Christina Noble : au Vietnam, on l’appelle Mama Tina

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Christina Noble : au Vietnam, on l’appelle Mama Tina

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Christina Noble (robe rouge), une rebelle qui s’est mise au service des plus vulnérables

Cette Irlandaise de 70 ans est l’héroïne d’un film qui porte son nom et évoque son histoire, des drames d’une jeunesse misérable à son engagement en faveur des enfants des rues.

On ne doute pas, après avoir vu le film qui lui est consacré et qui sort le 20 mai en salles (en partenariat avec La Croix), que Christina Noble est de ces êtres qui se sont façonnés dans la souffrance, en y puisant force et résolution.

On prend conscience, en l’approchant, que cette soldate de la cause des enfants, née le 23 décembre 1944 dans un quartier pauvre de Dublin, sait aussi manier l’humour, comme pour tenir à distance ces bouffées d’émotion brute qui viennent parfois fêler sa belle voix aux accents rugueux.

Une jeunesse dévastatrice

Derrière le tempérament très affirmé, l’énergie gouailleuse, rôdent encore les fantômes d’une jeunesse dévastatrice. Père alcoolique que seuls les chants de sa fille aînée détournaient de ses accès de fureur ; mère malade, disparue alors que Christina n’avait que 10 ans ; séparation de la fratrie et placement en orphelinat…

À 16 ans, la jeune rebelle s’échappe. Dans la plus grande précarité, sans toit, elle est victime d’un viol et se retrouve enceinte. À nouveau recueillie par des sœurs au sein d’un couvent, elle donne naissance à un fils qui lui sera enlevé par surprise quelques mois plus tard, pour être confié à l’adoption.

Contrairement à Philomena Lee – qui a inspiré le film Philomena de Stephen Frears et qu’elle a rencontrée – Christina Noble n’a jamais pu retrouver la trace de cet enfant, Thomas.

Une foi entière et rude

Chacun de ces drames – et il y en eut d’autres – aurait pu la mettre à terre. C’était sans compter avec cette foi qui, dit-elle, ne l’a « jamais quittée ». Une foi entière et rude, qui a souvent amené cette fervente catholique à interpeller Dieu à haute voix, sur un mode plus proche de « l’engueulade » que de la supplique.

Elle en rit, digresse, s’amuse des questions que les enfants lui adressent parfois au Vietnam : « Qui est ton Bouddha ? » Christina Noble n’en veut à personne : « Ce qui m’est arrivé n’était pas la faute de Dieu ! Et je ne peux pas dire que les religieuses étaient de mauvaises personnes. Elles étaient persuadées d’agir pour le mieux. C’était une autre époque. C’est la manière dont on m’a pris Thomas qui m’a vraiment choquée. On ne m’a pas informée, je n’ai pas une seule photo. Rien. »

Un « rêve » persistant

Christina Noble s’est mariée, a eu trois autres enfants qu’elle a élevés seule : Helenita, Nicholas et Androula. Elle raconte qu’un « rêve » persistant l’a poussée, en 1989, à prendre la direction du Vietnam, dont elle savait très peu de chose. Elle y a découvert la réalité des enfants des rues et y a ouvert, en 1991, un premier centre de soins.

Le film se concentre sur ce moment : comment le déclic se fit en elle, comment celle que ses petits pensionnaires surnomment « Mama Tina » comprit qu’elle était venue pour eux, comment elle fut prise de vertige devant l’ampleur de la tâche à accomplir, face à des autorités locales méfiantes, pour ne pas dire hostiles… L’actrice irlandaise Deirdre O’Kane lui prête ses traits avec beaucoup de conviction.

> Voir la bande annonce du film

Elue « Femme de l’année » en 2000

Plus de cent projets ont vu le jour depuis, au Vietnam mais aussi en Mongolie, grâce à la Christina Noble Children’s Foundation. « Nous sommes déjà venus en aide à 700 000 enfants de manière individuelle, ainsi qu’à 300 000 familles, précise-t-elle. Notre action repose sur trois piliers : la nourriture, la santé et l’éducation. »

Avec pour maîtres mots un amour « inconditionnel », le « respect » de leur culture et de leur « dignité ».

Élue « Femme de l’année » en Irlande en 2000, nommée par Time Magazine en 2003 parmi les « 36 héros qui inspirent le monde », décorée en Grande-Bretagne par le prince Charles, « Mama Tina » poursuit son œuvre, aidée par Helenita – qui a hérité de ses dons de chanteuse – et Nicholas. Androula est devenue psychologue pour enfants.

Autant de vies vouées à la réparation.

(Source info: www.la-croix.com)

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