De Hanoï à Halong : 1 922 km à moto pour dix Réunionnais

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Tourisme

De Hanoï à Halong : 1 922 km à moto pour dix Réunionnais

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Avec du recul, c’est finalement sans trop de difficultés que le groupe de dix motards partis de la Réunion a sillonné il y a quelques mois près de 2 000 km de routes vietnamiennes, sur une boucle Hanoï-Sapa-Ha long-Hanoï, dans le Nord Vietnam.

Découvrir le Vietnam en moto est idéal, pour voyager en symbiose avec les habitants. On dit qu’il y aurait presque autant de deux-roues que de Vietnamiens dans ce pays... et ils sont 86 millions d’habitant. On estime aussi à 25 millions le nombre de motos. La voiture particulière reste un luxe réservé aux plus riches et aux officiels. Chaque famille s’endette pour s’offrir un cyclomoteur, bien que les importations de motos chinoises permettent à un plus grand nombre de personnes de s’acheter cet objet indispensable à la vie quotidienne. Tout le monde se déplace en deux-roues, de l’écolier à l’étudiant, à l’ouvrier, au fonctionnaire et au commerçant. D’ailleurs, les scooters et les motos permettent de transporter facilement tout type de marchandises, frigo, télévision, cargaison de cochons roses bien gras, mais aussi des familles entières de trois à cinq personnes ! Le problème du nombre croissant de deux-roues, de la pollution sonore et atmosphérique qu’elle engendre, des embouteillages indescriptibles est cependant une préoccupation majeure des autorités, qui tentent de familiariser la population aux transports en commun.

C’est loin d’être gagné, car les scooters, motos (en général des Honda, Suzuki, Yamaha, SYM… de 50 CC à 250 CC) et même les motos et vélos électriques, répondent à plus de 80 % aux besoins de déplacement des habitants. Les Vietnamiens sont attachés à ce confort de pouvoir rejoindre tout lieu rapidement et à tout moment du jour et de la nuit et ont perdu au fil du temps l’habitude de marcher, même sur de courtes distances. Les Français qui travaillent dans ce pays et que nous avons rencontrés là-bas, ont d’ailleurs la plupart opté pour un scooter ou une moto. Une avancée cependant, la réglementation est désormais plus stricte sur le port du casque, presqu’inconnu il y a quelques années (3 % seulement des conducteurs avaient un casque…). Depuis la fin 2007, le port du casque est devenu obligatoire et les cyclomotoristes qui n’en portent pas se font verbaliser. 11 000 décès avaient été en effet causés par des traumatismes crâniens à la suite d’accident impliquant un deux-roues, pour la seule année 2006.

L’accueil de l’étranger

Tout au long de notre périple et comme bien souvent dans les pays que nous avons traversés à moto, les motards sont salués chaleureusement par les personnes rencontrées ou créent l’événement lors des différentes haltes dans les villages, cafés ou épiceries locales. Outre le fait qu’il n’est pas si fréquent de voir des touristes voyager à moto, peu courantes aussi sont ces motos Minsk, pour les Vietnamiens qui roulent principalement en scooter. A Hanoi - point de départ de notre expédition et grande ville de la région Nord (6 millions d’habitants), qui correspond à ce que les Français de l’époque coloniale appelaient le Tonkin - la circulation nous laisse tout de même perplexes : les flots entiers de scooters et de vélos qui se croisent dans tous les sens, le font avec toutefois une grande harmonie et une habitude, qui laisse toute sa place au piéton. En dehors des grandes villes, le principal danger reste les traversées de vaches et de buffles, que les paysans accompagnent d’une rizière à une autre. L’accueil et le sourire des personnes croisées au hasard de la route nous marqueront tout au long de ce séjour, à la rencontre des minorités ethniques. Les rizières et les montagnes nous offrent, dès que nous quittons la monotonie des grands axes routiers, des paysages verdoyants. Au fil des jours, le voyage devient enchantement et les haltes pittoresques “chez l’habitant”, seuls points d’hébergements possibles, nous transportent dans un autre temps. Dans une case sur pilotis, surplombant en général de belles rizières, nous ne pouvons déroger chaque soir au traditionnel verre d’alcool de riz, qui précède un copieux repas. Sur la piste (que notre guide choisit comme raccourci….) qui alterne avec les belles routes bitumées, les villageois qui s’activent dans les rizières nous offrent de belles scènes de vie.

Un plongeon dans la mer de Chine (1)

A partir de Bac Ha et jusqu’à Sapa, villes de montagne, le paysage et la population changent…Ce peuple des montagnes est vêtu de magnifiques costumes traditionnels colorés et produit un artisanat de qualité, dont raffolent les touristes.En fin de circuit, nous atteignons Ninh Binh et notre ville étape Tam Coc, située dans ce que l’on nomme la “baie d’Along terrestre”. Les nombreuses collines calcaires donnent à ce site un aspect mystérieux, empreint de sérénité, avant-goût de la célèbre baie d’Along, notre étape finale où des centaines de jonques attendent les touristes pour un circuit de deux jours/une nuit bien rôdé. Ce site, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, reste enchanteur malgré tout et le plongeon depuis notre embarcation dans la mer de Chine, un vrai délice après tous ces kilomètres parcourus. Après 17 jours de périple, voici venu le temps du retour sur Hanoï. Les villas urbaines colorées longilines à deux ou trois étages (coût du terrain oblige), qui bordent la route jusqu’à la capitale, ont toutes en commun d’arborer le drapeau national, rouge, centré d’une étoile dorée. Le Vietnam dont l’histoire douloureuse est assez récente est resté très patriote. Pays en pleine mutation, le Vietnam conserve le paradoxe du développement d’une économie capitaliste aux côtés d’une idéologie marxiste, qui en fait l’une des dernières terres communistes au monde. L’oncle Hô, comme on le dit du père de la nation, son libérateur, Hô Chi Minh, restera pour toujours cher au cœur des Vietnamiens. Depuis 1986, les Vietnamiens ont de nouveau accès à la propriété et aspirent à une vie meilleure, avec un travail. Mais l’accueil, la spiritualité, le culte des ancêtres restent pour ce peuple, riche de 83% de jeunes, des valeurs très présentes. Chaque maison possède son autel. La principale religion est le caodaïsme (2), qui intègre le bouddhisme, le taoïsme et le confucianisme. Les Vietnamiens tirent de cette spiritualité très marquée leur  force morale qui les a soutenus au cours de leur longue et tragique histoire. Notre guide et ami, Chi N’Guyen, nous reverra dans ce pays attachant, plein de couleurs, de saveurs et de sourires d’enfants rieurs, c’est certain…

Texte : Sophie Vallée Photos : Sophie Vallée et Joël Fort/Motoland Aventure

(source media: www.clicanoo.re)

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Notes NDLR:

(1) Au Vietnam on l'appelle Biển Đông (Mer de l'Est ou Mer Oriental), pour les Philippines c'est la Mer Occidentale des Philippines.

(2) Il s'agit de Tam Giao ("Trois Religions", ou plutôt "Trois Doctrines") associant confucianisme, taoïsme, et bouddhisme. Le caodaïsme a été fondé au début des  années 1920, c'est une religion locale (notamment dans la région de Tây Ninh au sud Vietnam).

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