Made in Vietnam

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Rencontre avec des industriels français qui produisent au Vietnam. Le faible coût des salaires les a attirés. Ils y trouvent aussi des fournisseurs et bientôt des consommateurs.

Claude Morin vit entre Pégomas et Hô Chi Minh-Ville (HCMC). C’est-à-dire qu’il passe la moitié de son temps sur la Côte d’Azur, là où se trouvent son bureau d’études, ses commerciaux, son stock de casques pour deux-roues. L’autre moitié de sa vie, il la passe ici, à une heure de route d’HCMC, l’ancienne Saïgon, où est implantée son usine. «C’est un peu trop», résume ce quinquagénaire, qui a créé cette PME familiale il y a vingt ans. À Pégomas, sa femme anime la force de vente, sa fille est au design. Roof détient 5% du marché européen du casque haut de gamme. Son casque Boxer est une référence.

Ici, dans son usine flambant neuve, à une heure du centre de la capitale économique vietnamienne, au milieu d’une marée de deux-roues, on a le sentiment d’être au centre de la planète industrielle. La mousse des casques est fabriquée au Vietnam ; les peintures sont japonaises, fabriquées en Malaisie : les pièces de plastique des mentonnières sont moulées en Chine. C’est également de Chine que vient le contrôleur du ministère des transports français qui doit déclarer les casques conformes aux normes européennes.

Claude Morin a découvert l’Asie, en tant que consultant, en 1990. «J’ai aidé celui qui est maintenant un concurrent à développer sa production en Thaïlande.» Il décide ensuite de créer sa propre entreprise de casques, Roof. «La concurrence asiatique nous imposait déjà de produire une partie des casques ailleurs qu’en France. À partir de 1999, nous avons fabriqué les coques au Vietnam

Il y a vingt ans, 80 fabricants de casques se partageaient le marché européen. Ils ne sont plus que cinq aujourd’hui. En 2005, c’est l’incendie de son usine de l’Estérel qui le pousse à transférer l’intégralité de sa production au Vietnam. Ici, de jeunes ouvriers sortent 250 casques par jour. Le bureau d’études, avec ses deux ingénieurs et son maquettiste, est resté à Pégomas. «Pour sentir ce que veut le marché, c’est important d’être dans la rue en France», explique le chef d’entreprise.

Au Vietnam, les industriels français sont nombreux à s’être embarqués dans l’expérience de la délocalisation. Pour survivre comme Roof. Ou pour suivre ses clients, comme IWA. Cette filiale du groupe Thermo technologies, basé à Annecy, produit des fils spéciaux, notamment des fils à électroérosion qui permettent de découper du métal. «Nous avons démarré en 2008, car il fallait se rapprocher de nos clients industriels. Au départ, on s’était dit que nous ne vendrions pas en Europe. Mais la concurrence asiatique nous a obligés à le faire», explique Bertrand Maxel, le directeur de l’usine à HCMC.

Cet ingénieur métallurgiste a connu les grandes heures de la France industrielle, notamment chez Pechiney. «Nous, Français, avions des avantages compétitifs, basés sur une recherche qui était une référence mondiale, dans certains domaines. Maintenant, j’ai le sentiment que nous vivons sur nos acquis et que nous n’avons plus les moyens d’investir dans la recherche et le développement», regrette-t-il.

Son usine emploie 65 ouvriers. Les ventes ont progressé de 40 % ces deux dernières années. L’usine vend ses fils à électroérosion au Japon, «ce qui est un gage de qualité» précise-t-il. Son usine est située dans l’un des premiers parcs industriels créés il y a une quinzaine d’années. Le Vietnam a demandé à des investisseurs singapouriens de concevoir ces parcs ombragés, aux allées rectilignes. Les terrains viabilisés sont livrés «à bâtir». Les industriels bénéficient d’une exemption de droits de douanes. Les zones sont proches des terminaux portuaires.

Le différentiel du coût de la main-d’œuvre entre la France et le Vietnam explique une partie de ces délocalisations. Mais tout n’est pas permis. Le Vietnam a un code du travail qu’il convient de respecter. «Chaque société a son syndicat. Les travailleurs sont bien protégés. Chaque embauche fait l’objet d’une déclaration à la police. Ici, nous leur assurons l’air conditionné et un repas. Cela explique sans doute que nous ayons fidélisé notre main-d’œuvre. D’ailleurs, ils reviennent tous après les vacances annuelles du Têt, qu’ils partent fêter dans leurs familles», explique Bertrand Maxel.

Tous ces industriels reçoivent les conseils de cabinets d’avocats étrangers implantés au Vietnam. Ils leur permettront de se diriger dans les méandres juridiques d’un pays qui n’est pas le leur. «Nous ne sommes pas chez nous. C’est une donnée à prendre en compte», fait remarquer chacun des industriels rencontrés. Certains ont fait l’expérience de partenaires locaux dont il a fallu se séparer. D’autres évoquent «le savoir-faire» nécessaire pour sortir les marchandises du port, moyennant des dessous-de-table.

La corruption des fonctionnaires est régulièrement évoquée. Elle n’empêche pas les affaires. L’État veille à construire des infrastructures pour les entrepreneurs, mais il peut y avoir des ratés. Le port de HCMC ne pouvant pas accueillir les nouveaux porte-conteneurs, un transbordement était nécessaire à Singapour, pour les marchandises destinées à l’Europe et l’Amérique. La province a construit un nouveau port en eau profonde, à Cai Mep. «Mais ils ont oublié de construire une route pour y parvenir. Mauvaise coordination entre la province et l’État», constate un industriel étranger.

Malgré ces difficultés, le Vietnam est une nouvelle frontière pour des entrepreneurs étrangers. C’est le cas de Bruno. Rien ne le destinait à venir ici. Sauf qu’il a dû mettre à 50 ans la clé sous la porte de sa fabrique de meubles en France. Au Vietnam, il emploie maintenant 500 ouvriers pour construire des meubles qu’il livre à des clients français de la grande distribution.

Comme avant. Bruno a deux satisfactions. La première est d’avoir pu recommencer une aventure industrielle. La seconde est de créer maintenant des meubles en chêne, au lieu des meubles en mélaminé qu’il produisait en France. Les chênes, il ne les trouve pas au Vietnam. Il les fait venir des États-Unis et du Canada. Arrivés dans les magasins parisiens, ils auront fait le tour du monde.

LE VIETNAM SORT D’UNE BULLE IMMOBILIÈRE

Le Vietnam est un État à parti unique, dirigé par le Parti communiste.
Le PIB annuel par habitant est de 1 500 dollars.
70% des 90 millions de Vietnamiens ont moins de 35 ans.
70% de la population habite dans les zones rurales, et constitue un vivier important de main-d’œuvre.
Après des années d’euphorie, avant la crise de 2008, 2011 et 2012 ont constitué un plateau avec une croissance annuelle de 5%.
Le pays a dû négocier la sortie d’une bulle immobilière.
L’État a consolidé le secteur bancaire qui comptait 91 établissements.
Il tente de contenir l’inflation, qui était de 18% en 2011, en restreignant le crédit.

 PIERRE COCHEZ, à HÔ Chi Minh-Ville

(Source media : http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Made-in-Vietnam-2013-05-12-958823)
 

Commentaires

SOLIDARITE

 je suis  révolté par l' article  des industriels qui produisent au vienam,  en effet le seul objectif de ces personnes , c'est de faire  un maximun d' argent , en prenant comme critére la main d' oeuvre bon marché , on devrait sur taxé leur produit quand il revient en france,si encore les français payaient leur produits moins ,ce n' est pas le cas ( ex un casque au vietnam au norme européenne cout environ 80€ en france 300€), je vis au vietnam depuis pas mal de temps , les industriels français ayant cette logique me font vomir, j' ai honte d' etre français ,c' est le  comportement que les français avaient quand on l' appellait l' indochine ,il faut que des industriels viennent au vietnam mais pas avec cette mentalité un expatrié ecoeuré

oui

Je suis entièrement d'accord, étant moi mêmes entrepreneur mon but premier et ma fierté serais de créer une entreprise et de faire travailler les locaux donc de faire vivre des familles décemment! il est possible de vivre et faire vivre de son travail tout en respectant l'autre ses qualités, ses différences. c'est une question d'éthique personnel.

Fabrice

Ma devise : MENS SANA IN CORPORE SANO

IL faut un début à tout...

La quantité et les marges viennent avant la qualité, c'est un cycle immuable depuis que l'économie existe. Les pionniers sont toujours là pour faire de la quantité afin de grossir, ensuite, la qualité pourra ensuite venir, on le voit actuellement en Chine.

Je félicite ces pionniers, et j'encourage le gouvernement vietnamien dans sa quête de simplification de son administration (il y a de la volonté, mais les effets en actes restent encore à confirmer).

Le prochain problème du Vietnam qui a rejoins l'OMC, c'est la corruption et un système judiciaire indépendant et efficace. Bientôt il verra que seules la lutte contre la corruption sous toutes ces formes et le respect des lois par tous sans discrimination pourront relever les comptes de l'Etat et dynamiser son économie et sa compétitivité ! 

Ma devise : Avancer est toujours préférable qu'être immobile, et c'est mieux quand on est dans le bon sens !
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