30 avril 1975 : Réunification du Vietnam

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30 avril 1975 : Réunification du Vietnam

30 avril 1975 : Réunification du Vietnam
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photo: Le 21 octobre 1967, Source Avi, Le Courrier du Vietnam: Célébration du 35eme anniverssaireRéunification du Vietnam - Dossier: 30 Avril 1975 - Le Monde Diplomatique du 20 avril 2000Guerre du Vietnam: source www.larousse.frLa Guerre Stratégique Du Vietnam ( source knol.google.com) La guerre du Vietnam: source encyclopedie CanadienneVietnam: Cinquante cinq jours qui étonnèrent le monde: source Humanité.frUn souvenir inoubliable ( source Vietnam illustré)

photo: Le 21 octobre 1967,

un million de manifestants défilent à Washington pour protester contre la guerre du Vietnam qui arrache à leur jeunesse 525 000 Américains. Jane Rose Kasmir avait 17 ans lorsqu'elle incarne le "pouvoir des fleurs" contre celui des armes.Ses héros s'appellent Matin Luther King et Gandhi, son hymne : le rock'n'roll et son combat : la guerre au Vietnam. Alors, quand arrive "la manif de Washington", la jeune fille se pare comme pour une fête et tend un chrystanthème... A la fin de la journée, des manifestants tentent de pénétrer dans le Pentagone, encerclé par les gardes natinonaux. Résultat : une centaine et blessés. Jamais conflit n'aura été aussi impopulaire...

30 avril 1975 - 30 avril 2010 , 35 ans déjà

Le Vietnam moderne et ouvert à l'économie de marché s'apprête aux commémorations relatives à la réunification du 30 avril 1975.Les anciens ennemis sont désormais des partenaires économiques privilégiés et plus de 60 % de la population a moins de 30 ans et donc des préoccupations très différentes de celles des anciens.Même si les drames de part et d’autre ne s’oublient  pas et si il existe encore au sein de la population quelques rancœurs comme après  toutes les guerres, celles ci s'effacent avec le temps, avec  les nouvelles générations et avec un Vietnam qui se développe à vitesse grand V.

Quelques articles et archives:

Source Avi, Le Courrier du Vietnam: Célébration du 35eme anniverssaire

La célébration du 35e anniversaire de la libération du Sud et de la réunification du Vietnam aura lieu les 30 avril et 1er mai dans la province centrale de Quang Tri comme dans tout le pays. Les festivités comprendront 5 activités principales dont la plus importante est le programme artistique “La chanson de la réunification”, présenté le soir du 30 avril, après la colonie de vacances de la veille sur le thème "Fête de la réunification du pays". Dans la matinée du 30 avril, une cérémonie de hisser le drapeau national aura lieu avant le lancement d'une régate. Enfin, ce 35e anniversaire s'achèvera par le Festival de propagande itinérante qui se poursuivra de la soirée du 29 avril au 1er mai dans plusieurs districts de Quang Tri.Selon le compositeur Dào Dang Hoàn, chef adjoint du Département des représentations artistiques et réalisateur général du programme artistique “La chanson de la réunification”, un film documentaire d'une durée de 15 minutes sera également projeté. Il retracera des activités inaugurant la Fête de la réunification, la célébration du 38e anniversaire de la libération de la province de Quang Tri et du 35e anniversaire de la libération du Sud et de la réunification du pays. Au menu figureront également une cérémonie de hisser les couleurs au pied de la tour du Drapeau à proximité immédiate du pont Hiên Luong traversant la rivière Bên Hai, et une autre, à la mémoire des héros morts pour la Patrie, de lâcher de fleurs sur cette rivière qui était la ligne de démarcation entre le Nord et le Sud Vietnam de 1954 à 1975.La fête de la réunification nationale sera marquée par une cérémonie consistant à puiser de l'eau à la source Pac Bo, au niveau de la zone historique éponyme dans la commune de Truong Hà, district de Hà Quang, province de Cao Bang (Nord) ainsi que dans le fleuve Cuu Long (province de Hâu Giang, Sud). Ces eaux seront ensuite reversées dans la rivière Bên Hai, le 30 avril vers 20h00, lors du spectacle “La chanson de la réunification”. Cette cérémonie représente le symbole et le témoignage de solidarité entre les ethnies sœurs comme de l'aspiration à l'indépendance et à la réunification du pays du peuple vietnamien. En effet, 2 délégations des représentants des provinces de Cao Bang et Hâu Giang sont chargées d'apporter les eaux de la source Pac Bo et du fleuve Cuu Long pour les reverser dans le cours de la rivière Bên Hai (Centre). Les 3 barques des 3 délégations des 3 régions (Nord, Sud et Centre) se réuniront au milieu de la rivière Bên Hai pour procéder au reversement des eaux, qui ainsi se mélangeront, symbolisant la réunification du pays.Il y aura ensuite ce programme artistique qui en 75 minutes retracera la vie et le combat de l'armée et du peuple vivant à 2 extrémités du pont Hiên Luong traversant la rivière Bên Hai pendant la guerre du Vietnam. Selon les prévisions, environ 200 artistes du Théâtre de chant, de danse du Vietnam seront présents aux côtés de 400 artistes amateurs de cette province.Actuellement, les préparatifs sont achevés, dont l'installation d'une grande scène capable d'accueillir plus de 10.000 personnes au bord de la rivière historique.Diêu An/CVN(28/04/2010)  

Réunification du Vietnam - Dossier: 30 Avril 1975 - Le Monde Diplomatique du 20 avril 2000

DOCUMENTAIRES CONTRE UNE « SALE GUERRE ». Filmer le conflit du Vietnam

IL y a vingt-cinq ans, le 30 avril 1975, s’achevait la guerre du Vietnam. Long et meurtrier, ce conflit devait se terminer par un humiliant retrait du corps expéditionnaire américain. A l’occasion de cet anniversaire, les télévisions du monde vont sans doute reprogrammer les principaux films de fiction inspirés par la conflagration : Deer Hunter, Platoon, Apocalypse Now, Full Metal Jacket... Mais quelle chaîne songera à proposer les admirables documentaires qui, mieux que les longs-métrages de fiction, témoignèrent de l’exceptionnelle cruauté d’un affrontement qui causa la mort de 58 000 Américains et de plus de 3 millions de Vietnamiens ?

La guerre du Vietnam dura quatorze ans, de 1961 à 1975. Le Front de libé ration du Sud-Vietnam se constitua le 20 décembre 1960, environ six semaines après l’élection aux Etats-Unis de John F. Kennedy. Dès le début de l’année suivante, celui-ci jeta les Forces spéciales dans la guerre, en violation des accords de Genève de 1954. Puis ce fut l’escalade décidée par Lyndon B. Johnson, à la fin des années 60, avec le bombardement du Nord et de Hanoï. Il y eut ensuite la « vietnamisation » de la guerre décidée par Richard Nixon. Enfin, le gouvernement proaméricain de Saigon et son armée s’effondrèrent le 30 avril 1975.

Ce conflit a été le thème le plus longuement traité par la télévision dans toute l’histoire des informations télévisées américaines. Une étude très précise a été effectuée par le sociologue George Bayley (1) sur la manière dont les trois grands réseaux américains (ABC, CBS, NBC) rendirent compte de cette guerre durant la période 1965-1970.

Presque la moitié des informations sur la guerre concernaient soit les actions de l’infanterie sur le terrain, soit les activités de l’aviation ; et environ 12 % d’entre elles étaient des déclarations officielles des deux gouvernements (Saigon et Washington). Le point de vue de l’« ennemi » n’était fourni que par 3 % de l’ensemble des informations diffusées. Un tel pourcentage indique assez explicitement combien la télévision américaine fut partiale.

L’impact de cette guerre aux Etats-Unis et le refus qu’elle suscita auprès des jeunes notamment - manifestations antibellicistes, marches pour la paix, protestations universitaires - furent également minimisés. A propos de cette partialité, George Bayley note : « A peu près tous les résumés quotidiens des combats provenaient des services de relations publiques de l’armée. » Ces services avaient dépensé, pour la seule année 1971, plus de 200 millions de dollars dans le but de proposer aux citoyens américains la meilleure image possible de l’armée.

Dans un documentaire de Peter Davis, The Selling of the Pentagon(« Comment on vend le Pentagone »), un ancien officier des services d’information raconte comment il s’efforçait de « désinformer » les journalistes venus enquêter sur le terrain. Par exemple, une équipe de la CBS qui réalisait un reportage sur les bombardements du Vietnam du Nord et s’était adressée à lui pour trouver des pilotes américains à interroger fut victime de ses manipulations. Il lui fournit effectivement des pilotes, mais après avoir sévèrement chapitré ceux-ci sur ce qu’il ne fallait surtout pas dire...

« De la même façon, note un observateur, les services d’information montaient des opérations bidons de troupes gouvernementales sud-vietnamiennes. Elles étaient filmées par les services officiels, qui envoyaient ensuite les reportages aux petites stations américaines qui n’avaient pas les moyens d’envoyer des équipes au Vietnam  (2). »

C’est pour s’opposer à cette vision partiale et manipulatrice d’une « sale guerre » que des cinéastes indépendants entreprirent, dès la fin des années 60, de dénoncer, au moyen de documentaires politiques, les horreurs et les crimes de l’intervention américaine au Vietnam.

« Au nom de la civilisation occidentale »

DANS In the Year of the Pig(« Vietnam, année du cochon »), en 1969, Emile de Antonio tenta, le premier, d’expliquer les raisons profondes de la guerre. Avec des méthodes d’archéologue, Antonio étudia une énorme quantité d’images d’archives, depuis l’époque de la colonisation française, et démontra deux choses : la préméditation de l’intervention américaine et le caractère, selon lui, inéluctable de la défaite militaire.

Les signes avant-coureurs de cet échec, un cinéaste de génie, Joseph Strick, les avait déjà repérés (cf. son film Interviews with My Lai Veterans, 1970) dans la crânerie et la suffisance qu’affichaient le lieutenant Calley et ses sinistres compagnons, soldats transformés, par la grâce de l’armée, en criminels de guerre, véritables machines de mort, après avoir subi les entraînements déshumanisants que le documentariste Frédéric Wiseman avait dénoncés dans Basic Training en 1971.

L’insoumission fut réclamée par le poignant Winter Soldier (« Soldat d’hiver »), documentaire collectif où des vétérans de la guerre témoignent des atrocités qu’eux-mêmes, « au nom de la civilisation occidentale »,ont commises au Vietnam. Ce film est sans doute, de tous les documentaires réalisés contre la guerre du Vietnam, celui dont l’impact auprès de l’opinion publique a été le plus fort.

De jeunes « vétérans » (ils ont entre vingt et vingt-sept ans) prennent conscience, au retour de la guerre, qu’ils ont participé à une boucherie et que, en raison du conditionnement subi, ils ont été déshumanisés et réduits à l’état de « Terminator » criminels. Ils comprennent alors que la guerre du Vietnam n’aura jamais son Tribunal pénal international, que les vrais responsables politiques et militaires des massacres, du napalm répandu, des bombardements aériens contre les civils, des exécutions massives dans les bagnes, et des désastres écologiques provoqués par l’usage massif de défoliants ne passeront jamais devant une cour martiale et ne seront jamais condamnés pour crimes contre l’humanité.

Cette évidence leur devient insupportable ; aussi, afin d’apporter un contre-témoignage aux mensonges répandus par les médias, cent vingt-cinq d’entre eux, ni insoumis ni déserteurs, souvent couverts de décorations, se réunissent à Detroit, en février 1971. Des cinéastes de New York décident de filmer cet événement que les médias officiels boycottent. Ils enregistrent trente-six heures de film dont Winter Soldier est la synthèse.

On y voit ces anciens soldats, naguère fiers d’avoir combattu pour leur patrie, expliquer le décervelage préalable subi dans les camps d’entraînement où on leur apprenait à museler leur conscience morale et à libérer leurs instincts d’agression. Ils racontent les atrocités qu’ils commirent une fois leur robotisation achevée : les viols, les tortures, les villages incendiés, les exécutions sommaires, les enfants pris pour cible, les oreilles des Vietnamiens (vivants ou morts) échangées contre des boîtes de bière, les prisonniers jetés du haut des hélicoptères, etc.

Ils évoquent le catalogue de consignes au nom desquelles était conduite la guerre : « Un Vietnamien vivant, c’est un suspect vietcong ; un Vietnamien mort, c’est un véritable vietcong », « Si un paysan s’enfuit à votre approche, c’est un vietcong ; s’il ne s’enfuit pas, c’est un vietcong intelligent ; dans les deux cas, il faut l’abattre », « Comptez les prisonniers seulement à l’arrivée de l’hélicoptère, pas au départ, vous n’aurez pas à rendre compte de ceux qui seraient tombés en vol », etc.

Winter Soldiermet en évidence la profondeur du traumatisme provoqué aux Etats-Unis par le conflit et souligne le désarroi moral de la jeunesse engagée au Vietnam.

Plus tard, le réalisateur Peter Davis s’est interrogé, dans Hearts and Minds (« Les Coeurs et les Esprits »), en 1973, sur les traits culturels américains qui, par-delà les considérations politiques, avaient pu favoriser l’extension irrationnelle du conflit jusqu’à lui faire atteindre, par le nombre et la gravité des atrocités commises, les dimensions d’un crime contre l’humanité.

Le réalisateur procède, en premier lieu, au dépistage du réseau de contre-vérités, d’allégations et de phobies ayant enserré, peu à peu, les Etats-Unis dans la logique de l’intervention. Candidement interrogés, certains dirigeants avancent des prétextes géopolitiques absurdes : « Si nous perdons l’Indochine, nous perdrons le Pacifique, et nous serons une île dans une mer communiste. » D’autres voient dans l’intervention une manière de conserver l’accès à des matières premières indispensables : « Si l’Indochine tombait, l’étain et le tungstène de la péninsule de Malacca cesseraient d’arriver. » Les autres, enfin, plus idéologiques, affirment que les Américains interviennent « pour venir au secours d’un pays victime d’une agression étrangère ». Peter Davis sait que, pour élucider les origines de la brutalité dans le comportement individuel des militaires américains, il faut se pencher sur un certain nombre de rites qui caractérisent, en partie, la société.

Hearts and Minds discerne trois de ces rites, ou « structures d’aveuglement », dont la fonction est d’occulter le sens profond d’un acte sous un fatras de significations secondes purement formelles. Peter Davis montre comment, par la multiplication des relais technologiques entre un militaire et sa victime, l’armée parvient à noyer la dimension criminelle d’un acte de guerre.

Ainsi, par exemple, un pilote de bombardier, le regard serein, déclare : « Quand on vole à 800 kilomètres/heure, on n’a le temps de penser à rien d’autre. On ne voyait jamais les gens. On n’entendait même pas les explosions. Jamais de sang ni de cris. C’était propre ; on est un spécialiste. J’étais un technicien. » La conscience du pilote, fascinée par le mythe de la performance technique, néglige de considérer les conséquences de son geste et d’assumer la responsabilité de son action.                            "Cette image d’Eddie Adams a fait le tour de la planète et a indubitablement influé sur le cours de la guerre du Vietnam.En 1969, le photographe a remporté le prix Pulitzer pour sa photo d'un Viêt-cong exécuté sommairement en pleine rue par un policier sud-vietnamien. Adams a capté l'instant de cette mort, et l'image a fait le tour du monde. Elle allait devenir un des symboles de la guerre du Vietnam, choquant l’opinion publique américaine"

Une deuxième structure apparaît en quelque sorte comme le complément de celle-ci : elle consiste à transformer toute participation, dans un domaine quelconque, en une compétition où la fin justifie les moyens. Il importe surtout d’aller au bout de ses forces dans le but exclusif de gagner. Peter Davis compare l’attitude des militaires au Vietnam avec celle des joueurs de football américain. Dans les deux cas, tous les coups sont permis, seule la victoire compte, même si on a oublié les raisons du combat.

Interrogés en pleine bataille dans la jungle vietnamienne, des soldats avouent ne pas savoir pourquoi ils se battent. L’un d’eux est même persuadé que c’est pour aider les Nord-Vietnamiens ! Un officier résume : « Une longue guerre, difficile à comprendre. Mais nous sommes venus pour la gagner. »

Le troisième élément de déculpabilisation est cette sorte de psychologie des peuples - base du racisme le plus élémentaire - permettant de doter mécaniquement les habitants d’un pays de quantité de défauts. Un officier américain raconte aux enfants d’une école ses impressions sur l’Indochine : « Les Vietnamiens, dit-il,sont très retardataires, très primitifs ; ils salissent tout. Sans eux, le Vietnam serait un beau pays. » On y perçoit fort clairement le regret d’une solution radicale (« no people, no problem » ) du genre « solution indienne » que le général William Westmoreland, chef du corps expéditionnaire, a dû être tenté d’appliquer sans scrupules car, affirme-t-il, « les Orientaux attachent moins de prix à la vie que les Occidentaux ».

Peter Davis attribue au conflit vietnamien une valeur de symptôme. Celui d’une grave maladie, à savoir : la violence américaine dont il étudie les caractéristiques militaires, un peu dans le style sociologique qu’avait adopté la réalisatrice Cinda Firestone dans Attica, pour mettre à nu le fonctionnement de la répression policière. Hollywood, qui n’avait pas soutenu cette guerre, n’a pas hésité à récompenser Hearts and Minds d’un Oscar du meilleur documentaire en 1974.

Mais l’oeuvre limite sur les conséquences du conflit dans la trame intime des vies américaines fut Milestones(1975), de John Douglas et Robert Kramer, véritable somme des idées les plus généreuses de la génération qui s’opposa à la guerre. Milestonesest une traversée (historique, géographique, humaine) de l’Amérique. C’est la rencontre avec des citoyens conscients que la puissance des Etats-Unis s’est édifiée sur le massacre des Indiens et l’esclavage des Noirs, et qui s’opposent à la destruction du peuple vietnamien. `uvre de renaissance, Milestones marque cependant une coupure assez radicale dans le discours politique.La guerre étant désormais terminée, ce film insiste sur la nécessité de maintenir la mobilisation et prône l’investissement de l’énergie militante dans la vie quotidienne, dans la transformation des rapports du couple, de la famille et de l’amitié.Il souhaite voir s’épanouir une société américaine moins violente, plus tolérante et bienveillante, donnant davantage libre cours à la sensibilité et à l’émotion.

En octobre 1983, enfin, quand l’opinion américaine tentait d’oublier ce conflit, une série documentaire, diffusée par la télévision et intitulée « Vietnam, une histoire télévisée », vint une nouvelle fois rappeler les crimes. Retrouvés par les réalisateurs, deux survivants d’un massacre oublié, celui du village de Thuy Bo, en janvier 1967, se souviennent. M. Nguyen Bai, qui était écolier à l’époque, raconte comment « les "marines" détruisirent tout, abattirent le bétail, achevant les blessés, fracassant les crânes à coups de crosse, tirant sur tout ce qui bougeait ». Mme Le Thi Ton, alors petite fille, confirme : « Nous étions dix dans une paillote quand les soldats américains sont arrivés. Je les ai salués ; ils ont ri et ont jeté une grenade à l’intérieur. Je suis la seule survivante (3). »

A l’heure des repentances, les Etats-Unis regrettent-ils les crimes commis au Vietnam ? Le secrétaire américain de la défense, M. William Cohen, a déclaré le 11 mars dernier, à la veille de sa visite historique à Hanoï, qu’il ne comptait nullement présenter des excuses pour l’attitude des forces américaines durant la guerre du Vietnam.

Ignacio Ramone

                                 

Agent orange, Epandage: encore des traces sur la population en 2010 ....

Guerre du Vietnam: source www.larousse.fr

Nom donné au conflit qui, après le désengagement français, a opposé de 1954 à 1975 le Nord Viêt Nam au Sud Viêt Nam.Cet article fait partie du DOSSIER consacré à la guerre froide. Le 17e parallèleSuite aux accords de Genève (1956), la France quitte l'Indochine après quelque cent ans de présence, et le Viêt Nam voit son indépendance reconnue, mais les puissances lui imposent, en attendant des élections générales, une partition au niveau du 17e parallèle : ce compromis fera de la paix un leurre.

La République du Viêt Nam (au sud du 17e parallèle) est présidée par Ngô Dinh Diêm, un catholique fervent qui refuse les élections générales prévues à Genève. Washington, à la fois parrain, banquier et conseiller, juge le bastion solide avant d'être progressivement indisposé par cet autocrate intolérant, qui s'avère en outre incapable de résoudre le problème communiste.Les dirigeants de la République démocratique du Viêt Nam, qui édifient au Nord un État socialiste, sont en effet déterminés, dès 1959, à engager la lutte armée contre le Sud, où sont restés, après les transferts de population, de 10 000 à 15 000 cadres communistes. Le Front national de libération (F.N.L.) y est fondé en décembre 1960, mais Hanoi garde son autorité par l'intermédiaire d'un Bureau central pour le Sud. Opérations de terrorisme et de sabotage, infiltrations d'hommes et de matériels s'intensifient par les voies multiples de la « piste Hô Chi Minh ».

L'armée sud-vietnamienne encadrée en décembre 1961 par 15 000 « conseillers » américains, et entraînée en vue d'un conflit du type de la guerre de Corée, ne réussit pas à enrayer le développement du F.N.L. L'échec politique et militaire du régime de Diêm conduit le président John Fitzgerald Kennedy à autoriser, dès le printemps 1961, des opérations de sabotage et de renseignement au nord du 17e parallèle, puis à permettre un coup d'État de généraux sudistes : Diêm est assassiné avec son frère le 2 novembre 1963. Trois semaines plus tard, J. F. Kennedy l'est à son tour, à Dallas. La détérioration de la situation au Sud-Viêt Nam incite son successeur, Lyndon B. Johnson, à s'engager davantage. À la suite d'un incident naval dans le golfe du Tonkin, le Congrès américain vote le 7 août 1964 une résolution donnant au président toute liberté d'user de la force armée contre les « agressions communistes ».

L'intervention américaine (1965-1968)

La guerre du Viêt Nam, 1967La réaction américaine est vigoureuse : bombardements sur le Nord (500 000 t de bombes de février 1965 à avril 1968), intervention directe dans le Sud à partir de mars 1965. L'armée sud-vietnamienne est portée à 700 000 réguliers et 200 000 miliciens. Les effectifs du Viêt-cong passent de 135 000 hommes au début de 1965 à plus de 300 000 en 1968. Les effectifs américains atteignent 536 000 hommes en 1968. Le bombardement des pistes Hô Chi Minh restera sans effet. En 1966, les opérations se déroulent autour de la zone du 17e parallèle, puis, dès 1967, autour de Da Nang, Quang Tri et même en Cochinchine, au N.-O. de Saigon. Aux États-Unis, l'opinion publique est sensibilisée par l'envoi au Viêt Nam des « appelés » et par les images que diffuse la télévision. Devant l'impuissance américaine à obtenir une victoire rapide, la contestation fleurit sur les campus universitaires et gagne tout le pays. Aux prises avec un déficit budgétaire aggravé, L. B. Johnson alterne bombardements intensifs sur le Nord et propositions de trêve conditionnelle. Bien que lourdement frappé, le Nord ne cède pas. Il dispose d'atouts d'une importance croissante : la mauvaise conscience de l'Occident, l'appui des partis frères et des courants neutralistes, l'assistance matérielle de l'U.R.S.S. et de la Chine, qui permet à l'Armée populaire d'acquérir enfin un armement moderne et standardisé.

L'offensive communiste généralisée, dite « offensive du Têt » (30 janvier 1968), menace Huê ainsi que Saigon. La base de Khe Sanh, harcelée depuis novembre 1967, est attaquée en force dès la mi-février et subit un siège de 77 jours. L'offensive du Têt est finalement un échec militaire mais l'armée américaine a été mise en difficulté. Le retentissement est grand dans l'opinion publique américaine. L. B. Johnson renonce à un nouveau mandat et décide d'arrêter sans conditions les bombardements au Nord (mai 1968). Des négociations préliminaires aboutissent à l'ouverture officielle de la conférence de Paris (janvier 1969).

Le retrait américain (1969-1973)

Richard Nixon, fin de la guerre du Viêt NamLa politique de « vietnamisation » de Richard Nixon, qui succède à L. B. Johnson au début de 1969, vise à un retrait total des forces terrestres après renforcement des armées sud-vietnamiennes. En revanche, les forces navales et aériennes bénéficient d'un accroissement notable. De 1969 à 1972, événements militaires et diplomatiques sont étroitement liés. La poussée des forces américaines et sud-vietnamiennes au Cambodge (30 avril 1970), destinée à saper le soutien logistique des pistes Hô Chi Minh, entraîne la suppression par le Congrès des pouvoirs spéciaux du président américain concernant la guerre du Viêt Nam. Profitant du retrait unilatéral des États-Unis, la République démocratique du Viêt Nam procède à une nouvelle attaque généralisée le 30 mars 1972. Les États-Unis réagissent en minant par avion les ports d'arrivée des cargos soviétiques et chinois ; l'armée sud-vietnamienne réussit à dégager An Lôc, Kontum et la route de Phnom Penh. Mais, tandis que les manifestations contre la guerre se multiplient aux États-Unis, R. Nixon ouvre la voie à un accord en acceptant le rapatriement total des troupes américaines en cas de cessez-le-feu et en renonçant à exiger l'évacuation du Sud par les forces populaires. Après une ultime résistance du sudiste Nguyên Van Thieu, qui refuse le maintien de forces communistes sur son territoire, et une suspension des pourparlers par Hanoi, un accord de cessez-le-feu est signé à Paris le 27 janvier 1973.La fin de la guerre (1973-1975)Le Sud-Viêt Nam de Thieu et le Nord-Viêt Nam communiste sont désormais seuls face à face. Il apparaît vite que le Conseil national de concorde et de réconciliation prévu à Paris en attendant des élections est un leurre. À l'intransigeance de Thieu, qui lance un appel au combat, répond la détermination de Hanoi à réunifier le pays par la force. Dès octobre 1974, le Nord considère officiellement les accords de Paris comme caducs et engage les préparatifs de l'invasion. Les conditions semblent favorables : malgré des effectifs importants et quelques corps d'élite, l'armée sudiste est moralement fragile, à l'instar d'une population civile lasse, hostile à un pouvoir corrompu et atteinte par une pauvreté chronique. Les États-Unis se désintéressent de leurs anciens protégés, auxquels ils réduisent leur aide.

En mars 1975, les communistes lancent une nouvelle offensive d'envergure. Quang Tri, Huê, Da Nang sont abandonnées presque sans combat. Thiêu quitte le pouvoir au profit de Minh (21 avril). Les blindés nord-vietnamiens mettent fin à des tentatives de négociations en entrant à Saigon le 30 avril 1975. La réunification s'est réalisée sans la réconciliation promise, et la soumission du Sud à la férule du Nord s'est traduite par les drames de la rééducation et de l'émigration des boat people

 

La Guerre Stratégique Du Vietnam ( source knol.google.com) 

En 1955 Diem (Chef du Vietnam du Sud) installe un régime dictatorial soutenu par les américains, qui veulent éviter l'expansion du communisme. Diem fait plusieurs erreur par la suite ce qui provoque les militants de l'ancien Viêt-Minh à reprendre les armes. Les Origines Stratégique  Du Conflit

Chronologie Des Événements Stratégique

Les Affrontements Stratégique

Bilan Stratégique  De La Guerre

Leçons Stratégique  De La Guerre 

Les Origines Stratégique  Du Conflit

Suite à la guerre stratégique  d'Indochine (1946-1954), qui opposa les Français à la Ligue pour l'indépendance du Vietnam, vont être signé le 8 mai 1954 les accords de Genève qui vont mettre fin à cette guerre (anti-paix)  . Ces accords vont reconnaître l'indépendance du Laos, du Cambodge et du Vietnam, mais ni les Etats-Unis ni le Vietnam du Sud ne vont les signer. Ce qui provoque une cassure entre le Vietnam du Nord et celui du Sud.

 Chronologie Des Événements Stratégique 

- 8 mai 1954 : accords de Genève (fin de la guerre (anti-paix)   stratégique  d'Indochine

- 1961 : premières attaques du F.N.L

- 22 novembre 1963 : mort de Kennedy, Johnson lui succède

- Fin 1963 : 2 destroyers américains sont attaqués par des Nord-Vietnamiens, les USA entrent réellement en guerre (anti-paix) 

- 1965-68 : les USA lancent l'opération "Rolling Thunder" (bombardement intensif du Vietnam du Nord)

- Janvier 1968 : offensive du Têt (attaque des Viêt-Congs contre les bases américaines)

- 1969 : premier rapatriement de soldat américain

- 1970 : tentative américaine de couper la piste Hô Chi Minh mais en vain. Retrait des troupes américaines, seul une aide aérienne des USA reste

- 1970-72 : plusieurs pourparlers de paix ne donnent rien ce qui provoque plusieurs bombardements américains

- 1972-75 : plusieurs attaques Viêt-Congs réponse des USA par des raids aériens

- 30 avril 1975 : prise de la ville de Saigon par les Nord-Vietnamiens, fin de la guerre (anti-paix)  .

Les Affrontements

En 1961, bien qu'ils soient sept à huit fois moins nombreux le F.N.L (Front National de libération) contrôle le tiers des terres Sud-Vietnamiennes. Les années suivantes de nombreux soldats nord-vietnamiens viennent en aide aux F.L.N. ce qui équilibre les troupes.

En novembre 1963, suite au coup d'Etat des Sud-Vietnamiens, dix gouvernements se succèdent, mais aucune n'arrive à régler le problème. Les Viêt-Congs profite de ces conflits pour affaiblir leurs lignes. Le 22 novembre Kennedy meurt et son successeur Lyndon Johnson "profite" de l'attaque de deux destroyers américains par des Nord-Vietnamiens pour intensifier la participation américaine à la guerre (anti-paix)!

Dès 1965 Johnson lance l'opération "Rolling Thunder" qui consiste à un bombardement massif du Vietnam du Nord et cela jusqu'en 1968. Plus de 500 000 soldats américains sont au Vietnam en 1968. En janvier le FNL attaque les bases américaines (l'offensive du Têt). Cette attaque Nord-Vietnamienne sera conclue par un échec, mais les américains comprennent que la guerre (anti-paix)   stratégique  sera longue et va coûter cher en vie humaine et en argent. Le 31 Mars Johnson annonce l'arrêt des bombardements. Richard Nixon lui succède et annonce que 25 000 soldats seront rapatriés en début 1969, alors que 65 000 autres rentreront à la fin de l'année. Malgré ce retrait de troupe américaine et la mort du président Nord-Vietnamien (Hô Chi Minh), les Vietnamiens du Nord refusent tout pourparler de paix, car ils veulent que tous les américains quittent le sol Vietnamien pour accepter un cessez-le-feu. En 1970 les américains tentent une dernière offensive pour couper la piste Hô Chi Minh mais en vain. Ils se retirent trois mois après, en ne laissant qu'une couverture aérienne au Sud-Vietnamiens.Par la suite plusieurs négociations ne donnent rien, ce qui provoque une intensification des bombardements américains, mais les Viêt-Congs résistent et lance une attaque en 1972. Les USA répondent par de nouveau raids aériens. La guerre (anti-paix)   stratégique  se poursuit jusqu'au 30 avril 1975, date de la prise de la ville de Saigon par les troupes Nord-Vietnamiennes.Bilan Stratégique  De La Guerre - USA : plus de 55'000 morts et cette guerre (anti-paix)   stratégique  leur aura coûté plus de 300 milliards de dollars.

- Vietnam du Sud: plus de 200'000 morts

- Vietnam du Nord : plus de 725'000 morts et plus 5,5 millards de dollars auront été dépensés par la république démocratique du Vietnam.

Leçons Stratégique  De La Guerre 1- Au-delà des capacités morales, une tradition militaire : pour justifier la victoire du Vietnam sur les Etats-Unis, l’on invoque le courage, l’abnégation, l’intelligence des soldats vietnamiens, mais ces qualités ne manquaient pas chez l’adversaire. La différence, c’est cette tradition militaire du Vietnam qui s’est formée au contact de l’empire chinois. La Chine, surpuissante et massive, a pendant des millénaires envahi périodiquement le Vietnam. Pour préserver son identité, celui-ci a dû mener de façon répétée la « guerre (anti-paix)   stratégique  du faible contre le fort ».

2- La mobilisation des masses : L’art militaire reposait sur une mobilisation de la population par la manipulation des symboles de la légitimité.

3- La guerre (anti-paix)   stratégique  d’usure : Contre l’adversaire américain, l’armée (militaire) du Vietnam menait une guerre (anti-paix)   stratégique  d’usure du matériel et du moral adverse. Car, face à la posture statique des troupes américaines, jouer de la mobilité, choisir le terrain d’affrontement, conjuguer au mieux tactique et météorologie… ont été  des modes d’action adaptés et qui ont fait mal à l’adversaire, physiquement et psychologiquement.

4- La puissance de l’opinion publique : La guerre (anti-paix)   stratégique  du Vietnam a été perdue car l’opinion publique dans son ensemble s'est retournée contre les exactions américaines, et surtout contre les pertes croissantes dans les effectifs américains.

La guerre du Vietnam: source encyclopedie Canadienne

La guerre du Viêt-nam plonge ses racines dans la conquête coloniale de l'Indochine par la France au milieu du XIXe siècle et les mouvements nationalistes qui s'élèvent pour la combattre. Le 2 septembre 1945, à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, la République démocratique du Viêt-nam est proclamée pays indépendant par Hô Chi Minh; sa capitale est Hanoï. La tentative française de reconquérir le Viêt-nam aboutit, le 2 mai 1954, au désastre dans la vallée de Dien Bien Phu. Les Accords de Genève conclus en juillet prévoient un cessez-le-feu et une ligne de démarcation militaire temporaire établie au 17e parallèle, en attendant la tenue d'élections nationales sur la réunification prévues en juillet 1956. Les efforts déployés par l'Occident pour diviser le pays en permanence en créant une république vietnamienne à Saigon, et le refus de tenir les élections promises mènent à la rébellion dans le Sud du pays, à une intervention militaire massive des États-Unis et, pour finir, à la guerre civileL'échec de la politique des États-Unis devient manifeste en février 1968, quand 525 000 soldats américains n'arrivent pas à stopper l'Offensive du Têt menée par les rebelles. Les Accords de Paix de Paris, signés en janvier 1973, maintiennent l'unité et l'intégrité territoriale du Viêt-nam et prévoient le retrait méthodique des troupes américaines, la libération de 200 000 détenus civils et prisonniers de guerre et l'organisation d'élections libres et démocratiques dans le Viêt-nam du Sud. Le refus de mettre en oeuvre ces dernières conditions provoque une insurrection armée, et Saigon tombe le 30 avril 1975. Le bilan de la guerre est stupéfiant : 1,7 million de morts, 3 millions de blessés et de mutilés et 13 millions de réfugiés. Les États-Unis larguent 7 millions de tonnes de bombes et 75 millions de litres d'herbicide, et perdent 10 000 hélicoptères et avions militaires. Quelque 56 000 soldats américains sont tués et 303 000 blessés. Le coût direct de la guerre s'élève à 140 milliards de dollars et les coûts indirects sont évalués à 900 milliards.

Au cours de la période allant de 1954 à 1975, le Canada siège à deux commissions internationales de trêve et offre des fournitures médicales et une assistance technique. Des diplomates canadiens participent aux négociations entre Washington et Hanoï, et plusieurs gouvernements canadiens, libéraux comme conservateurs, soutiennent à tour de rôle que le Canada est un gardien de la paix impartial et objectif, un spectateur innocent et secourable qui participe aux efforts de négociation de la paix et apporte son aide aux victimes de la guerre. Toutefois, les documents du Cabinet, le procès-verbal sténographié des commissions de trêve et certains câblogrammes ultra-secrets du gouvernement américain révèlent que le Canada est l'allié empressé des mesures anti-insurrectionnelles préconisées par les États-Unis.

Le Canada adopte au sein des commissions de trêve une position partisane qui repose sur la présomption de la culpabilité de Hanoï et de l'innocence de Saigon. Cette position vise à discréditer le Viêt-nam du Nord tout en déchargeant le Sud de son obligation d'observer les Accords de Genève. Les délégués canadiens font de l'espionnage pour le compte de la Central Intelligence Agency et contribuent à l'introduction clandestine d'armes et de personnel américains dans le Viêt-nam du Sud, tout en faisant du repérage pour les bombardiers américains qui survolent le Nord. Les membres canadiens des commissions cachent à l'enquête publique le programme de défoliation chimique entrepris par les États-Unis, répercutent les menaces américaines d'étendre la guerre jusqu'à Hanoï et rédigent des rapports justifiant la violation des Accords de Genève et les attaques aériennes menées par les États-Unis au Viêt-nam du Nord. Ottawa soutiendra par la suite que ces actions étaient un contrepoids nécessaire aux activités des pays du bloc de l'Est, également membres des commissions de trêve.

Pendant la guerre, l'aide canadienne est destinée uniquement au Viêt-nam du Sud. De 1950 à 1975, 29 millions de dollars sont ainsi acheminés par l'intermédiaire du PLAN DE COLOMBO et de la Croix-Rouge canadienne. Malgré son apparence humanitaire, l'aide canadienne fait partie intégrante du Free World Assistance Program coordonné par le US Department of State de concert avec l'International Security Office du Pentagone, qui sert de point de contact. Sur le terrain, l'aide financière canadienne est régie par le US-RVN Health Defense Agreement et administrée par la International Military Assistance Force Office de Saigon. À plusieurs reprises, Ottawa fait obstacle à l'envoi d'aide médicale oecuménique aux victimes civiles de la guerre au Viêt-nam du Nord.

Chez nous, 500 sociétés vendent au Pentagone du matériel de guerre (munitions, napalm, moteurs d'avion et explosifs) d'une valeur de 2,5 milliards de dollars sans compter les 10 milliards de dollars d'exportations d'aliments, de boissons, de bérets et de bottes pour les troupes américaines, et de nickel, de cuivre, de plomb, de laiton et de pétrole destinés aux douilles, au câblage, au blindage et au transport militaire. Au Canada, le chômage atteint un minimum record de 3,9 p. 100, le produit intérieur brut s'accroît de 6 p. 100 par année et les dépenses en immobilisations dans les secteurs de la fabrication et de l'exploitation minière connaissent une croissance exponentielle, car les entreprises américaines investissent plus de 3 milliards de dollars au Canada pour compenser la diminution de la capacité nationale de production par suite de la guerre. Avant d'être utilisé au Viêt-nam, le produit herbicide « agent Orange » est testé à la base militaire de Gagetown (Nouveau-Brunswick). Les pilotes de bombardiers américains s'entraînent au bombardement en tapis dans le ciel de Suffolk (Alberta) et de North Battleford (Saskatchewan) avant de se rendre en Asie du Sud-Est. Les résultats de la seule initiative de paix couronnée de succès à Hanoï, celle du diplomate canadien Chester RONNING, sont tenus secrets pour ne pas nuire aux relations officielles entre les États-Unis et le Canada. Durant la guerre, 10 000 jeunes Canadiens combattent au sein des forces armées américaines. Cependant, 20 000 insoumis et 12 000 déserteurs de l'armée américaine se réfugient au Canada. Voir aussi AMÉRICAINS; LETT , Sherwood; SEABORN, James B.

Auteur VICTOR LEVANT

Vietnam: Cinquante cinq jours qui étonnèrent le monde: source Humanité.fr

Par Jean-Emile Vidal, ancien correspondant de guerre de « l’Humanité » au Vietnam

LE 30 avril 1975, après cinquante-cinq jours d’une campagne éclair des forces de libération, le Vietnam retrouvait enfin la paix et l’indépendance. Le régime de Saigon installé par les gouvernants français, relayés par les Américains, s’effondrait. Une semaine après la victoire, le colonel Nguyen Dinhuoc m’a dit, en confidence, les circonstances de cette bataille décisive…

La phase finale de la guerre atroce imposée au peuple vietnamien a commencé au début de mars avec la chute soudaine de Ban Me Thuot, chef-lieu de la province de Bac Lac, située à vol d’oiseau à 300 kilomètres au nord de Saigon.

« L’armée de Saigon ne s’attendait pas à l’attaque d’une ville où stationnait une division, la 23e. Nous avons été nous-mêmes surpris, mais avons pris la dimension de l’événement. Nos forces ont alors attaqué deux autres villes plus au nord, Pleiku et Kontum, abandonnées par le général de brigade Pham Van Phu, qui commandait la 2e région militaire. Le dispositif des hauts plateaux était brisé.

« Et lorsque nous avons coupé la route no 7, la grande voie de communication, à Phu Bon, près de la côte, la panique et le désordre se sont répandus dans l’armée saigonaise. Nous avons de suite attaqué et libéré, plus au nord, les grandes cités de Huê et Da Nang. Cette dernière était, après Saigon, le plus grand complexe militaire du Sud, avec quelque 100.000 hommes.

« Nous avions certes des troupes en réserve. Mais nous avons compris que l’autre facteur de succès était la force de la résistance populaire à l’intérieur des villes, qui démoralisait l’adversaire.

« Nous avions appris depuis longtemps, depuis le combat contre la colonisation française, que lorsque l’occasion se présente, il faut la saisir de suite. Aussi avons-nous décidé, assurés de l’appui de la population, de progresser rapidement sur Saigon en employant toutes nos réserves stratégiques.

« La population nous a beaucoup aidés. Elle dissuadait les groupes de militaires saigonais d’engager le combat, et nous-mêmes l’évitions quand nous rencontrions des unités sur notre route. Notre objectif était d’atteindre Saigon au plus tôt, et de préserver nos forces jusque-là. »

A Saigon, les Américains évacuaient en hâte leur ambassade. On se souvient des scènes de panique diffusées par les télévisions, des gens qui s’accrochaient aux patins des hélicoptères, ou qui se jetaient à l’eau pour grimper sur des bateaux surchargés.

Ce que l’on ne disait pas, c’est que ces quelques milliers de fuyards ne partageaient nullement l’état d’esprit général de la population : collaborateurs des services américains, policiers, tortionnaires, gradés de l’armée ou fonctionnaires du régime fantoche, spéculateurs enrichis par la guerre, ou intoxiqués par la propagande qui annonçait un « bain de sang », alors qu’allait prendre fin la tuerie qui avait fait des millions de victimes vietnamiennes.

J.-E. V.

Un souvenir inoubliable ( source Vietnam illustré)

Dans sa carrière militaire, le général Pham Xuân Thê, commandant de la 1ère Zone militaire, a participé à d’importantes campagnes comme celle de Khe Sanh (1968), celle du Nord de Quang Tri (1970-1971), la libération de Quang Tri en 1972… Mais, c’est la campagne Hô Chi Minh au cours de laquelle lui et ses compagnons d’armes firent prisonnier le cabinet de Saigon présidé par Duong Van Minh qui restera pour le général Pham Xuân Thê le souvenir le plus fantastique de sa vie militaire. Il se le rappelle:

  Dans sa carrière militaire, le général Pham Xuân Thê, commandant de la 1ère Zone militaire, a participé à d’importantes campagnes comme celle de Khe Sanh (1968), celle du Nord de Quang Tri (1970-1971), la libération de Quang Tri en 1972… Mais, c’est la campagne Hô Chi Minh au cours de laquelle lui et ses compagnons d’armes firent prisonnier le cabinet de Saigon présidé par Duong Van Minh qui restera pour le général Pham Xuân Thê le souvenir le plus fantastique de sa vie militaire. Il se le rappelle:Le 30 avril 1975 à 8 heures, mon unité traverse le pont de Saigon et entre dans la ville. A neuf heures, nous arrivons au carrefour Hang Xanh, au pont Thi Nghe, puis au Jardin botanique et zoologique. Les chars et véhicules motorisés des troupes de libération foncent à tout allure en direction du Palais de l’Indépendance où à l’arrivée, le char 390 commandé par Vu Dang Toan défonce la grille d’entrée et s’arrête dans la cour, suivi de près par ma jeep. Je me précipite vers le palais pour planter le drapeau, ne sachant pas que le cabinet de Duong Van Minh s’y trouve réunis au complet en présence de plusieurs journalistes étrangers. Arrivé au premier étage, je rencontre un homme qui se présente comme “général Nguyên Huu Hanh, assistant du Président Duong Van Minh”. “Tous les membres du cabinet de Duong Van Minh sont présents dans la salle de réunion. Je vous prie d’entrer me dit-il”. Lorsqu’il m’apperçoit, Duong Van Minh me dit: “J’ai appris que les troupes de libération sont en train d’entrer dans la ville. Je les attends pour procéder à la passation des pouvoirs.”En tant que vainqueur, je lui réponds: “Vous êtes faits prisonniers. Vous devez déclarer votre capitulation sans condition. Pas question de passation des pouvoirs”. J’ordonne à Duong Van Minh et Vu Van Mâu de passer à la station de radiodiffusion. Mais Duong Van Minh a peur d’y aller. Je lui dis que les troupes de libération occupent déjà la ville. Après quelques minutes de délibération, Duong Van Minh et Vu Van Mâu acceptent de monter dans ma jeep. Arrivé à la radio, je les conduis au studio d’enregistrement rédige la déclaration de capitulation: “Moi, général Duong Van Minh, Président de l’administration de Saigon, déclare me rendre sans condition devant les troupes de libération. J’ordonne aux autorités des échelons central régional de déposer les armes et de les remettre aux autorités révolutionnaires”. Ensuite, je donne ce texte à Duong Van Minh pour qu’il le lise. Mais il me dit: “Je n’arrive pas lire votre écriture, je vous prie de me dicter le texte pour que je l’écrive moi-même. Il prend son stylo et une feuille de papier et se met à copier la déclaration de capitulation en supprimant le mot “Président”. Il explique: “Je suis général et non Président. Comme monsieur Huong s’est enfui, j’ai dû me charger de cette fonction”. Je réplique: “Que vous effectuiez cette fonction pendant une journée ou une heure, vous êtes toujours Président”. Il finit par copier la déclaration en entier. Je la lui fais lire deux fois avant d’enregistrer sa voix. Mais notre magnétophone est détraqué. Heureusement, un journaliste ouest-allemand nous prête le sien et l’affaire est réglée. Entre-temps, un militaire de l’armée de libération de grande taille m’approche et me demande à voix basse: “Qui êtes-vous?”. Je réponds: “Je m’appelle Pham Xuân Thê, chef du groupement Dông Son (surnom du régiment 66)”. “Bui Tung – il se présente -, lieutenant-colonel, commissaire politique de la brigade 203”. Après un rapide échange d’idées entre nous deux, Bui Tung, au nom de l’Armée de libération du Sud Vietnam, déclare accepter la capitulation de Duong Van Minh. Le 30 avril à 14 heures, Duong Van Minh et son cabinet sont conduits auCommandement du 2e corps d’armée.Trent ans ont passé, mais je me rappelle toujours cet événement avec émotion et fierté. J’ai l’impression d’avoir fait un beau rêve. J’avais alors 27 ans. Texte: Hoang Chuong – Photos: Hoang Ha

 

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