A Hanoï, un bunker oublié réveille les souvenirs de la guerre

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A Hanoï, un bunker oublié réveille les souvenirs de la guerre

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L'entrée dans le bunker du Sofitel Legend Metropole de Hanoï

Des stars d'Hollywood s'y sont réfugiées ainsi que des diplomates et des militants pacifistes. Dans un hôtel de Hanoï, un bunker de la guerre du Vietnam vient d'être rouvert, héritage parmi d'autres d'une période inscrite dans le paysage urbain.

Scellé et oublié à la fin du conflit en 1975, le petit réseau d'abris souterrains a fini par être découvert lors de travaux dans l'hôtel, splendide bâtiment colonial devenu un point de passage obligé des touristes et de la haute bourgeoisie vietnamienne.

Selon Kai Speth, manageur du Métropole Hanoï, des rumeurs circulaient dans l'établissement que le bunker de 20 mètres carrés se cachait sous la piscine.

"Quand nous avons refait les fondations de la piscine, j'ai dit à l'équipe: 'creusons un peu plus loin'", se souvient-il. Jusqu'à découvrir une pièce inondée. "Vous imaginez... Je me suis senti comme Indiana Jones découvrant le temple maudit".

Le bunker a été construit en 1968 sous ce qui était alors l'hôtel Thong Nhat, utilisé par le gouvernement pour loger les délégations étrangères.

La comédienne américaine Jane Fonda et la chanteuse et militante Joan Baez y ont séjourné. L'icône de la "protest-song" y a même enregistré une chanson lors des bombardements de décembre 1972, lorsque les Américains ont tapissé la ville de quelque 20.000 tonnes d'explosifs en douze jours, faisant quelque 1.600 morts.

Le morceau de 21 minutes enregistré par Joan Baez, "Where Are You Now My Son", en capture les sons: "on peut entendre le bruit des bombes qui tombent. On peut entendre les batteries anti-aériennes installées sur l'opéra, à côté de l'hôtel", relève Kai Speth.

Il existait des milliers de bunkers de ce type dans la ville en guerre. La plupart ont été détruits, avalés par la croissance économique. Quelques uns à peine ont été conservés, comme celui, derrière la citadelle Thang Long, où le président Ho Chi Minh s'est lui-même abrité.

C'est là que Do Thi Yen a choisi de poser son "Stand de nouilles de la haine profonde", qui reprend le nom du mémorial. "Parfois, nous devrions être reconnaissants à l'égard des morts. Ils m'ont apporté des clients. Tous mes clients savent ce qui s'est passé ici".

Le procédé est encore plus explicite pour le "Restaurant d'Etat n° 37". Pour 25 dollars, des serveurs en uniformes d'époques servent le menu disponible au début des années 70, à l'heure du rationnement.

"Un bon endroit pour que les personnes âgées se souviennent des années noires et pour que les jeunes comprennent cette période historique, bien que les plats ne soient pas tous très bons", a relevé l'Agence vietnamienne d'information (AVI) dans une chronique culinaire.

L'enjeu est réel dans ce pays où 60% de la population est âgée de moins de 35 ans, donc n'a connu que la paix. Quant aux étrangers, la guerre du Vietnam prend parfois pour eux les aspects d'un pèlerinage.

Bob Devereaux, diplomate australien en poste en 1975, a logé à l'hôtel Thong Nhat devenu Métropole. "Si vous trouvez des bouteilles, elles sont à moi", dit-il en riant en déambulant dans le bunker.

Puis il revient à la dureté des années noires. "Etre dans un endroit comme celui-là renvoie à la réalité des bombes. On se rend compte des sacrifices que les gens ont fait."

(source media: www.lepoint.fr)
 

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