Un village vietnamien où l'argent est sans valeur

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Un village vietnamien où l'argent est sans valeur

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Photo: Enfants qui jouent  dans le village Co Tu dans la province centrale de Quang Nam

Dans un hameau de la minorié Co Tu dans la province centrale de Quang Nam, les villageois échangent directement des marchandises sans utiliser de l'argent. La monnaie, moyen d'échange universel indispensable pour la plupart des gens, est ici presque inutile.

Tongol Yeng, 55 ans, le patriarche dans ce village isolé du monde extérieur  en raison de ses forêts et de ses montagnes sans infrastructures routières,  raconte que les gens du pays "ne savent pas que faire avec l'argent."

 

Autosuffisance: Les habitants cultivent suffisament  de riz, de manioc, de maïs et d'autres plantes alimentaires. Ils élèvent les poulets, les  cochons et toute sorte de bétail, pour satisfaire la consommation locale.
 
TROC: Si ils  ont besoin de quelque chose, d'un couteau ou de sel par exemple, ils peuvent échanger avec leur production:du manioc, du maîs ...
 


" Pour nous qu'est-ce que c'est l'argent ? Nous vivons et grandissons ici sans argent" , a ajouté Yeng.

A la question si ils avaient de l'argent, on obtient toujours à peu près la même réponse : ici on échange les produits alimentaires pour obtenir du glutamate desodium, du savon et d'autres produits de premières nécessités.

Tongol Huong, 30 ans , un riziculteur, précise qu'il peut échanger du riz avec du miel ou des racines du ginseng.

"Quelquefois, quand nous manquons de sel, je leur donne un chien" ...

D'après Poloong Thi Nhat, 21 ans , qui tient  une épicerie dans le village, la denrée principale ici est le sel que les gens "paient" avec du manioc ou du maïs.

Selon l'épicière, les villageois échangent souvent ginseng et miel contre des sucreries, du  poisson et de l'alcool de riz. Elle-même échange ses articles à un magasin dans le centre de Communauté Ch'om pour obtenir d'autres  "marchandises" pour faciliter son commerce.

Ce système de troc n'est pas limité au  village Co Tu.
 
Yeng se souvient d'être souvent allé jusqu'au village  Ka Don dans province Sekong du Laos qui se trouve à une heure de marche, pour se procurer des agates ou du  brocart.

Ces  déplacements , lui ont permis d'avoir beaucoup d'amis  parmis les villageois  Lao avec qui il échgangeait ses produits alimentaires de ferme contre des  les cochons, des poulets et des vaches.

"Toutes les fois que nous manquons de quelque chose, nous allons à leur village et faisons un échange, au lieu de vendre ou d'acheter. Nous ne parlons jamais d'argent"

(source: journal Thanh Nien)
 

Les Co Tu
Les Co Tu se sont implantés depuis longtemps dans les montagnes au nord-ouest de la province de Quang Nam et au sud-ouest de la province de Thua Thiên-Huê. Ils vivent depuis des siècles sur la Cordillère Truong Son et les hauts plateaux du Centre.

Ils vivent essentiellement de la culture sur brûlis, en débroussaillant à la hache et à la machette, en brûlant la végétation et en créant des semis en poquet. Les Co Tu possèdent un trésor de contes sur l’origine de l’homme, sur la société, sur la création des lignées... Les fêtes sont l’occasion de danses collectives : danse Da Da des femmes et Ting Tung des hommes. Les instruments de musique les plus répandus sont l’ensemble de 3 gongs, le tambour, la flûte, la guimbarde, la viole à 2 cordes. Les femmes excellent dans le tissage de motifs géométriques colorés alliés à de la verroterie.

Dans la Cordillère Truong Son (Centre), les vieux A Ting Pâng et Alang Vel, originaires de l'ethnie Co Tu, ont consacré toute leur vie à préserver et valoriser les valeurs culturelles immatérielles de leur ethnie.

L’art des chants folkloriques et des instruments de musique traditionnelle originaux ont façonné les traits particuliers de l’ethnie Co Tu dans cette région montagneuse de la Cordillère Truong Son (province de Quang Nam, Centre). Il y a des personnes qui ont consacré toute leur vie à préserver et valoriser les valeurs culturelles immatérielles de l’ethnie et qui continuent à s’enflammer d’amour pour les instruments de musique traditionnelle afin d’en faire profiter la jeune génération.

Le vieux A Ting Pâng habite le village de A Dun 2, bourg de Prao, district Dông Giang (province de Quang Nam). Bien qu’il soit âgé de plus de 70 ans, il paraît encore assez fort. Il peut parler passionnément des instruments traditionnels de l’ethnie Co Tu tels que le Capbruôc (fait en corne de buffle), la flûte Rham, l’instrument à corde Tarha ...

Le vieux A Ting Pâng, l’une des rares personnes de l’ethnie Co Tu à encore savoir jouer des instruments de musique traditionnels de l’ethnie. Photo : CTV/CVN

Dès cinq ans, A Ting Pâng a été séduit par les sons mélodieux des instruments à corde et des flûtes. Et il les a appris des vieux du village. Actuellement, c’est l’une des rares personnes de l’ethnie Co Tu à encore savoir jouer des instruments de musique traditionnels de l’ethnie. Il peut jouer et bien maîtriser une dizaine d’instruments de l’ethnie Co Tu. «Ce n’est pas facile de fabriquer et utiliser ces instruments de musique, il faut les aimer de tout son coeur», a partagé le vieux Pâng. Il est toujours invité à se produire lors des festivals et des fêtes ethniques dans la région.

Un autre trésor vivant de l’ethnie Co Tu qui ne peut pas être passé sous silence, c’est le vieux Alang Vel. Il vit au hameau Tà Lang de la commune de Bha Lêê du district de Tây Giang. Le vieux Alang Vel est non seulement un patriarche de village exemplaire de la région mais il est encore considéré comme un doyen de la musique de l’ethnie Co Tu. Il a créé plus de dix instruments de musique traditionnels des Co Tu et en a collecté un grand nombre.

À l’âge de 89 ans, le patriarche Alang Vel connaît toujours à fond les instruments de musique traditionnels des Co Tu. Photo : CTV/CVN


À l’âge de 89 ans, le patriarche Alang Vel est encore assez sagace. Il connaît à fond les instruments de musique traditionnels des Co Tu tels que la flûte, Ahen, Ta rel, Tuôt, Catool Areng... Selon lui, l’instrument à corde Atoong et celui Apel sont deux instruments de musique qui font le plus partie de la vie quotidienne des Co Tu. L’Atoong, un instrument très original, est fait de sept barres en bois léger, longues d’environ un mètre, larges de 20 cm et épaisses de 3 cm. Le son est mélodieux, vif et joyeux comme un gazouillement dans la forêt. L’Apel est aussi un instrument de musique original de l’ethnie Co Tu. Il ressemble au dan nhi de l’ethnie Kinh (un violon à deux cordes). Les sons de l’Apel sont mélodieux et conviennent ardemment à l’état d’âme des amoureux.

«Je suis heureux de pouvoir présenter et jouer les instruments de musique traditionnels de l’ethnie Co Tu aux autres ethnies», a partagé le vieux Alang Vel.

Et actuellement, les airs de chanson, les sons des instruments à cordes et des flûtes résonnent toujours suivant le rythme de la vie quotidienne au sein des montagnes et forêts de la grandiose Cordillère Truong Son. Et les personnes telles que les vieux Pâng et Alang Vel éclairent de leur flamme d’amour la musique traditionnelle du pays natal.

Thuy Hà/CVN

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