Me voilà à Saigon. Une ville chaude, bruyante mais formidablement jeune, dynamique et palpitante.Ils sont 8 millions d'habitants et près de 4 millions de mob et autres scooters circulent dans cette ville. Saigon, nom de coeur; Ho Chi Minh Ville, nom de raison est une cité incroyable qui ne se donne pas comme cela. Il faut la respirer, la parcourir, la vivre pour l'aimer. Mais en quelques heures, c'est un vrai coup de foudre. Saigon est une ville du sud, séductrice, enjôleuse. C'est une ville de commerce, une ville d'affaires, une ville jeune peuplée de post adolescents qui veulent prouver au monde que ce pays qui fut le terrain de jeu des GI, le centre d'expérimentation de toutes les armes de la 2ème moitié du XXème siècle (sauf la pire !) n'a plus rien a prouver. Tout est possible ici. On le sent à chaque coin de rues. Les centres commerciaux ouvrent tous les jours, les immeubles se construisent, les affaires se créent dans une frénésie folle. Et c'est un pays communiste ! Saigon est une ville géniale ou l'esprit d'entreprise est partout. Deux rencontres pour illustrer cela : Eric Simard de la chaine d'hôtel Victoria. Une chaine française qui prospère ici depuis 1991 avec 5 hôtels et 1200 employés. Et ils peuvent etre fiers de ces hôtels de Sapa au nord jusqu'à Chau Doc au sud. Voila des hotels qui jouent sur la nostalgie moderne. On s'y sent de suite chez soi à la différence des grandes chaînes internationales standardisées. Autre coup de coeur : Thai Tu Tau, une jeune fille de 22 ans. Elle est née en France et elle est rentrée pour sa famille. A Saigon, elle a monté une entreprise de communication et d'événementiel. Mais elle trouvait que la cuisine de Saigon ne ressemblait en rien à la cuisine de sa grand mère et de son arrière grand mère : trop de glutamate, les bons produits partant à l'export, et au final une cuisine viet moins bonne au Vietnam qu'ailleurs dans le monde.Elle a pris son bâton de pélerin et elle a parcouru le pays à la recherche des paysans et de leurs produits. Et puis elle s'est mise en quête d'un lieu. Elle l'a trouvé au 10 Dang Tai dans le district 1. De cette vieille maison coloniale est née Cuc Gachh Quan. Son restaurant idéal ! Une cuisine simple mais pleine de goût, de vrais goûts, de beaux goûts. les bouillons sont faits tous les matins, le tofu est presque meilleur qu'à Kyoto. Le porc au caramel est un moment de bonheur, le poulet à la citronnelle tire des larmes, la salade de mangue verte est inoubliable. De longue date, je n'avais pas mangé avec autant de bonheur, de gourmandise et de jouissance.C'est une révélation qui vaut le voyage ici.Le personnel est charmant, et Tu Tau est un vraie passionnée. Pas étonnant que Jacques et Laurent Pourcel qui étaient passés quelques jours avant aient vidés les frigos. Et au delà de la qualité de la cuisine, il y a une volonté de faire beau ici. L'endroit est plein de charme, du charme inhérent à cette ville entre nostalgie et modernité (encore...). On se sent bien ici. Normal, tout est fait pour car Tu Tau s'occupe de son personnel comme d'une mère. Elle m'expliquait que tous ces jeunes étaient en quête de répère car dans un pays qui a vu une génération disparaitre il y a 35 ans, il faut des modèles, des exemples,... Elle tente de l'être avec sa double culture qu'elle met à leur service.Et puis comme si cela ne suffisait pas, elle tente de faire dans le developpement durable avec ses fournisseurs, ses paysans comme elle dit. Elle paie plus cher que le marché mais elle ne veut que les beaux produits fait sans produits chimiques. Un exemple qui commence à faire école. Le chemin est encore long ici mais le Vietnam est en chemin. Comme dit mon ami Jerome Godefroy : "Le Vietnam que j'ai parcouru est un pays intense, vibrant, nerveux. Un peuple jeune, inventif, travailleur, tourné vers l'avenir" C'est exactement cela !  

Charlotte Pozzi et Jean-Sébastien Petitdemange 10 mai 2010

 

Nouveau Envoyer à un ami