Une importante délégation belge conduite par le prince Philippe est arrivée dimanche au Vietnam pour une mission économique d'une semaine co-organisée par les Régions wallonne, bruxelloise et flamande.

Pour la centaine d'entreprises représentées, l'enjeu consiste à mesurer sur place les éventuelles nouvelles potentialités qu'offre le Vietnam, une des économies les plus dynamiques du sud-est asiatique mais un pays dont de nombreux secteurs sont encore à développer.

La taille de son marché intérieur et la jeunesse de sa population sont autant d'atouts qui combinés aux réformes de modernisation économique mises en place permettent à la république socialiste d'afficher des taux de croissance qui évoluent entre 6 et 7%. La crise mondiale de 2008, le danger de la bulle immobilière, et une inflation hors norme, estimée à près de 19% en 2011, ont cependant ralenti ce rythme et quelque peu freiné les investissements extérieurs, une situation qui génère une concurrence moins forte que dans d'autres régions du monde qui connaissent la croissance et qui pourrait donc s'avérer profitable aux entreprises belges.

Industrie du médicament

Pays à l'économie planifiée, le Vietnam vient de redéfinir les grandes orientations devant accélérer son développement économique et social à l'horizon 2015. Ce plan pluriannuel prévoit notamment la modernisation de l'industrie dans des secteurs dans lesquels sont actifs une série d'entreprises belges présentes cette semaine au Vietnam. C'est le cas de la construction et des infrastructures (y compris maritimes), de la transformation des produits agricoles, de l'aquaculture (logistique), de la santé, du traitement des déchets, du recyclage des eaux et de l'énergie renouvelable.

En matière de santé, le Vietnam, qui importe 90% de ses matières premières de l'industrie du médicament (7% provenant de Belgique), a pour ambition de développer son industrie nationale afin de faire face à la croissance de sa population et à l'augmentation de l'espérance de vie. Des opportunités existent pour les entreprises belges en matière d'imagerie médicale, d'équipements pour la recherche, de vaccinologie, de médicaments ou de technologie de pointe.

Cet accroissement de la population vietnamienne, essentiellement en zone urbaine, amène par ailleurs une série de défis importants en ville dont celui de l'accès à l'eau potable. Avec la gestion des déchets, le traitement des eaux constitue un enjeu à saisir pour les entreprises belges.

Poumon économique

Coordonnée par l'Agence au Commerce extérieur, la mission qui emmènera la délégation à Hanoï, la capitale, et Hô Chi Minh Ville, son poumon économique, est présidée par le prince Philippe, accompagné de la princesse Mathilde. Cette mission est organisée par les trois agences régionales publiques de soutien à l'exportation, l'Awex (Agence wallonne), Brussels Invest and Export et Flanders Investment and Trade. Les ministres régionaux de l'Economie, à savoir le ministre-président flamand Kris Peeters, et les ministres wallon et bruxellois, Jean-Claude Marcourt et Benoît Cerexhe, sont tous les trois présents au Vietnam cette semaine. Le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders y est attendu lundi pour trois jours.

La promotion des exportations est source de tiraillements ces dernières semaines entre le fédéral et la Région flamande ou entre les Régions flamande et bruxelloise. Le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders s'est irrité de l'engagement du ministre-président flamand Kris Peeters, qui s'est à deux reprises rendu dans des pays qui tentent de s'ouvrir sur le plan démocratique, la Libye et la Birmanie, avant que le chef de la diplomatie n'ait pu y mettre les pieds. Le ministre bruxellois de l'Economie Benoît Cerexhe n'avait quant à lui pas caché qu'il voyait d'un mauvais oeil les missions économiques en solo répétées de Kris Peeters.

Dimanche, lors d'une conférence de presse commune, les deux ministres régionaux wallon et bruxellois et le ministre-président flamand ont assuré que les trois Régions collaboreraient au Vietnam comme elles le font lorsqu'elles organisent des missions communes. Interrogé après la conférence de presse, le ministre wallon de l'Economie Jean-Claude Marcourt a estimé ne pas avoir à commenter la politique d'exportation menée par la Flandre. Selon lui, il est normal de prospecter en Birmanie. Et alors que Didier Reynders s'était ému de la visite de Kris Peeters à Rangoon, Jean-Claude Marcourt a rappelé qu'il n'existait pas en Belgique de "hiérarchie" entre les pouvoirs. Benoît Cerexhe a pour sa part répété qu'il fallait veiller "aux intérets de toutes les entreprises du pays", et donc, faire preuve "d'ordre, de cohérence et de cohésion".

(source: www.rtbf.be)