Deux écrits de deux diplomates

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Deux écrits de deux diplomates

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(Par Huu Ngoc, Courrier du Vietnam) - Le hasard est le plus grand romancier du monde", cette remarque de Balzac m'est revenue lorsque j'ai reçu 2 écrits de 2 diplomates, l'un Américain l'autre Vietnamien. L'un et l'autre avaient chacun de son côté œuvré pour l'établissement des relations diplomatiques entre les États-Unis et le Vietnam après une guerre de 10 ans.

Desaix Anderson m'a envoyé An Américan in Hanoi (East Bridge, New York-2002) et Trần Quang Cơ Thê gioi do dây (Çà et là, de par le monde, manuscrit en vietnamien), 2 ouvrages conçus différemment.

Desaix Anderson, écrivain et artiste, était chargé d'affaires de l'ambassade américaine à Hanoi, au cours des années 1995-97. Richard C.Holbrooke, préfacier de son livre, a écrit à ce sujet : "En 1995, on lui a offert une nomination (?) dont rêvent tous les diplomates : ouvrir un nouveau poste. Et encore, pas n'importe où, mais à Hanoi ! Desaix était l'homme qu'il fallait à l'endroit qu'il fallait. Un homme doux et pensif, animé d'un vif désir de comprendre le point de vue des autres. Desaix a écouté, voyagé et appris. Il discutait les problèmes divergents. Il cherchait des moyens pour convaincre Washington au sujet des changements au Vietnam et expliquer à Hanoi les réalités de la politique américaine... Son récit attrayant profite aux chercheurs axés sur le Vietnam moderne et à tous ceux intéressés par la carrière diplomatique".

Le commun des lecteurs y trouve son plaisir en y suivant les péripéties d'un récit personnel, en y découvrant le portrait du Vietnam contemporain sous tous ses aspects, politique, économique, social et psychologique. "Vietnam : A Country, Not a War", titre le premier chapitre du livre.

Au cours des dernières années, Desaix Anderson a organisé plusieurs Global Summer Seminars à Hanoi pour des étudiants de l'Université Princeton. Il m'a invité à y faire un exposé sur "Trois mille ans de culture vietnamienne", ce qui nous a permis de cimenter notre amitié.

Par contre, Trần Quang Cơ, l'auteur de Çà et là, de par le monde, est un ami des miens de longue date. Nous avions servi dans l'armée pendant la Première Guerre d'Indochine. Après Diên Biên Phu, chacun a fait son chemin. Il a participé activement aux négociations de Paris aboutissant aux accords de 1973 qui marquèrent le retrait américain. Il a ensuite occupé plusieurs postes-clé aux Affaires étrangères : ambassadeur en Thaïlande, chef du Département Amérique du Nord, vice-ministre des Affaires étrangères, déclinant les fonctions deministre pour prendre sa retraite.

Trần Quang Cơ a écrit Çà et là, de par le monde pour lui-même et ses proches et amis et non pour la publication. Il dit ses intentions en termes touchants dans la préface qui commence par 2 vers ironiques :

"Vieillissant, on se remémore ses multiples randonnées, Naguère toujours en route, aujourd'hui assis sans cesse au coin du feu".

Il continue : "Voilà que j'écris encore sur le passé. Pourquoi ne pas écrire sur le présent et l'avenir ? C'est que mon présent et mon avenir n'en valent pas la peine. Certes, le présent et l'avenir de notre société et du monde abondent en problèmes préoccupants, mais je ne me sens plus en mesure de les aborder. Force m'est de revenir au passé... Mais je dois dire en toute franchise que la clé de ma mémoire, rouillée par le temps, a été en plus affectée par un infarctus du myocarde, d'où une certaine déficience de la pensée et de la mémoire. J'ai bénéficié du soutien de la documentation, mais il m'a fallu de rudes coups de collier pour pouvoir accoucher ces pages.

Pour écarter le pessimisme et me consoler, j'ai employé mon temps d'oisiveté à me remémorer et rédiger ces mémoires insipides".

Çà et là, de par le monde ne touche en passant qu'aux questions politiques et diplomatiques que Cơ a traitées ailleurs.

C'est en touriste avisé qu'il partage avec nous ses impressions sur les sites mémorables des civilisations, de l'histoire ancienne et contemporaine, ainsi que sur les mœurs et la mentalité des dizaines de nations. À la recherche du temps perdu, notre ami octogénaire ne peut rêver au soir de sa vie de meilleur passe-temps et de divertissement plus utile.

Huu Ngoc/CVN
(11/09/2010)

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