La littérature française, une composante de la littérature vietnamienne

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La littérature française, une composante de la littérature vietnamienne

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De gauche à droite: Pham Xuan Thach, Le Hong Sam et Pham Xuan Nguyen

L’histoire aidant, la littérature française s’est imposée au Vietnam, au point d’exercer une certaine forme d’influence sur la façon de penser et d’écrire de plusieurs générations. L’Institut français de Hanoi et la maison d’édition Nha Nam ont co-organisé mercredi dernier une table-ronde sur la littérature française au Vietnam, avec la participation des professeurs et traducteurs Le Hong Sam, Pham Xuan Nguyen et Pham Xuan Thach. 

La médiathèque de l’Institut français de Hanoi est archi-comble. La salle est remplie de chercheurs, de traducteurs et d’amoureux de la littérature française, venus participer à cette table-ronde. Emmanuel Labrande, le nouveau directeur de l’Institut français de Hanoi, nous rappelle le rôle de la littérature française au Vietnam: "La littérature française est présente au Vietnam depuis plus d’un siècle, ce qui est une durée suffisante pour en faire une composante importante de la littérature nationale. Grâce à la traduction de grands auteurs classiques et contemporains comme Victor Hugo, Balzac, Alexandre Dumas, Françoise Sagan, Le Clézio, Modiano, elle a permis aux auteurs vietnamiens de trouver de nouvelles sources d’inspiration."

Entre les étudiants, on reconnaît de grandes figures de la traduction littéraire telles que Dang Anh Dao, Duong Tuong et Le Hong Sam, qui passe pour être l’une des plus grande traductrice de littérature française. Elle nous confirme l’influence de la littérature française sur sa génération.

"Les littératures chinoises et françaises ont exercé des influences déterminantes sur la littérature et la culture vietnamiennes. L’histoire aidant, la littérature et la culture françaises sont entrées dans notre pays. La littérature française a imprégné notre génération de façon toute naturelle. Xuan Dieu, par exemple, qui est l’un des nos plus grands poètes, a révélé que dans son oeuvre « Confessions d’un poète », la littérature française l’avait beaucoup influencé. Son célèbre vers « Yeu la chet trong long mot it » - « Aimer c’est mourir un peu dans le coeur » fait écho à celui  d’Edmond Haraucourt « Partir c’est mourir un peu. C’est mourir à ce qu’on aime. » Xuan Dieu a aussi révélé qu’il avait repris le vers d’Arvers « N’osant rien demander et n’ayant rien reçu » pour en faire un nouveau vers « Cho rat nhieu song nhan chang bao nhieu » - « Ayant beaucoup donné mais n’ayant guère reçu. »"

Selon la traductrice de la « Comédie humaine » de Balzac, cette influence est due à la beauté de la littérature française, qui possède une capacité unique à aller droit au coeur des lecteurs: "Encore maintenant, malgré mon âge, je me souviens encore du sujet de mon examen d’entrée au collège Dong Khanh. C’était le poème « Oeano Nox » de Victor Hugo. Je le sais encore par coeur.

Oh! Combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
Dans ce morne horizon se sont évanouis!
Combien ont disparu, dure et triste fortune!

Ces vers si fins, sont entrés aisément dans nos coeurs d’enfants. Les gens de ma génération ont tous appris par coeur « La rentrée des classes » d’Anatole France. Je vais vous dire ce que me rappellent, tous les ans, le ciel agité de l’automne, les premiers dîners à la lampe et les feuilles qui jaunissent dans les arbres qui frissonnent. Je vais vous dire ce que je vois quand je traverse le Luxembourg dans les premiers jours d’octobre, alors qu’il est un peu triste et plus beau que jamais ; car c’est le temps où les feuilles tombent une à une sur les blanches épaules des statues."

Mais la littérature française, si belle, si précieuse, ne peut pas rester indéfiniment à l’abri des affres du temps. Au Vietnam, elle subit de plein fouet la concurrence des littératures américaine, chinoise ou japonaise. Et du reste, les francophones sont de moins en moins nombreux. Pham Xuan Thanh, professeur de littérature de l’Ecole des sciences sociales et humaines de Hanoi: "Malgré mon amour pour le français, je dois accepter le fait que mon fils préfère les mangas japonais aux histoires de Tintin ou de Spirou. Dans mon université, 90% des étudiants apprennent l’anglais ou le chinois. Très rares sont ceux qui choisissent le français."

Face à cette réalité, Le Hong Sam revient sur le rôle des traducteurs en tant que vecteurs de la littérature française : "Les bonnes traductions font partie de la littérature nationale. Jadis c’était à travers des traductions de Vu Ngoc Phan que nous pouvions apprivoiser Anna Karenina ou Les trois mousquetaires. Je souhaite que la jeune génération de traducteurs et d’éditeurs suive de près le développement de la littérature française contemporaine."

La prochaine table ronde sur la littérature française se tiendra le 12 octobre prochain, avec la participation de Susie Morgenstern, l’auteur de « Lettre d’amour de 0 à 10 ». Après la première édition sur la littérature française et son influence sur la littérature vietnamienne, cette deuxième table-ronde se concentrera sur la littérature française contemporaine.

(Source media : VOVworld - 26. septembre 2015)

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