Le Vietnam annonce une série de mesures en faveur des entreprises victimes des émeutes antichinoises

Vous êtes ici : Actualité » Le Vietnam annonce une série de mesures en faveur des entreprises victimes des émeutes antichinoises

Economie

Le Vietnam annonce une série de mesures en faveur des entreprises victimes des émeutes antichinoises

Le Vietnam annonce une série de mesures en faveur des entreprises victimes des émeutes antichinoises
Agrandir le texte
Réduire le texte
Imprimer
Envoyer à un ami

Le premier ministre vietnamien Nguyen Tan Dung a annoncé, mercredi 21 mai sur son site Web, une série de mesures destinées aux entreprises étrangères touchées par les émeutes anti-chinoises qui ont éclaté le 13 mai dans plusieurs provinces du Vietnam après l'installation d'une plate-forme pétrolière chinoise à l'intérieur d'une zone économique exclusive revendiquée par Hanoï.

Répondant aux questions de Reuters depuis les Philippines où il est en visite, le chef du gouvernement vietnamien a indiqué que son pays pourrait intenter une action juridique contre la Chine : « Le Vietnam défendra avec détermination sa souveraineté et ses intérêts légitimes car la souveraineté territoriale, notamment la souveraineté sur ses zones maritimes et ses îles, est sacrée », a-t-il écrit à l'agence de presse depuis Manille. Les Philippines ont été en mars le premier pays de la région à saisir la Cour permanente d'arbitrage de La Haye au sujet d'un différend avec Pékin en mer de Chine méridionale.

En dix jours, les émeutes au Vietnam ont fait au moins quatre morts et plus de 100 blessés, et conduit Pékin à évacuer plus de 3 000 ressortissants sur un total d'environ 10 000. Les violences visaient des usines ou des biens détenus par des capitaux chinois, taïwanais, mais aussi singapouriens et coréens.

Les entreprises touchées bénéficieront d'un report pouvant aller jusqu'à deux ans du paiement de leurs impôts. Les taxes sur les importations, sur les exportations ainsi que la taxe spéciale sur la consommation seront réduites, Hanoï s'engageant à fournir, si nécessaire, de la main-d'œuvre.

« IMPACT ÉCONOMIQUE LIMITÉ »

La devise vietnamienne, le dong, s'est plutôt bien tenue depuis le 13 mai et, après avoir cédé 8,8 % le 16 mai, la Bourse de Ho Chi Minh-Ville s'est reprise. Mardi, avant même les annonces du premier ministre vietnamien, le président de la banque taïwanaise Taishin Financial, Joseph Jao, a indiqué qu'il maintenait son programme d'investissements au Vietnam où, selon Bloomberg, 224 usines taïwanaises ont été endommagées et 18 brûlées. « Il y a de fortes chances pour que les troubles finissent par s'apaiser car les investissements étrangers jouent un rôle crucial dans l'économie vietnamienne », a ajouté ce banquier.

De fait, 60 % des flux d'investissements directs étrangers (IDE) au Vietnam sont le fait de trois pays : le Japon (34 %), Taïwan (16 %) et Singapour (10 %). La Chine continentale vient en huitième position avec 2 % de l'ensemble des IDE, selon Sopanha Sa, économiste à la Société générale. Ces IDE jouent un rôle clé dans la croissance du Vietnam (+ 5 % au premier trimestre 2014 par rapport à la même période de 2013). Le pays, où la production industrielle a augmenté de 7 % depuis janvier et où le climat des affaires et le moral des agents économiques étaient jusqu'aux émeutes plutôt bons, a besoin de ces capitaux pour améliorer ses infrastructures (routières, portuaires etc.) et approvisionner en énergie les entreprises et les ménages.

Si la poussée de fièvre anti-chinoise s'arrête là, elle devrait avoir « un impact économique limité », estime Mahamoud Islam (Euler Hermès), « personne n'ayant intérêt à une détérioration de la situation ». En revanche, si la crise rebondit et dure, les investisseurs étrangers pourraient, selon Coface, en prendre ombrage.

L'économie est par ailleurs très ouverte : les exportations représentent 90 % du PIB du Vietnam. « Avec sa main-d'oeuvre jeune, bon marché et alphabétisée à 90 %, le pays est devenu une plate-forme de production pour le Japon et pour la Chine », observe M. Islam, d'Euler Hermès. Le Vietnam a tout intérêt à préserver ses atouts et à soigner sa relation avec la Chine qui est devenue, depuis le milieu des années 2000, l'un de ses tout premiers partenaires commerciaux.

Les différends territoriaux, anciens en mer de Chine orientale et méridionale, qui opposent la Chine et le Japon d'un côté, la Chine et plusieurs pays de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (dont les Philippines et le Vietnam) de l'autre, sont toutefois une source de tensions récurrentes. Elles créent, selon Luca Silipo, responsable du département Asie de Natixis, « un contexte potentiellement dangereux ». « Jusqu'à il y a deux-trois ans, estime cet économiste, la collaboration économique accrue entre les pays de la région, tous impliqués dans la chaîne de production mondiale, avait contribué à apaiser les tensions. Mais la volonté de la Chine de changer de régime économique pour monter en gamme déstabilise les équilibres antérieurs. »

« Avec le changement de modèle de croissance chinois, il y aura moins de travail pour certains pays et la chaîne de montage internationale va se trouver fortement perturbée. Les différents pays de la région ne seront plus dans une situation de gagnant-gagnant. Il y aura moins d'incitations à coopérer et plus d'espace pour les tensions géopolitiques », analyse M. Silipo.

(Source media: www.lemonde.fr)

 

Nouveau Envoyer à un ami