École Hoa Sua : "Artisans" de l'éclosion de cordons-bleus et boulangers-pâtissiers

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École Hoa Sua : "Artisans" de l'éclosion de cordons-bleus et boulangers-pâtissiers

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(Le courrier du Vietnam ) - Nguyên Xuân Vinh et Nguyên Thi Thu Huyên forment l'un des beaux couples de l'École professionnelle en hôtellerie-restauration-tourisme Hoa Sua, à Hanoi. C'est là qu'ils se sont rencontrés et ont fait leurs études professionnelles, avant d'être envoyés, tous les deux, effectuer des stages à l'étranger.

C'est aussi en ces lieux qu'ils sont devenus et demeurent jusqu'ici professeurs cuisiniers. Reste une petite différence : Vinh enseigne la pâtisserie et Huyên se charge de la cuisine européenne et asiatique.

La physionomie de Vinh, emplie de douceur et son teint angélique inspirent confiance. Au premier abord, personne ne pourrait dire que cet homme a beaucoup vécu. Issu d'une famille pauvre, Nguyên Xuân Vinh a dû abandonner ses études à l'âge de 14 ans, pour travailler en tant qu'ouvrier dans une entreprise de tapisseries en laine. Cette dernière mettant la clé sous la porte quelques temps après, le jeune homme a été contraint de changer d'horizon, passant de tapissier à… tailleur. Désireux d'exercer une profession plus convenable, il a suivi dans le même laps de temps un cours complémentaire du soir au collège du village.

Un métier au-delà de ses rêves

Et puis, "la chance m'a souri, le jour où j'ai rencontré le maître Hoàng Van Luc qui m'a conduit à l'école Hoa Sua", confie Vinh. "J'ai ressenti un vrai bonheur lorsque j'ai été admis à l'école. Les études théoriques en art gastronomique, la pratique en cuisine... C'était une grande attraction pour moi". Vinh est alors rapidement devenu l'un des meilleurs élèves de l'école, et s'est montré particulièrement doué en spécialisation pâtisserie. Sortant de l'école avec un diplôme "mention bien", Nguyên Xuân Vinh a eu l'honneur d'être "conservé" dans les rangs de l'école pour y enseigner. "C'était vraiment au-delà de toutes mes espérances, moi qui, souffrant d'un complexe d'infériorité, n'avais jamais jusque là osé penser que je pourrais devenir un jour professeur", s'exprime Vinh avec un doux sourire. Pour lui, c'est sous le toit de Hoa Sua qu'il "a grandi et s'est épanoui dans la vie".

Pour les élèves de l'école Hoa Sua, les maîtres Vinh et Huyên sont de "grandes toques", tous deux dotés d'un savoir-faire et d'une habileté qui forcent le respect. Si Vinh est en mesure de s'occuper des cours tant de la boulangerie que de la viennoiserie, Huyên enseigne une multitude de disciplines que l'on peut trouver en restauration : présentation de la table, composition des menus, préparation de plats tant européens qu'asiatiques... Avec leurs 14 ans d'ancienneté dans la profession, les maîtres Vinh et Huyên sont fiers d'avoir été les artisans de l'éclosion d'une multitude de cordons-bleus et de boulangers-pâtissiers, dont beaucoup ont créé, par la suite, leurs propres ateliers et/ou boutiques de pâtisseries de renom, dans la capitale comme en province. "La réussite de mes anciens élèves me fait réfléchir parfois. Mais je passe vite à autre chose. De toute façon, je suis bien en tant qu'enseignant à l'école Hoa Sua, même avec un salaire modique !", avoue-t-il. Son argumentaire est imparable : une passion infinie pour le métier qui doit néanmoins s'harmoniser avec sa vie de famille. En effet, Vinh aime réserver une bonne partie de son temps à s'occuper de ses parents âgés et de ses deux petits enfants, sans oublier par ailleurs de poursuivre des études "pour enrichir les connaissances professionnelles".

La clef de la réussite

Les types de pâtisserie qu'il est en mesure de préparer se chiffrent en centaines. Il est tellement expérimenté qu'en voyant tel ou tel produit, il peut immédiatement et exactement citer son nom et sa propre recette. Pour lui, le plus dur reste la préparation d'un bon pain. C'est aussi le défi le plus attirant. "La réussite du boulanger-pâtissier réside avant tout dans son investissement personnel ; en clair, dans l'amour qu'il a pour le métier". C'est un principe de vie qu'il cherche à transmettre à ses élèves. Il ne regrette qu'une chose : la beauté du métier qu'il a pris soin d'apprécier à sa juste valeur, et qu'il n'a toujours pas pu exprimer dans le cadre d'un livre.

Quant à Huyên, une femme douce mais pleine de caractère, elle a réussi à s'affirmer devant les élèves grâce à une compétence professionnelle et une énergie formidable. Hormis ces qualifications, la maître Huyên présente une compassion infinie pour ses élèves infortunés qu'elle s'engage de soutenir. Cela dit, “il ne faut pas manquer de cran en cas de nécessité". Comme pour justifier ses propos, Huyên rappelle l'épisode où un élève pour le moins têtu cherchait à l'intimider, et ce par tous les moyens. Cet élève a même fait, un jour, une déclaration brutale : "Je suis séropositif et capable de vous contaminer, professeur ou camarade". La réplique de Huyên a fusé : "Mais, on ne peut certainement pas transmettre la maladie par la parole !". Une phrase qui a eu un résultat inattendu : le garçon "rebelle" a reconnu sa faute dans cette "plaisanterie cruelle et de très mauvais goût", s'abstenant, dès lors, de tout agissement violent.

"Mais pourquoi êtes-vous tant attachés à l'école Hoa Sua" ? Réponse des deux époux enseignants : "Hoa Sua offre un environnement sain, où tout le monde vit en famille sous le même toit. De surcroît, les professeurs ont le droit et la possibilité de poursuivre des études approfondies, même universitaires". Vinh possède déjà un diplôme universitaire, et sa femme Thu Huyên envisage d'en obtenir dans un an.

Minh Duc-Nghia Dàn/Le courrier du Vietnam - 31/7/2011

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