Un microsatellite vietnamien dans l’espace fin 2011

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Un microsatellite vietnamien dans l’espace fin 2011

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C’est au Vietnam à Hanoï qu’une équipe de jeunes talents astrophysiciens et informaticiens a créé le laboratoire FSpace. Entre activités astronomiques et astrophysiques, créations de micro-fusées, FSpace projette l’envoi d’un satellite de petite taille dans l’espace au cours des prochains mois.  Thu Trong Vu,  astrophysicien vietnamien et chef de projet de FSpace nous dévoile son parcours et nous en dit plus sur cette fabuleuse aventure.

Thu, Vu Trong

Thu, Vu Trong, chef de projet de F-1, le micro-satellite vietnamien et fondateur du laboratoire FSpace © FSpace

 Bonjour Monsieur Thu Trong Vu, vous êtes chef de projet, merci de nous accorder un peu de votre temps pour répondre à notre interview. Pouvez-vous nous parler de votre projet d’envoi d’un satellite vietnamien dans l’espace ?

Ce sont les photos en noir et blanc de la planète Mars envoyées par la mission Pathfinder en 1997 qui m’ont inspiré, lorsque j’étais élève du secondaire. Depuis le premier télescope, conçu à partir d’une loupe et des lunettes de presbyte de mon père, j’ai construit de nombreux télescopes en utilisant du matériel fait maison et des restes optiques. En 2002, mes amis et moi avons fondé le premier club d’astronomie amateur à Hanoi et aujourd’hui, celui-ci s’est développé, il est composé d’une importante communauté d’astronomes amateurs au Vietnam.
J’ai rejoint la campagne d’observation de Saturne organisée par la NASA en 2004 et partagé de nombreuses photos de l’espace avec de beaucoup d’élèves et d’étudiants, au cours de la Semaine mondiale de l’espace, Yuri’s Night et d’autres événements.

En Mars 2006, j’ai participé au Forum de l’espace organisé par l’UNESCO en collaboration avec la JAXA et la VAST (L’Académie des Sciences et Technologies du Vietnam) en tant que conférencier et traducteur. Là, j’ai rencontré et discuté pour la première fois avec un astronaute, le Dr J. Jacques Favier en personne, de l’Agence spatiale européenne (ESA) qui m’a donné son portrait et m’a dit : « Ne laissez jamais tomber votre rêve ! »

En août 2007, après une année de travail, j’ai présenté ma proposition de mission du satellite ART (Apophis Rendezvous and Tagger) à la Planetary Society, puis j’ai participé à l’Apophis mission design contest détenue par cette dernière. Bien que mon travail ne m’ait pas permis de gagner le premier prix, j’ai pu obtenir mon premier trophée en demi-finale.

À la fin de l’année 2008, j’ai quitté mon ancien emploi en tant qu’ingénieur logiciel afin de poursuivre mon rêve d’exploration spatiale et développer la fondation du laboratoire FSpace. En collaboration avec une équipe de passionnés d’espace, nous apprenons et travaillons dur pour concevoir et fabriquer un cubesat appelé F-1. Il s’agit d’un satellite éducatif et nous voulons également tester certains composants Commerciaux « off-the-shelf » (COTS). J’espère que nous pourrons mener le projet à son terme et procéder au lancement du F-1 puis le placer en orbite au dernier trimestre 2011.

 « Ce projet aurait été impossible à réaliser pour moi sans l’aide de mes collègues, notamment »  :

 Anh, Nguyen Tuan: en charge du calcul d’orbite, de l’analyse de l’environnement spatial et de la construction de la station au sol.

Thang, Dao Van: en charge du développement du logiciel de vol de F-1 cubesat, d’assurer un degré élevé de fiabilité et de l’automatisation.

 Thai, Pham Van: en charge de la conception structurale de F-1 ainsi que du renforcement des équipements de test.

Hung, Pham Van: un étudiant stagiaire qui étudie en sciences informatiques, très doué, il contribue au développement du logiciel de contrôle du satellite, pour son utilisation à la station au sol.

Dr. Trung, Tran The: diplômé de l’Université Paris VI ayant étudié l’astrophysique, il est le conseiller scientifique du projet.

 

CubeSat F-1 and team

L'équipe du FSpace laboratory avec la version d'essai (modèle BBM) du micro-satellite F-1 © FSpace

  Quel est le nom de ce satellite, ses dimensions et quel sera son rôle ?

Nous avons appelé notre satellite F-1, le préfixe « F » se réfère à nos sponsors FPT University/FPT Corporation, mais il est également similaire à la compétition automobile de Formule 1. Notre objectif est de former et d’encourager les jeunes ingénieurs et élèves, à étudier l’ingénierie aéronautique – quelque chose d’assez nouveau au Vietnam. Le satellite est un cubesat 1U standard de 10x10x10cm de dimensions et d’une charge utile de 1 Kg, il est équipé d’un appareil photo basse résolution, de plusieurs capteurs de température et d’un magnétomètre à 3 axes développés par une université européenne.

 Comment avez-vous prévu de l’envoyer dans l’espace, à quelle altitude et avec quel lanceur, utiliserez-vous vos propres moyens pour le placer en orbite ou feriez-vous appel à une agence spatiale particulière ?

Nous allons lancer F-1 « comme sur le dos » (charge utile secondaire) sur un véhicule de lancement étranger que le Vietnam ne possède pas. Les précédentes missions Cubsat ont été effectuées pour la plupart à bord d’une fusée russe Dniepr, d’une fusée indienne PSLV ainsi que certains lanceurs américains. Notre orbite prévue est héliosynchrone, circulaire à environ 650 km d’altitude.

 

Quel est le cahier des charges à respecter pour l’acceptation d’envoi d’un satellite à bord d’un lanceur ?

Il s’agit d’une norme de facto pour picosatellites appelé CubeSat Design Specification (http://cubesat.org/images/developers/cds_rev12.pdf), largement accepté par la petite communauté de développeurs de satellites, et nous suivons cette pratique. Nous utilisons également les spécifications recommandées par certains lanceurs en matière d’environnement lors du lancement (vibrations, chocs) afin de s’assurer que notre cubesat pourra survivre au lancement.

 Une fois en orbite, quelle sera sa durée d’exploitation et à combien de temps estimez-vous sa survie ?

Nous avons une station au sol à Hanoi prête à communiquer avec le satellite en lui transmettant des commandes, ainsi que pour le téléchargement des images et des données de télémétrie. Il existe également des communautés de développeurs de petits satellites et des radioamateurs, désireux d’aider au suivi et à la réception de données en provenance du satellite. Nous prévoyons que le satellite puisse survivre au moins trois mois dans l’espace, mais si rien ne se passe de façon inattendue, il pourrait survivre pendant un an, voir même plus.

 

Quels sont les moyens de protections pour le maintenir en parfait état de fonctionnement dans des conditions aussi hostiles que l’espace (températures, vents solaires…) pour les appareils électroniques ?

Les composants spatiaux de qualité, conçus pour fonctionner dans des températures extrêmes et en plein rayonnement sont très coûteux. Rien que le processeur pourrait facilement consommer tout notre budget, nous avons donc pensé à faire le contraire. Quasiment tous les composants électroniques embarqués dans le F-1 sont d’une qualité industrielle abordable, mais ont encore de bien meilleures chances de survie dans des conditions extrêmes que les standards du commerce.
Nous suivons également une pratique à la conception de F-1 avec une redondance des sous-systèmes critiques tels que l’alimentation électrique, de l’ordinateur de bord et de la communication de sorte qu’il n’y ait « aucun point de défaillance ». Bien sûr, s’il y a de multiples échecs critiques des sous-systèmes, alors nous devons accepter le fait que la chance n’est tout simplement pas avec nous.

 Le satellite est-il téléguidé depuis un centre de contrôle au sol ou toutes les procédures sont-elles entièrement automatisées et préprogrammées ?

Les deux. Plus précisément, les réponses aux commandes envoyées par satellite à partir de la station au sol lors du survole d’Hanoi ou d’autres stations autorisées. Toutefois, la plupart du temps lorsqu’il est hors de portée de la station de contrôle, il transmet automatiquement des signaux de balise par satellite contenant des informations de base, et prend régulièrement une photo pour la transmission vers la Terre.

 

Dans le cadre d’envoi de données du satellite vers la Terre, tel que des images ou de la vidéo, ceux-ci seront-ils accessible au public via un serveur web par exemple, comme le fait entre autre la NASA en fournissant au public des images capturées à partir de ses différentes sondes et missions ?

Certainement. Notre projet a été soutenu par des passionnés de l’espace et des amateurs de radio partout dans le monde et nous allons partager des photos et des renseignements reçus de F-1 une fois qu’il sera lancé. Nous avons des fréquences pour F-1 (indicatif XV1VN) coordonnés par l’Union internationale des radioamateurs (IARU) comme suit: 145.980MHz (VHF) et 437.485MHz (UHF), de sorte que tous ceux possèdent un récepteur FM approprié et une bonne antenne, puissent suivre et recevoir des données de F-1 eux-mêmes. Pour l’instant, vous pouvez trouver des nouvelles, des photos et des vidéos sur notre blog du projet http://www.facebook.com/group.php?gid=116436068290

 Avez-vous une date de lancement ?

Pas encore. Nous sommes en discussion avec plusieurs fournisseurs de services de lancement, nous projetons l’envoi au 4ème trimestre 2011.

 Merci infiniment Monsieur Thu Trong Vu de nous avoir accordé de votre précieux temps, nous vous souhaitons tous nos voeux de réussite pour ce projet passionnant que nous suivrons sur Planet-Techno-Science, avec très grande attention.

  

Fspace

Modèle BBM du satellite F-1 © FSpace


Test de résistance aux chocs du satellite F-1 version BBM © FSpace


Test de résistance thermique du satellite F-1 BBM © FSpace


Test en chambre noire du satellite F-1 BBM © FSpace


L'équipe de FSpace met en place le mât de l'antenne sur le toit du centre de contrôle au sol © FSpace

Vietnam flag with antenna

L'antenne installée sur le toit du centre de contrôle avec le drapeau du Vietnam © FSpace

Par Leonardo da Vinci,

Interview réalisée par Extraterez,

Planet-Techno-Science

 

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