Pierre Bézard, un grand magistrat anticonformiste

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Marié à une Gardoise, Pierre Bézard fait encore trois voyages par an au Vietnam. (Photo D. C.)

(www.midilibre.fr) - Directeur du service juridique de la commission des opérations en bourse, procureur de Paris, membre de la Haute cour de justice, président de chambre à la Cour de cassation... La carrière de Pierre Bézard, auteur de nombreux ouvrages de droit et souvent mandaté pour arbitrer des litiges entre géants du Cac 40, est une des plus belles qui soit pour un magistrat. Jaloux de son indépendance, il n’a jamais voulu faire partie d’un cabinet ministériel, à droite comme à gauche. Malgré ses 78 ans, l’homme reste actif et très impliqué.

Marié à une Gardoise, il vit en partie à Uzès et fait encore trois voyages par an dans son pays natal, le Vietnam. C’est à Uzès qu’il a rédigé, dans sa plus grande partie, le livre très documenté et sans parti pris qu’il vient de publier sur ses années de jeunesse à Saigon (Hô-Chi-Minh-Ville) et à Hanoï, portant tout particulièrement sur la période 1940-1946 qui précède et se termine par le début de la guerre française d’Indochine, puis l’arrivée des Américains et la guerre du Vietnam. Il explique aussi, dans son ouvrage, qu’il a été conduit à aider le gouvernement communiste, à partir des années 1990, à doter le pays d’un code civil et d’un code du commerce. Une coopération technique au profit d’un État totalitaire qui peut surprendre, venant d’un républicain, mais qu’il justifie ainsi, au-delà de ses racines vietnamiennes et du fait que beaucoup de dirigeants communistes sont ou étaient de formation française : "Je me suis dit que le régime politique est une chose, le peuple une autre. Or, j’aime le peuple vietnamien. Il a énormément souffert (1 million de combattants et 3 millions de civils tués) et le pays était exsangue avant qu’il ne se décide à libéraliser son économie, à la manière de la Chine. Les Vietnamiens aspirent à un meilleur niveau de vie, à s’ouvrir, à écouter de la musique occidentale. Sur le plan des libertés, j’ai constaté des évolutions mais dans des limites à ne pas franchir. La population a d’autres priorités, aujourd’hui, que la démocratie. Les Vietnamiens verront ce qu’ils veulent quand ils seront un peu plus repus."

Autre conviction de Pierre Bézard sur le Vietnam, que les volte-face de la France, en 1946, illustrent abondamment : "On a laissé passer une occasion unique en refusant à des gens modérés de se constituer en parti politique. On aurait pu les amener vers la liberté et le cours de l’histoire en aurait peut-être été changé".

PHILIPPE BERJAUD

(source: www.midilibre.fr)
 

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