Guerre du Vietnam : l'incroyable histoire d'une jeune médecin vietnamienne

Vous êtes ici : Actualité » Guerre du Vietnam : l'incroyable histoire d'une jeune médecin vietnamienne

Culture

Guerre du Vietnam : l'incroyable histoire d'une jeune médecin vietnamienne

Guerre du Vietnam : l'incroyable histoire d'une jeune médecin vietnamienne
Agrandir le texte
Réduire le texte
Imprimer
Envoyer à un ami

(didier-jacob.blogs.nouvelobs.com) - Jeune médecin vietnamienne, Dang Thuy Trâm a tenu son journal de guerre, de 1968 à 1970, alors qu'elle soignait les blessés de son camp dans un hôpital de campagne. («Les Carnets retrouvés», par Dang Thuy Trâm, traduit du vietnamien par Jean-Claude Garcias, Editions Philippe Picquier, 280 p., 18,50 euros)

C'est en 1967, alors que les Américains s'engluent dans une guerre perdue d'avance, que Dang Thuy Trâm, qui vient de finir ses études de médecine (elle a 25 ans), est envoyée par le Parti au cœur des combats pour prendre la direction d'un hôpital de campagne, caché dans une forêt dense, au milieu des montagnes. Pendant deux ans, elle va soigner ses compatriotes, civils et militaires, transporter des sacs de riz et des chargements de bois, déménager des blessés intransportables au gré des opérations de l'ennemi, creuser des abris pour s'y terrer elle-même quand les Américains procèdent à des opérations de «nettoyage», et tenir le journal intime d'une jeune fille douce, sincère, naïve aussi parfois, d'une combattante prête à mourir pour son pays, d'une femme lucide enfin, mûrie trop vite, et que le souvenir de ses parents obsède tandis qu'on joue tous les jours au-dessus d'elle la bande originale de «Apocalyse Now».

Le combat est terrible. D'un côté, la «Force d'intervention Oregon», trois bataillons créés par le général Westmoreland, commandant en chef des troupes américaines au Vietnam. De l'autre, un peuple déterminé, avec ses unités de partisans disséminés dans le moindre village qui mènent contre l'ennemi une guérilla redoutable. Cette guerre, les médias américains, puis le cinéma hollywoodien, enfin les vétérans eux-mêmes n'ont cessé de la raconter, mais côté US, vu du ciel bombardant plutôt que de la fourmi humaine terrée dans son réseau de caches souterraines. Comme si, bien après la guerre, les Américains, faute d'avoir su la gagner, avaient capturé, par la voix et par l'image, l'événement lui-même.

Et côté vietnamien? Rares, justement, sont les témoignages qui nous sont parvenus. C'est ce qui confère un caractère exceptionnel à ces carnets, dont l'histoire est un roman en lui-même. Le 2 juin 1970, l'hôpital de Thuy est bombardé. Pendant plusieurs jours, elle reste seule dans le bâtiment. On la retrouvera, dans la montagne, tuée par les Américains d'une balle dans le front. Récupérés par le renseignement militaire, ces carnets sont stockés avec de nombreux autres documents pris à l'ennemi. L'officier chargé de les examiner tombe sous le charme du style de Thuy, et les emporte chez lui. Après la guerre, cet avocat entré au FBI comme expert légiste ne sait à qui confier ces précieux carnets: Fred Whitehurst ignore si Thuy a encore de la famille au Vietnam, et son statut d'agent du FBI l'empêche de contacter l'ambassade du Vietnam. Mais, après le 11-septembre, Whitehurst, qui est chargé de l'enquête, démissionne de l'Agence avec fracas, ayant révélé à quel point celle-ci avait failli dans sa mission. Il finit par localiser la famille de Thuy grâce à des Quakers de Hanoi. Les carnets y seront publiés en 2005, et Thuy devient alors le martyre touchant, tout de grâce et d'humanité, de la tragédie vietnamienne.

(source : didier-jacob.blogs.nouvelobs.com)

http://didier-jacob.blogs.nouvelobs.com/archive/2010/07/08/guerre-du-vietnam.html

 

Nouveau Envoyer à un ami