Le Vietnam, des brumes infinies d'Halong...

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Le Vietnam, des brumes infinies d'Halong...

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  Il est plus de 20h lorsque nous atterrissons à l’aéroport de Nôi Bài au Vietnam. De l’autre côté du couloir aérien, c’est une broderie de soie aux airs faussement mutins qui nous attend. Nous sommes accueillis par des bouquets de fleurs en myriade. Sous les néons de l’aéroport, les passagers fleurissent en mauve et blanc. Le « bouquet » Safrans du Monde glisse, valises et pétales en mains.
 
Après une nuit au légendaire Metropole Hanoï Hôtel, nous roulons en direction d’Halong. Le trajet sera une parfaite transition entre l’histoire sévère du Vietnam et les vaporeux jupons de la Baie d’Halong. Notre accompagnateur, Alexandre Do, originaire d’une province vietnamienne, nous introduit au passage dans sa réalité personnelle. Celle des affres de cette terre aux rizières apparemment inoffensives. Nous transportons cette émotion jusqu’à l’embarquement sur le « Orchid Cruise ».
 
Ciel, mer, brume, quai, tout est nimbé de monochrome gris. Les Premières Safrans du Monde vont passer une nuit au coeur de la Baie d’Halong, à bord d’une jonque moderne. Un confort solide, avec baignoire regardant les eaux, terrasse privée pour laisser aller son esprit au gré des courants, et baies vitrées pour ne rien manquer du mystère brumeux d’Halong et de ses 1 969 îles karstiques qui l’inscrivent au Patrimoine mondial de l’UNESCO.
 
Le déjeuner nous accueille, foisonnant et coloré. L’occasion de goûter les huitres de la Baie tout en naviguant aux abords des parcs ostréicoles. Dans ce coin de la Baie, le tourisme n’est pas anxiogène et les bateaux ne pullulent pas. La discrétion du trafic sera d’ailleurs l’un des secrets de notre rencontre avec la «Belle d’Halong».
 
Un Tour du Monde, c’est un mouvement aérien mais aussi hydraulique. Être assis dans les fauteuils douillet de « l’Orchid » et regarder les longues fenêtres devenir des écrans, où la réalité silencieuse d’Halong défile alanguie. Elle demeure plate mais habitée de pirogues ; elles-mêmes habitées d’hommes et de femmes habillés de vifs, et de chapeaux pointus. Au fur et à mesure de la navigation, les gris ne sont plus vraiment gris. La Baie ôte subrepticement ses voiles.
 
Quand soudain surgissent sans prévenir, les créatures karstiques. Oblongues, muettes. Elles nous toisent sans animosité. Puis, nous apprivoisent. Elles nous mettent à leur échelle. Elles au-dessus, comme des ballons de pierre. Nous au raz de l’eau, leur caressant les joues. La brume épaisse nous enlève les apparats de couleurs, mais nous plonge avec une force magnétique dans l’atmosphère fantasmagorique de cette Baie unique au monde.
 
Est-ce l’épaisse brume intemporelle ? Est-ce les esprits enfouis sous les eaux ? Ou peut-être est-ce le ciel qui s’est perdu dans les nuages, pour se mélanger à l’eau. A bord de la jonque, le temps n’est plus. La suprématie du soleil s’étouffe et meurt sur les verts discrets des hauts pitons. Ce labyrinthe captive les passagers, quelle que soit la vie à bord. Boire un thé, prendre un cours de cuisine, discuter, lire, se reposer… Rien ne peut se faire sans avoir le regard accroché sur les courbes d’Halong. Au 18ème siècle, ce dédale était un haut-lieu de la piraterie où les embuscades s’amoncelaient à chaque coin. La brume autour de notre jonque est devenue un personnage à part entière. Elle rend flous les contours et nous enveloppe d’ombre. Le soleil ne se lèvera pas au petit jour. La Brume, si.
 
A 5h du matin, les passagers matinaux sont invités à un cours de Tai Chi. Apprendre à jongler avec les énergies de la Baie d’Halong. Puis nous pouvons emprunter un kayak pour aller ressentir au plus près, les contractions vaporeuses des pitons.
 
Le kayak glisse dans un silence religieux. L’eau prend des allures de jade. Comme si elle était gorgée de brume, prête à exploser. Et puis elle nous montre sa vérité. Elle n’est pas grise et plate de lumière puisque son gris se décline en ombres et en lumières avec des déclinaisons insoupçonnées ! Qui aurait pu deviner que le gris pouvait être diamant, aluminium, puis titane et parfois coton. Ses voiles intimes s’enroulent autour de nos rames et nous fait serpenter dans ses nervures de mercure. Certains lieux sur la planète sont indescriptibles tant ils mélangent le silence, le mystère et le temps en suspension. Le kayak flotte insouciant, et tout le reste est en apnée dans l’attente d’une éternité de passage.
 
La Baie d’Halong est peuplée de spectres
 
Le réveil se fait par une petite voix qui émerge d’une coque en bois venant heurter sagement le plastique de notre kayak. Un chapeau pointu nous parle une langue inconnue. Des canettes de soda multicolores se promènent entre ses mains, d’autres produits aussi. C’est un marchand ambulant qui profite des quelques bateaux de croisière pour faire sa journée. Bientôt au loin, une autre silhouette, comme dessinée à l’encre de Chine, traverse le vortex de brume en ramant debout avec un grand bâton. La Baie d’Halong est peuplée de spectres, semant le trouble dans notre esprit. Mais bientôt, nous devons nous extirper à regret des entrailles de la Baie et renoncer à l’invitation d’une rêverie sans fin dans les brumes vivantes de la Baie.
 
De retour à Hanoï, le contraste est d’une joyeuse violence. A la tombée du jour, les rues se remplissent comme une ruche hystérique et bruyante. Nos pieds se font écraser par des voitures-jouets pilotées par des enfants qui vous klaxonnent « pour de vrai ». Des ballons-manga flottent au-dessus des foules, des ados improvisent un flash-mob sous les yeux de la police qui reste plantée devant sa barquette de riz en tapant le rythme du pied. Dans les rues, des enfants jouent au lego par terre, d’autres aux cartes. Plus loin des adolescents aux postures de crapaud sur leur mini chaises en plastique colorient des statuettes enfantines. Pourtant l’esprit millénaire veille et surveille cette ville aux hystéries facétieuses. Le Lac Hoan Kiem et son îlot de la Tortue s’allument de rouge sang, comme un organe impérial pour donner le tempo cardiaque à cette ville dont la spirale ne s’arrête jamais...
 
(Source info: www.parismatch.com)
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