Accord UE-Vietnam : « Le potentiel économique est considérable »

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Accord UE-Vietnam : « Le potentiel économique est considérable »

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  L'accord commercial entre l'UE et le Vietnam doit supprimer 99% des droits de douane.
 
L'accord commercial entre l'Union européenne et le Vietnam a été signé le 30 juin à Hanoï. Il doit permettre de supprimer 99% des droits de douanes sur les échanges de biens entre les deux pays. L’analyse de Cynthia Kalasopatan, économiste chez Rexecode.
 
Pourquoi l’Europe se tourne-t-elle vers le Vietnam ?

Cynthia Kalasopatan : Le potentiel économique de l’Asie est considérable pour l’Union européenne. L’accord de libre-échange avec le Japon est entré en vigueur en février dernier, celui avec la Corée du Sud quatre ans plus tôt, et celui avec Singapour est en cours de ratification. En se rapprochant du Vietnam, l’UE va se renforcer un peu plus dans la région. C’est un accord assez complet qui a été signé avec Hanoï, qui vient renforcer les liens économiques et faciliter l’accès au marché vietnamien, mais compte aussi des volets sur l’environnement, les normes et les réglementations, les services, l’investissement ou la propriété intellectuelle.
 
Entre Bruxelles et Hanoï les relations commerciales se sont fortement renforcées ces dix dernières années. Entre 2009 et 2018, en valeur, les exportations du Vietnam vers l’Europe ont été multipliées par quatre. C’est encore plus parlant si l’on tient compte d’une période plus longue : elles ont été multipliées par 45 depuis 1996. Ce sont avant tout des biens et des machines qui partent vers l’Europe. Samsung, par exemple, assemble une grande partie de ses smartphones au Vietnam. Il y a eu une vraie montée en gamme des produits « made in Vietnam » depuis les années 2010.
 
Cet accord ne vient-il pas aussi contrebalancer les tensions commerciales et le ralentissement économique mondial ?
 
Cynthia Kalasopatan : C’est un signal assez fort dans le contexte actuel. Depuis l’ouverture de son économie dans les années 1980, le Vietnam reste l’une des économies les plus dynamiques en Asie. Sa croissance a dépassé 6% ces dernières années, et devrait rester au même niveau pour l’année en cours et la suivante. Cela montre que, malgré le ralentissement attendu du grand voisin chinois, l’économie vietnamienne fait preuve de résilience. Mais cela ne sera pas sans aucun effet : la Chine représente 18% des exportations vietnamiennes, une demande chinoise en berne aura sans aucun doute un impact.
 
D’autant que l’effet sur le Vietnam de la guerre commerciale est difficile à anticiper. Le Vietnam, bien positionné pour accueillir des industries chinoises en cas de relocalisations, pourrait en bénéficier : les exportations vers les Etats-Unis ont en effet fortement progressé ces trois derniers mois. Doit-on s’attendre à une réorientation d’une partie des échanges au profit du Vietnam ? Ce n’est pas sûr. Le pays ne sera pas forcément gagnant. La relation avec la Chine reste très étroite. Les entreprises chinoises importent une grande quantité de biens intermédiaires du Vietnam qui pourrait pâtir, par ricochet, des mesures tarifaires américaines.
 
L’Europe avait échoué à conclure un accord avec l’ensemble des pays de l’Asean. L’accord avec le Vietnam, après celui signé avec Singapour en octobre dernier, est-ce une manière de s’y atteler brique par brique ? Bruxelles serait aussi en discussion avec l’Indonésie et les Philippines.
 
Cynthia Kalasopatan : Cela pourrait ouvrir la voie. L’Asean [qui regroupe l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines, Singapour, la Thaïlande, Brunei, le Vietnam, le Laos, la Birmanie et le Cambodge] n’est pas au même niveau d’intégration économique que l’Union européenne. Ce sont des économies assez diverses, à des niveaux de développements différents, et donc des intérêts qui ne convergent pas encore. Conclure un accord avec le bloc reste difficile sur le plan logistique.
 
Les pays membres ont signé l’accord AEC (« Asean Economic Community ») qui est entré en vigueur en 2016 et qui devrait emmener vers une intégration économique plus poussée à l’horizon 2025, avec notamment un abaissement des droits de douane. Mais le travail est loin d’être achevé sur les autres volets portant sur l’investissement, les services et la mobilité du travail. L’organisation ne parvient pas encore à parler d’une seule voix. C’est plus simple de signer un accord pays par pays.
 
(Source info: bfmbusiness.bfmtv.com)
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