la diaspora vietnamienne et ses enjeux / Viet Kieu et achat immobiliers

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la diaspora vietnamienne et ses enjeuxUn Viet Kieu peut désormais acheter plusieurs logementsLe nouvel arrêté gouvernemental N°71 influence-t-il le marché immobilier ?

 

la diaspora vietnamienne et ses enjeux

(source courrier du Vietnam)

La Chambre de Commerce et d'Industrie française au Vietnam (CCIFV) a publié l'an dernier dans un bulletin un dossier spécial sur la diaspora vietnamienne et ses enjeux. Il se penche sur divers volets : le portrait des contributions de la diaspora au Vietnam, comment le gouvernement vietnamien soutient ce retour, les raisons du retour au pays d'origine...

Le terme Viêt kiêu désigne les personnes nées au Vietnam et ayant quitté leur pays. Au sens commun, il englobe tous les Vietnamiens de la diaspora, même les enfants nés dans un pays autre que le Vietnam. La diaspora vietnamienne s'est particulièrement développée après la réunification de 1975... Aujourd'hui, de plus en plus de Vietnamiens d'outre-mer reviennent dans leur pays d'origine.

Le succès économique et l'apport financier

Les Vietnamiens issus de la diaspora sont très attachés au Vietnam. Grâce à la force de cet attachement, il a toujours subsisté des flux financiers importants entre eux et leur famille restée au Vietnam. Cet apport financier s'est développé au fil des années, forçant les gouvernements à adapter leurs politiques pour faciliter et attirer cette aide financière précieuse...

C'est à partir du milieu des années 1980 que cette manne financière a pu véritablement contribuer à la croissance de l'économie vietnamienne, avec la prospérité croissante et le début des réformes économiques d'ouverture (Dôi moi)...

Même s'il est encore difficile de chiffrer ses investissements, le rôle réel de la diaspora vietnamienne est plus important que les données officielles, étant donné qu'elle joue souvent un rôle de médiateur pour des étrangers investissant de l'argent au Vietnam. Les investissements ne constituent encore qu'une très petite partie des transferts financiers totaux. Par conséquent, une partie importante des montants est consacrée à la consommation.

La contribution intellectuelle

Comme le nombre d'entreprises menées par des Vietnamiens de la diaspora est faible, le transfert de savoir-faire et de compétences, qui se fait par le biais de ces structures, est encore limité. Pourtant, la diaspora vietnamienne compte un assez grand nombre d'individus diplômés et bien formés.

Les Vietnamiens à l'étranger se sont organisés dans un vaste réseau d'organisations et d'associations, dont des associations de partenariat binationales liant leur pays d'accueil au pays d'origine, des clubs d'entrepreneurs Viêt kiêu investissant au Vietnam ou encore des organisations caritatives.

La politique du gouvernement à l’égard des Viet Kieu

Conscient de l'atout que représente cette population, le gouvernement tente de la mobiliser et de l'attirer...

Sur les 100.000 Viêt kiêu désireux d'être propriétaires au Viêtnam, moins de 200 entrent dans le cadre de la Loi sur le logement. Beaucoup utilisent le nom de leur proche pour accéder à la propriété.

Le Parti et l'État vietnamiens ont conçu des mesures d'encouragement à l'investissement, telles que la Loi d'incitation aux investissements nationaux, la Loi sur les investissements étrangers, la Loi sur les investissements, qui ont contribué à changer l'économie vietnamienne.

Fin 2004, on comptait 1.267 entreprises dirigées par des Vietnamiens de la diaspora pour un capital total de 2.617 milliards de dôngs, installées à Hô Chi Minh-Ville suite à la Loi sur les investissements étrangers et la Loi d'incitation aux investissements nationaux. De janvier à décembre 2005, les Vietnamiens de la diaspora ont créé 308 entreprises, d'un capital total de près de 787 milliards de dôngs, puis de janvier à décembre 2006, 383 entreprises avec un total de 945 milliards de dôngs, toujours suivant la même loi. Pour développer leur projet, les investisseurs ont créé soit des sociétés à responsabilité limitée, soit des sociétés par actions, soit des entreprises privées. Les Viêt kiêu investissent surtout dans les affaires commerciales ainsi que les services.

Sur le plan juridique, des mesures facilitent le retour de Vietnamiens de la diaspora, comme la dispense de visa, la possibilité d'acheter des actions dans les entreprises vietnamiennes par exemple. Les formalités administratives à leur égard ont également été simplifiées : douanes, entrées et sorties du pays, déplacements, etc.

Ces démarches ont eu pour conséquence une augmentation constante des retours au Vietnam.

L'État multiplie les efforts pour attirer cette population. Comme le développement de programmes d'activités en leur faveur, l'organisation de rencontres et d'échanges en vue de la publication d'un nouvel acte politique. Grâce aux efforts du gouvernement ainsi qu'à l'attachement des Viêt kiêu pour leur pays, de plus en plus nombreux sont ceux qui reviennent au Vietnam.

Les raisons du retour

Les Vietnamiens de la diaspora gardent leurs traditions culturelles et restent attachés à leur famille et à leur pays. De ce fait, ils reviennent de plus en plus au Vietnam pour y vivre.

Années

1999

2001

2003

2005

Nombre

262.000

308.000

300.000

450.000


Ce tableau montre l'évolution du nombre de "retours" au Vietnam sur le long terme. Nous notons qu'en à peine 6 ans, ce nombre a quasiment doublé.

Beaucoup reviennent au Vietnam pour saisir les opportunités de carrière qui se présentent. Le Vietnam offre une sphère professionnelle favorable : la croissance économique du pays crée des possibilités d'emplois dans des sociétés internationales ou nationales et développe les marchés dans lesquels il est pertinent d'investir. Pour les Viêt kiêu, venir travailler au Vietnam est un tremplin.

Une telle volonté de retour tient aussi à de raisons plus affectives : l'occasion de se rapprocher de leur famille, de leurs racines, de s'immerger dans cette culture dont ils ont la nostalgie. De manière générale, beaucoup de jeunes ont vécu dans un environnement "vietnamophile", c'est-à-dire dans le respect des traditions vietnamiennes, la langue parlée à la maison étant le vietnamien… La conscience diasporique n'est pas innée, elle est foncièrement culturelle et liée à l'éducation reçue.

Pour beaucoup, les conditions de vie dans les grandes villes vietnamiennes sont un élément déterminant de la décision de retour. Le pouvoir d'achat des expatriés permet de mener une vie agréable. De plus, le développement rapide des infrastructures dans les zones urbaines est également un facteur important...

Aujourd'hui, les enjeux économiques liés à la venue des Viêt kiêu sont perçus comme des opportunités pour le pays.

Les Viêt kiêu ont beaucoup à apporter au Vietnam comme les compétences de travail dont le pays a besoin pour continuer son développement.

L'avantage des Viêt kiêu réside dans leur compréhension de la culture et des méthodes de travail vietnamiennes. La maîtrise de la langue est souvent un élément majeur qui incite les employeurs à les embaucher. À terme, cette coopération aboutira à un transfert de savoir-faire et de compétences efficace.

De plus, les Viêt kiêu jouent souvent un rôle de médiateur ou d'intermédiaire entre leur pays d'origine et leur pays de naissance ou d'émigration.

Il est indéniable que les Viêt kiêu participent de manière active au processus de développement et de changement social du pays. Cependant, il reste encore des axes d'amélioration possibles pour les intégrer totalement à la vie économique et sociale du pays. Les Viêt kiêu devraient par exemple pouvoir participer à l'élaboration des mesures, des lois dont ils sont bénéficiaires ou alors les sensibiliser d'avantage au développement du pays et à la manière dont ils peuvent y contribuer.

Un Viet Kieu peut désormais acheter plusieurs logements

Selon l'arrêté gouvernemental N°71, en vigueur depuis le 8 août 2010, un Vietnamien d'outre-mer (Viêt kiêu) ayant conservé sa nationalité d'origine peut désormais acheter un nombre de logements illimité au Vietnam, suivant le même régime que les Vietnamiens vivant dans le pays, au lieu d'un seul auparavant.

Cette disposition de portée générale concerne également les personnes d'origine vietnamienne résidant à l'étranger qui investissent directement dans le pays, celles ayant eu des contributions au pays, les scientifiques, les chercheurs en culture, et les hommes de talent possédant un savoir-faire particulier dont le pays a besoin et qui travaillent actuellement au Vietnam, outre le conjoint d'un citoyen vietnamien vivant dans le pays.

En outre, les autres personnes d'origine vietnamienne titulaires d'une exemption de visa et d'un permis de résidence au Vietnam de plus de 3 mois délivrés par les services compétents auront également le droit d'acquérir une maison ou un appartement au Vietnam.

En effet, le Premier ministre Nguyên Tân Dung a promulgué le 23 juin 2010 l'arrêté N°71 qui consiste en une nouvelle réglementation détaillée et les dispositions interprétatives pour l'application de la Loi sur le logement de 2005 et celle N°34 de 2009 de l'Assemblée nationale (12e législature) relative au droit à la propriété foncière au Vietnam des Vietnamiens résidant à l'étranger. Il s'agit d'une avancée significative dans le traitement des problèmes que les Viêt kiêu ont rencontré en la matière ces dernières années, et qui répond aux souhaits de nombreux Vietnamiens d'outre-mer désireux de retourner dans leur pays d'origine pour contribuer à son développement.

Cet arrêté a éclairci plusieurs points s'y rapportant, en définissant précisément certaines notions telles celles de "papiers d'identité en règle", mais aussi en détaillant les formalités et procédures, les administrations compétentes… Ces mesures ont été prises en considération des chercheurs en culture et des scientifiques d'origine vietnamienne en particulier, lesquels ont rencontré des difficultés au niveau des justificatifs à présenter afin de pouvoir devenir propriétaire. Ainsi, désormais, il leur suffit de présenter une invitation d'un doyen d'université ou d'une académie, du directeur d'un institut de recherche du Vietnam, au lieu d'un ministre ou du président du Comité populaire d'une province.

Selon le ministère de la Construction, cet arrêté est beaucoup plus ouvert que son prédécesseur de 2001, les Vietnamiens résidant à l'étranger ayant quasiment de mêmes droits que leurs compatriotes du pays (inclus location, mandat de gestion, héritage du transfert de propriété foncière faisant partie du projet de développement des logements à des fins commerciales dans les zones où le sol peut se vendre), à l'exclusion de la possibilité de donner le bien en garantie et de l'apport en société ou autre personne morale.

Autre raison ayant présidé à ce nouvel arrêté, 9 ans après la promulgation de celui N°81, seuls un peu plus de 140 Viêt kiêu ont pu acquérir un logement au Vietnam.

Selon le ministère de la Construction, environ 70% des plus de 3 millions de Vietnamiens résidant à l'étranger ont conservé leur nationalité d'origine.

Le nouvel arrêté gouvernemental N°71 influence-t-il le marché immobilier ?

La diaspora vietnamienne comprend plus de 3 millions de personnes réparties dans le monde entier. Celle-ci, profondément impliquée dans le développement économique du Vietnam, dispose de grands potentiels financiers comme intellectuels. Le gouvernement, conscient de ce qu'elle représente et est en mesure de faire, multiplie les politiques et mesures afin de mieux la mobiliser.

En 2001, le gouvernement a promulgué l'arrêté N°71 autorisant les Viêt kiêu à acheter un logement au Vietnam. Mais les critères à remplir étaient trop nombreux et les formalités se sont avérées complexes, et, de fait, beaucoup d'entre eux ont dû recourir à un prête-nom avec le concours d'un proche pour accéder à la propriété dans le pays.

Selon les statistiques du ministère de la Construction, à ce jour, un peu plus de 140 Viêt kiêu seulement sont devenus propriétaires, ce qui est particulièrement faible au regard de quelque 3 millions de Vietnamiens résidant dans plus de 90 pays et territoires.

D'où ce nouvel arrêté N°71 du Premier ministre Nguyên Tân Dung en date du 23 juin 2010 qui permet désormais aux Vietnamiens d'outre-mer ayant conservé leur nationalité d'origine d'acquérir un nombre illimité de logements. Lors de sa rédaction, cet assouplissement a été voulu afin que de nombreux Viêt kiêu achètent des logements et possèdent ou valident leur droit de propriété foncière, sans recourir désormais à un prête-nom avec le concours d'un proche. Cela dit, quelle incidence de cet arrêté sur le marché immobilier ?

D'après Trân Minh Quy, directeur adjoint de la Compagnie générale d'investissement et de développement d'infrastructures urbaines (UDIC), la modification de la réglementation sur l'acquisition d'un logement par les Viêt kiêu dans le sens d'une libéralisation est d'abord une bonne nouvelle pour les constructeurs. Pour le reste, toute politique incitative a une incidence certaine sur le marché, d'autant plus que celui-ci manque de professionnalisme et demeure fortement influencé par la psychologie de ses acteurs, dont les acheteurs. "Les Viêt kiêu ont des revenus élevés et des exigences précises, aussi les logements de grand standing devraient être les plus intéressants pour ces derniers…", envisage-t-il.

Selon un cadre du Groupe de développement de logements et de centres urbains (HUD Housings), environ 100.000 Viêt kiêu souhaitent devenir propriétaire au Vietnam, ce qui laisse envisager, en tenant compte d'une superficie minimale de 120 m², un prévisionnel de 12 millions de mètres carrés à bâtir. En d'autres termes, "l'achat de logements par les Viêt kiêu présente un intérêt indéniable au pays, outre qu'une telle politique unira plus fortement encore les 2 communautés", estime-t-il.

Pour un représentant du ministère de la Construction, ce nouvel arrêté n'aura pas de grande incidence sur le marché immobilier car, selon les spécialistes, ce dernier n'est influencé que par les informations comme par exemple l'extension des limites administratives de Hanoi ou les nouvelles rumeurs sur le transfert éventuel du centre administratif à Ba Vì...

 

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