L'industrie textile au Vietnam : état des lieux au fil du temps

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Economie

L'industrie textile au Vietnam : état des lieux au fil du temps

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(Le Courrier du Vietnam) - C'est à partir de 1975, date de la réunification du pays après une trentaine d'années de guerre, que l'industrie textile nationale a commencé à refaire surface pour répondre à la croissance des besoins du marché domestique.

Entre 1976 et 1990, ce secteur a pris de l'ampleur avec la création de centaines d'entreprises d'État et de milliers de coopératives. Entamée en 1986, la politique de Dôi moi (Renouveau) a marqué le début d'une ouverture économique du pays : des joint-ventures et des entreprises à capital étranger ont vu le jour et sont entrés en concurrence avec les entreprises d'État, les exportations se sont développées.

Entre 2004 et 2009, la croissance annuelle du secteur s'est élevée à 16%, faisant de ce secteur l'un des plus dynamiques de l'économie vietnamienne. En 2008, il a représenté entre 16% et 18% du total des exportations nationales.

En 2009, c'était une industrie essentiellement tournée vers l'exportation (80% à 90% du chiffre d'affaires total) qui a permis au Vietnam de se hisser parmi les dix principaux exportateurs mondiaux de produits textiles.

En 2010, le secteur textile est le premier poste d'exportation du pays avec une valeur prévue de 10-11 milliards de dollars, a informé Lê Van Ðao, vice-président de l'Association du textile-habillement du Vietnam (VITAS), lors du Forum éthique et économique autour du textile et des accessoires de mode entre Hanoi et l'Île-de-France, organisé le 4 novembre dans la capitale vietnamienne.

Selon des statistiques fournies par la VITAS, la production textile nationale représente 2,69% de la production mondiale. En tête des acheteurs de produits made in Vietnam, on trouve les États-Unis, suivis de l'Europe et du Japon.

La production vietnamienne est assurée par quelque 2.000 entreprises principalement localisées dans les zones métropolitaines et industrielles bien desservies. Les entreprises textiles sont majoritairement privées (75%) dont 1% étrangères, le quart restant étant constitué d'entreprises publiques. La main-d'œuvre est avant tout féminine. La production nationale doit importer plus de 70% de ces intrants (fibres textiles, tissus, machines). Pour l'heure, les matières premières sont majoritairement achetées en Chine, mais aussi dans d'autres pays comme l'Inde, pays avec lequel le Vietnam cherche à renforcer ses partenariats. Toutefois, une impulsion nouvelle a été donnée récemment pour promouvoir, entre autres, la culture et même l'exportation du coton.

L'industrie textile du pays se situe bien souvent au bout de la chaîne globale de valeur, même si des marques vietnamiennes commencent à se développer et que des stylistes vietnamiens se distinguent par leur créativité, l'essentiel de la production est constitué de volumes importants de sous-traitances pour des marques étrangères. Elles sont nombreuses à investir le Vietnam : européennes (Marks & Spencer, Lacoste, C & A, Otto, Next, Quelle, Puma, Benetton, H & M, Mango, Alain Delon, Etam, Miss Sixty, Kenzo, Pierre Cardin, Zara, Casino, French Connection Versace, Burberry, etc.), mais aussi américaines (CK, D & G, Gap, Guess, Hugo Boss, Levis, Converse, Nike, Perry Ellis, Tommy Hilfiger, Victoria Secret, EDC, Eddie Bauer, Nine West, No Fear, Roxy, etc.).

Renforcer la coopération avec la France

De nouveaux marchés émergent, incluant le marché domestique. Des marques vietnamiennes pourraient se positionner sur ces différents marchés. Renforcer la coopération avec la France peut-il constituer un levier ? "Les entreprises vietnamiennes peuvent fabriquer des marques françaises sous licence et ensuite les vendre via leur réseau de distribution sur le marché asiatique (ASEAN), domestique (en croissance) et vers la France", a fait savoir Lê Van Ðao.

En fait, dans les années 1980, la France était l'un des premiers marchés du Vietnam en Europe. Cependant, les exportations nationales vers l'Hexagone montrent une tendance à la baisse, avec seulement 110 millions de dollars en 2009 (derrière l'Allemagne, l'Angleterre et l'Espagne). Alors, lors dudit Forum éthique et économique, le vice-président de la VITAS a saisi l'occasion pour exprimer le souhait de renforcer les échanges entre la France et le Vietnam, notamment dans la formation en matière de gestion des affaires, de négociations de vente, de marketing et de stylisme.

Ce n'est donc pas par hasard si des représentants du Pôle emploi international ont assisté à ce forum. "Cet événement a permis aux entreprises vietnamiennes de faire état au Pôle emploi international de leurs besoins en compétences élevées" en vue de l'embauche éventuelle de Français, dont les compétences pourraient être transférées sur place, a indiqué Marie-Odile Antonini, responsable du Département Asie au Pôle emploi international.

La mode et la responsabilité sociale des entreprises

Le marché intérieur en plein développement (avec une croissance annuelle de près de 30%) est tiré par l'émergence d'une classe urbaine aisée qui offre ainsi d'importants débouchés aux importateurs vietnamiens de marques internationales et de prêt-à-porter haut de gamme. "La prise de conscience et la connaissance de la mode est récente au Vietnam. C'est un échange à 2 sens. Le goût pour la mode est arrivé au Vietnam à travers ceux qui l'ont quitté. Beaucoup de jeunes ont étudié à l'étranger, à Londres, à Paris. Et puis ils reviennent", a souligné Kelly Bùi, une jeune designer vietnamienne.

Une industrie en plein essor, développement durable oblige. La mise en place d'un Agenda 21 au Vietnam en 2004 montre la volonté des acteurs politiques d'accorder une place forte au développement durable dans le pays.

Depuis des années, l'industrie textile est en première ligne, notamment parce qu'il s'agit d'un secteur à forte quantité de main-d'œuvre mobilisée par des donneurs d'ordre étrangers qui sont eux-mêmes soumis à la pression plus ou moins forte de leur opinion publique et de leurs consommateurs.

Plusieurs initiatives émanant d'acheteurs internationaux ou locaux ont ainsi vu le jour depuis une quinzaine d'années. Celles-ci mettent avant tout l'accent sur l'amélioration des conditions de travail des ouvriers du secteur : mise en place de codes de conduite respectueux des principales conventions de l'Organisation internationale du travail (OIT) et d'audits de conformité ; délivrance de certificats SA 8000 aux industries (notamment toutes celles membres de la VITAS) ; organisation par la Chambre de Commerce et d'Industrie du Vietnam (VCCI), avec l'appui des organisations professionnelles, des CSR awards censés valoriser les entreprises exemplaires en matière sociale ou environnementale.

Aujourd'hui, l'accent est mis sur la production durable, l'utilisation de technologies et de matériaux respectueux de l'environnement. Le coton a été ainsi au cœur des discussions lors de la 8e Vietnam International Fashion Fair 2010 (VIFF 2010), organisée du 3 au 9 juillet dernier à Hô Chi Minh-Ville sous le thème "Green environment". Un défilé de marques éthiques était également au programme de cette manifestation.

Coopération franco-vietnamienne dans la formation professionnelle

Depuis 2008, la Région Île-de-France a initié et soutenu des échanges entre le Greta de la Mode (Lycée Paul Poiret de Paris) et le Collège des beaux-arts de Hanoi. Des premiers modules de formations ont eu lieu à Hanoi en 2009 et les deux partenaires ont activement participé à l'organisation du spectacle de mode franco-vietnamien donné le 3 novembre à l'Opéra de Hanoi, financé par la Région. Le Collège des arts de Hanoi et le Greta souhaitent développer leurs actions de formation de couturiers et de créateurs hanoiens.

Hông Nga/CVN
(14/11/2010) 

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