008).

[3] UNESCO. 2007. Inventory – Making in Vietnam. En ligne. http://www.unesco.org/culture/ich/doc/src/00175-EN.pdf (page consultée le 14 juin 2008)

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