Accords de Paris. Guerre et paix au Vietnam

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Accords de Paris. Guerre et paix au Vietnam

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  Les négociations s’ouvrent le 25 janvier 1969 à Paris. « Un dialogue de sourds », commentait un délégué. Archive/AFP
 
Après plusieurs mois de pourparlers en vue de préparer la conférence de Paris, des négociations s’engagent le 25 janvier 1969. Elles se retrouvent très vite au point mort et nécessitent le recours à des discussions « secrètes »...
 
En décembre 1967, au Sud-Vietnam, le président des États-Unis, Lyndon B. Johnson, déclare : « L’ennemi n’a pas été battu mais il sait qu’il va rencontrer son maître sur le terrain. » Erreur de jugement. Le 31 janvier 1968, la nuit du Nouvel An lunaire, le Front national de libération (FNL) lance une spectaculaire offensive, prend d’assaut l’ambassade américaine à Saigon, l’aéroport, la radio, fait irruption au cœur des bases militaires. L’opinion américaine et internationale découvre que plus de 600 000 combattants américains et alliés s’enlisent dans le bourbier des rizières.
 
Le gouvernement américain applique sa « théorie des dominos ». Il fait la guerre au Vietnam pour « endiguer la menace communiste ». Après l’arrivée au pouvoir en 1949 de Mao en Chine, suivie de la Corée du Nord puis du Nord- Vietnam il craint un tsunami rouge qui pourrait submerger le Sud-Est asiatique.
 
Pour Hanoi, le combat est celui de l’indépendance nationale, qui passe par la réunification du pays. Il ne s’agit pas d’une guerre « au nom du communisme ». Si, dès le début du conflit, Moscou et Pékin soutiennent le Nord-Vietnam, c’est uniquement par des aides logistiques économiques et militaires, sans troupes sur le terrain. Fin mars 1968, deux mois après l’offensive du FNL [Front national de libération], le président Johnson annonce qu’il suspend les bombardements sur le Nord Vietnam, condition posée par Hanoi à l’ouverture de négociations. Des discussions s’engagent à Paris, le 13 mai 1968, entre l’ambassadeur américain Averell Harriman et le ministre nord-vietnamien Xuan Thuy. Les pourparlers s’étirent pendant six mois, Washington ne reconnaissant pas le FNL au Sud-Vietnam et Hanoi récusant le gouvernement de Saigon. La discussion porte sur la forme d’une table de conférence qui doit refléter les discussions politiques sur la représentativité des protagonistes de la guerre. La table sera ronde et réunira sur le même pied d’égalité les quatre délégations représentatives du conflit.
 
Les négociations s’ouvrent le 25 janvier 1969 à Paris. Elles se réunissent tous les jeudis, elles réaffirment leur position et après un court échange critique font une déclaration à la presse. « Un dialogue de sourds », dira un délégué. Nixon, nouvellement élu, veut quitter le Vietnam « dans l’honneur » tout en renforçant le régime anticommuniste de Thieu à Saigon. Ce dernier dit oui aux dollars pour renforcer son armée mais ne veut pas que l’armée américaine quitte le Vietnam. Pour le GRP (gouvernement révolutionnaire provisoire, émanation politique du FLN) et le pouvoir à Hanoi, l’objectif est de mettre fin au régime de Thieu et d’obliger les Américains à quitter le pays. En marge de la conférence de Paris, qui piétine, Hanoi et Washington décident de négocier secrètement. Henry Kissinger, conseiller spécial de Nixon, et Le Duc Tho, membre de la direction du Parti communiste du Vietnam, vont se rencontrer régulièrement à partir de 1970, notamment à Choisy-le-Roi.
 
Arrivée à Paris début mai 1968, la délégation de Hanoi, qui ne supporte pas la vie à l’hôtel, demande au PCF de trouver un logement plus discret, si possible gratuit, à l’abri de toutes pressions extérieures, un lieu où pourront être installés des moyens de transmission avec son pays. La ville communiste de Choisy-le-Roi va l’héberger à l’école Maurice-Thorez, là où le PCF forme ses cadres dirigeants. Des centaines de militants vont s’improviser agents de sécurité, chauffeurs, cuisiniers, femmes de service. De 37 délégués hébergés pour deux mois, ils seront rapidement 70 et resteront cinq ans sous la protection de la population.
 
Ces négociations déboucheront sur un accord de paix qui sera paraphé in fine le 27 janvier 1973 par les quatre délégations. Les États-Unis s’engagent à mettre fin à toute activité militaire et à retirer dans les deux mois la totalité de leurs troupes. Des négociations doivent s’engager au sud entre le gouvernement de Saigon et le GRP « pour constituer un gouvernement de concorde nationale suivi d’élections en vue d’une réunification du pays ». Le conflit s’étant étendu dès le début au Cambodge et au Laos, les accords de Paris précisent que « la neutralité de ces deux pays doit être respectée » et que « les pays étrangers (en) retireront leurs conseillers et troupes militaires ». Pour le pouvoir à Hanoi comme pour le GRP, ces accords sont une victoire. Pendant cinq ans, les avancées et les reculs des négociations auront été intimement liés au rapport de forces militaire sur le terrain, au mouvement pacifiste aux États-Unis et dans le monde, à la situation politique à Washington, dont l’élection de Nixon en 1969 et sa réélection en 1972, et aux manœuvres dilatoires du président Thieu à Saigon.
 
Après le départ des soldats américains, se retrouvent face à face le pouvoir à Saigon et le GRP, qui contrôle avec le soutien de Hanoi plusieurs régions. La guerre va reprendre entre Vietnamiens jusqu’à la capitulation sans condition du gouvernement à Saigon, le 30 avril 1975. Le 2 juillet 1976, le Parlement à Hanoi proclame la réunification du territoire en un seul État, la République socialiste du Vietnam.
 
DANIEL ROUSSEL Ancien correspondant de l’Humanité au Vietnam, au Cambodge, au Laos.
 
(Source info: www.humanite.fr)
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