Le Vietnam sur un air d'Electro

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Vietnam en général | Culture

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“Thousand Fires”, “c’est la chanson la plus lumineuse de Sauvage”, commence Fakear. Dernier morceau de cet EP qui a envoûté plus d’une personne, “c’est un peu l’accomplissement d’un voyage initiatique, quand tu te sens serein, face aux choses qui t’arrivent“, poursuit-il. Cette chanson-là, il l’a composée d’abord dans sa tête alors qu’il voyageait en Islande.

Je me faisais des pense-bêtes sur mon téléphone, sur des bouts de papier… J’étais dans un état de contemplation extrême en fait. L’Islande t’hypnotise. J’étais courbaturé physiquement aussi.
À ce moment-là, il n’imaginait pas encore que ce son serait associé à un pays d’Asie du Sud-Est. Les observateurs aguerris reconnaîtront ainsi dès les premières secondes du clip le drapeau du pays. Pour les autres, les maisons flottantes, les rizières, les formes particulières et reconnaissables des chapeaux typiques, le magnifique décor de la Baie d’Ha-Long, l’accumulation de motos, l’écriture sur les panneaux, leur confirmeront que ces images proviennent bien du Vietnam.

 

 Une collaboration entre deux jeunes artistes

Ce n’est pas la première fois que Fakear collabore avec de jeunes réalisateurs. Le clip “La Lune Rousse” par exemple avait été réalisé par des étudiants des Gobelins et nous emmenait en Bretagne sur la plage de Dinard. “Je fonctionne à l’humain, explique-t-il. Il y a forcément des atomes crochus artistiques, mais c’est avant tout une histoire de feeling, de compréhension. Je suis jeune, je fais appel à des réalisateurs de ma génération parce que c’est plus facile de communiquer“, nous confie-t-il.

Pour cette collaboration, l’initiative vient de Léo Bigiaoui, jeune réalisateur, photographe et voyageur de 23 ans. “Je suis parti au Vietnam avec l’idée en tête de réaliser une vidéo retraçant les moments marquants de mon voyage“. Muni d’un Canon 5D Mark III et d’une optique grand angle, sans trépied, car trop encombrant, Léo immortalise ce voyage d’un mois dans un pays avec “une diversité incroyable de peuples et de paysages“.

Du Nord autour de Sapa avec ces villages perdus dans les montagnes embrumées, en passant par Hanoï, capitale administrative du pays, moins développée économiquement que Ho Chi Minh Ville (ou Saïgon) où “des milliers de scooters, de marchands de rues et de taxis fusent dans tous les sens. Un chaos harmonieux”… Puis la Baie d’Ha-Long, l’incontournable carte postale du Vietnam, les villes historiques d’Hué et d’Hoi An, le delta du Mékong, etc.

De ce voyage, il revient avec 600 gigas de rushes qu’il compile dans une vidéo intitulée “Memories of Vietnam” bercée par les sons de Dark Lands Song, Pale War Gods et Thousand Fires, composés par Fakear lui-même.

Je suis tombé assez accro des sons de Fakear car je les trouve hyper oniriques et cinématiques à la fois, c’est-à-dire que chaque chanson a une atmosphère vraiment particulière, très imagée. J’ai monté la vidéo dans mon coin, et lorsque le montage était terminé, je l’ai envoyé à Théo.

Je n’espérais pas forcément de réponse, car on ne se connaissait pas. Il a vraiment accroché à l’ambiance, aux images, et m’a demandé si je serais partant pour transformer tout ça en clip. Grosse surprise, et grand plaisir donc. On est partis sur “Thousand Fires”, car c’est celle qui résumait le mieux l’atmosphère générale des images.

De son côté, Théo, aka Fakear, a été séduit par la poésie des images de Léo : “Sa démarche est hyper désintéressée, il se fait juste plaisir !  Il y a ce plan magnifique avec l’enfant qui s’enfonce dans la mer et le ciel surréaliste. Évidemment, c’est un paysage qui crée de belles images, et Léo a réussi à sublimer ça de façon hyper humble… Oui c’est ça le bon mot. Il regarde les choses humblement !” Avant de conclure : Cette chanson est un melting pot de plein de trucs… Je l’ai composée en Islande, ses samples sont africains, et son clip est tourné au Vietnam. C’est cool non ?
Konbini
 

À 23 ans, Théo Le Vigoureux a déjà joué aux Trans Musicales, à Astropolis, à Beauregard, fait les premières parties de Fauve, Wax Tailor..

Les tennis sur terre mais la caboche dans les étoiles. Car sa musique électronique exotique transporte, loin. Fakear crée des paysages sonores peints de toutes les couleurs du monde, d'Orient surtout.

Sensations vitales

Fils de professeurs de musique, Théo a très tôt appris le saxophone puis la guitare. Après avoir joué au lycée dans des groupes de rock, l'étudiant en musicologie, converti au trip-hop et aux musiques du monde, passe aux instruments électroniques.

Son surnom vient de là, ses copains rockers moquant cette « fausse musique jouée avec de fausses oreilles », d'où « fake ear » (fausse oreille) devenu Fakear.

Univers poétique

« On peut composer beaucoup de choses tout seul avec un ordinateur », dit-il. Dans sa chambre d'étudiant, en deux ans, il se créé un univers poétique, empli de petits bruits et de voix féminines ensorcelantes.

Ça coule, ça claque, ça goutte. On sent le givre sur sa peau, les effluves d'un souk, on voit des fleurs de cerisier japonais voler... 

Pour composer ses comptines évocatrices, il s'inspire d'images, de sensations, d'émotions fortes de la vie quotidienne ou de ses voyages.

Ce qui reste d'enfance

« Après le bac, j'ai fait des petits boulots pour économiser de l'argent », se rappelle-t-il. « Puis j'ai voyagé en Islande, Norvège, Laponie, Suède... Sac à dos et en stop. On revient aux sensations vitales : la soif, la faim, la fatigue."

"Je cherche à retrouver des émotions simples, innocentes. Il y a trop de choses qui reposent sur des valeurs superficielles. La musique est un moyen de s'en purger. »

Un peu comme s'il avait (déjà) peur de vieillir, il va « chercher ce qui reste d'enfance, de pureté en nous ».

Même si ses rêveries ont parfois quelque chose d'inquiétant. Comme dans Damas, morceau né d'une discussion avec un ami syrien.

Seul sur scène, ou accompagné de la chanteuse O'Kobbo, cet enfant du rock considère le live comme un spectacle.

Alors, il tourne certaines de ses machines vers le public afin qu'il puisse vraiment le voir jouer. Manipuler ces gros carrés de couleur qui commandes les échantillons sonores, ces briques de sa musique voyageuse. « Il faut qu'on voit faire », assure-t-il.

Ouest France

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