Expansion informatique : Cas d’école au Vietnam

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Expansion informatique : Cas d’école au Vietnam

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Groupe Elca Informatique - Présence remarquée depuis 17 ans. Le pays se distingue comme destination off-shore en informatique. Directeur de la filiale vietnamienne de services informatiques off-shore du groupe Elca, Jean-Paul Tschumi explique comment la présence de celle-ci à Hô-Chi-Minh-ville depuis dix-sept ans a fait grandir l’entreprise d’informatique lausannoise.

Depuis quand êtes-vous au Vietnam ?

Nous avons commencé à opérer à Hô-Chi-Minh-ville en 1998. Déjà, dès 1993-1994, nous sentions la pression économique. La délocalisation semblait une solution inévitable pour demeurer compétitifs. Nous avons démarré le projet en 1995, avant la crise asiatique. Un de nos collègues est allé sur place pour mettre en place la structure et ouvrir le bureau. Parallèlement, nous avons fait venir quatre Vietnamiens à Lausanne pour les former. Aujourd’hui, nous comptons plus de 150 employés, quatre divisions et une autre en expertise. Lorsque nous avons commencé à Hô-Chi-Minh-ville, Elca comptait environ 130 collaborateurs. Contre 700 aujourd’hui. Notre site off-shore a indéniablement permis le développement de toute l’entreprise.

Elca a fait figure de pionnier au Vietnam ?

A l’époque, nous étions pratiquement les seuls en informatique à délocaliser dans le pays. Vu le contexte économique, nous étions très bienvenus; nous étions là pour créer des emplois et exporter. Cela dit, ce n’était pas facile; encore aujourd’hui, beaucoup d’entreprises étrangères s’installent au Vietnam et quittent après deux-trois ans. Avec le temps, Ho-Chi-Minh-ville est devenue très professionnelle au niveau administratif. Nous avons choisi avec soin nos partenaires responsables des activités légales et de la comptabilité de la société, ainsi que le matériel informatique avec lequel nous travaillons.

Le Vietnam se distingue comme destination off-shore en informatique ?

Quand nous sommes arrivés, le Net n’existait pas encore. En Suisse, on en était encore aux tous débuts. La situation a très vite changé. Au Vietnam, les décisions peuvent se prendre très rapidement et être exécutées tout aussi rapidement. Aujourd’hui, l’accès à Internet est relativement coûteux, mais il est devenu fiable; nous n’avons plus de perte de réseau. Dès les années 2000, le gouvernement a fait de l’informatique une priorité. Maintenant, le secteur est très dynamique et il y a énormément de boîtes étrangères dans le pays. Le Vietnam est devenu très important à l’échelle mondiale dans l’off-shore informatique.

On parle beaucoup de l’Inde, mais le Vietnam est très présent sur la carte. En Inde, il y a surtout de grosses boîtes; celles qui dominent le marché. Ici, il y a beaucoup de petites entreprises. Les Vietnamiens sont très bons en maths; ils étudient, ils s’appliquent et ça marche.

 En quoi consistent les services que vous fournissez ?

Nous analysons les besoins des clients d’Elca (exclusivement) et nous développons, testons, implantons et livrons des solutions informatiques à l’aide d’une équipe mixte, suisse-vietnamienne, d’experts et de généralistes. Par exemple, nous avons développé notre service de billetterie en ligne connu sous le nom de SecuTix. Grâce à nos activités au Vietnam, nous offrons des prix très compétitifs. Par ailleurs, comme nos coûts sont inférieurs, les risques que nous prenons, inhérents au développement de solutions informatiques, sont davantage mitigés.

Vous ne faites aucune sous-traitance au Vietnam ?

Non; nous contrôlons toutes nos activités de A à Z, de façon à ce que les valeurs de notre société soient garanties à toutes les étapes. La qualité et la déontologie suisses sont présentes à tous les niveaux. Chez nous, les possibilités de grandir et d’avoir des responsabilités sont les mêmes pour tous et cela engendre des résultats positifs. Il n’y a pas des employés alpha et d’autres betas; tout le monde est traité de la même façon. Les Vietnamiens apprécient beaucoup ce type de fonctionnement. Nous communiquons en anglais, de sorte que tant les Vietnamiens que les ingénieurs en Suisse travaillent dans une langue étrangère.

La culture du travail au Vietnam diffère de celle en Suisse ?

Les Vietnamiens sont ouverts, mais la confiance se mérite. Ils observent très attentivement comment on fait et ils apprennent très vite. Ils sont très jeunes; la moyenne d’âge est de 27 ans. Ce sont des gens très débrouillards. Au Vietnam, si on ne sait pas se débrouiller, on n’a pas beaucoup de chances. En Suisse, on critique si le train a une minute de retard et en général, on se pose beaucoup de questions avant d’agir. Ici, chacun a sa mobylette, sa petite baraque et ça y va. Les gens ne sont pas bloqués par la peur, ils vont de l’avant; ils foncent.

Quel est le plus gros défi que vous rencontrez au Vietnam ?

Il y a ici une pénurie d’ingénieurs informatiques, comme c’est le cas en Suisse et partout dans le monde. La concurrence pour recruter des ingénieurs informatiques est très forte, comme ailleurs. Les salaires d’entrée sont raisonnables, mais peuvent monter rapidement. La fidélisation des employés à l’entreprise est donc un enjeu de taille. Les salaires que nous payons sont élevés par rapport à la moyenne nationale, et même par rapport à Hô-Chi-Minh-ville. Nous évitons toutefois de faire dans la surenchère de salaires; il y a toujours quelqu’un qui paiera mieux. Pour faire face à ce challenge, à terme, nous comptons doubler nos effectifs au Vietnam. Seize nouveaux employés nous ont rejoints en janvier; dix s’ajouteront en mars et cela va continuer à ce rythme pendant un bon moment.

(Source info: Agefi - 1er mars 2015)

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