"Kim Vân Kiêu, Le Musical"

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"Kim Vân Kiêu, Le Musical"

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 Sarah Bloch - Kiêu | Photo: L'Espace

Œuvre universelle, «Kiêu» du grand poète Nguyên Du est reconnu comme patrimoine de l’humanité par l’UNESCO. Revisitée sous plusieurs formes, cai luong, chèo ou théâtre parlé, cette œuvre est adaptée pour la première fois sous forme de théâtre musical. L’adaptation en français, «Kim Vân Kiêu», a été réalisée par L’Attrape Théâtre et présentée à l'Espace - l’Institut français de Hanoï le 25 septembre.

Pour sauver son père et sa famille, Kiêu, une jeune fille sensible et pure, est obligée de vendre son corps. «Le départ de l’histoire était compliqué. Le père de Kiêu était séquestré et rançonné. Pour payer sa dette, Kiêu est obligée de se vendre. Cette histoire était très loin de la culture occidentale, mais aujourd’hui elle en est proche. Il y a des Occidentaux kidnappés, rançonnés et même décapités par le terrorisme. C’est là-dessus qu’on a appuyé. Une autre chose loin de notre culture est le destin de Kiêu. En Occident, dans les histoires, il peut arriver un événement horrible, mais le personnage s’en sort. Mais pour Kiêu, toute sa vie, il ne lui arrive que des choses horribles. C’est un peu fou mais en tant qu’artiste, j’adore cette folie et c’est ce que je recherche
 
C’est ce qu’affirme Christophe Thiry, le directeur artistique de L’Attrape Théâtre et metteur en scène de «Kim Vân Kiêu». Il a découvert le chef d’œuvre de Nguyên Du grâce à un ami vietnamien et a très vite été fasciné par l’œuvre qui lui rappelle Shakespeare.
 
«C’est un univers profond, riche, féroce mais aussi plein d’humour qui peut être transposé sur une scène. J’ai décidé de réaliser ce projet même s’il était effrayant au démarrage, car je ne connais pas du tout la culture vietnamienne. Comme à chaque fois pour monter une œuvre, je dois traverser, comprendre, me plonger dans l’histoire dans laquelle elle a été écrite et me lancer dans le travail», ajoute-il.

Christophe Thiry, metteur en scène de "Kim Vân Kiêu" | Photo: L'Espace
 
 «On a été confronté à des incompréhensions et des petits chocs culturels au niveau de la morale, des traditions sociétales, culturelles et familiales. Les relations sont très différentes chez nous. Notre travail était d’essayer de dépasser ces différences et incompréhensions, de toucher à l’humain, à l’universalité. Il y a une dimension symbolique, philosophique et spirituelle qu’on ne peut pas comprendre de l’intérieur mais on peut être en communion avec elle», explique Nicolas Simeha, qui est le conteur et qui incarne le personnage de So Khanh.
 
Le travail le plus difficile était de trouver une dramaturgie appropriée à cette œuvre poétique pleine de méandres, d’allers-retours et de repartir. Il était aussi très important de jongler avec les éléments de l’œuvre : l’humour, la légèreté, la profondeur, l’action, la poésie, la tendresse, la cruauté. «On a travaillé dans un espace vide propice au fleurissement de l’imaginaire parce que rien n’est situé dans la décoration et rien ne permet de dire si je suis à telle époque et dans tel endroit. On a évacué les éléments de décors pour figurer l’espace et le temps. On est sur l’espace du théâtre où tout est raconté. Du reste, il y a des conteurs sur la scène. Leur rôle est très important. Ils nous permettent de voyager dans la situation, dans l’espace et dans le temps. En décors, vous avez simplement des instruments de musique et on joue sur le mélange et le rapprochement des cultures anciennes et contemporaines. La basse électrique, le piano à côté des tambours et la flûte vietnamienne. On est sur une vision universelle de la musique, c’est le mixage des sons», Christophe Thiry précise.
 
«Nous sommes une équipe mixte au niveau des origines culturelles, des compétences et des savoir-faire. L’universalité de l’œuvre s’exprime dans la musique parce que nous avons décidé d’explorer différentes influences en fonction de ce que nous inspirent certaines scènes. On passe d’une période de l’histoire ou d’une zone géographique à l’autre dans la musique sans l’appuyer», indique Sarah Bloch, qui interprète Kiêu.
 
Accompagnés par des airs de musique classique, de jazz, d’opéra et de musique traditionnelle vietnamienne, huit artistes, six Français et deux Vietnamiens interprètent, pendant une heure quarante, les malheurs et les amours de Kiêu. L’histoire se passe en Asie il y a cent ans mais l’intrigue résonne encore aujourd’hui.
 
Kiêu est un chef d’œuvre parce que son contenu est terriblement actuel. Et le «Kim Vân Kiêu» de L’Attrape Théâtre est une passerelle formidable entre l’époque de sa création et le 21e siècle dans lequel nous vivons.
 
(Source media: vovworld.vn) 
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