Un cadeau à l’américaine

Vous êtes ici : Actualité » Un cadeau à l’américaine

Société

Un cadeau à l’américaine

Un cadeau à l’américaine
Agrandir le texte
Réduire le texte
Imprimer
Envoyer à un ami

Le professeur Carl Edwin (au milieu) et deux confrères vietnamiens, le jour de la réception du matériel, à l’hôpital Bach Mai. Photo : CTV/CVN

Il y a quelques mois, le professeur américain Carl Edwin Bartecchi a escorté un Boeing 747-400 transportant 42,8 tonnes d’équipements médicaux vers Hanoi. Le fruit d’une de ses collectes dans les hôpitaux des États-Unis au profit de celui de Bach Mai.

Octobre 2012. Hanoi. Un Boeing 747-400 en provenance des États-Unis atterrit à l’aéroport de Nôi Bai. À bord, un seul passager, Carl Edwin, et 42,8 tonnes de matériel sanitaire : appareils respiratoires, échographes, tensiomètres, lits, fauteuils roulants…, remplissant pas moins de 26 conteneurs. La marchandise est alors transportée directement à l’hôpital Bach Mai, et installée immédiatement. «L’ensemble de ces équipements, évalué à 20 milliards de dôngs (plus d’un million de dollars), est un don de l’hôpital américain Saint Anthony qui, après s’être modernisé, a offert son ancien matériel à Bach Mai. Même s’il a fallu que j’insiste beaucoup. Ces objets de seconde main sont tous en bon état et de qualité», révèle Carl Edwin, professeur à l’Université de Colorado.

 Un jour seulement après le dépôt de ce don dans la capitale, Carl Edwin a regagné son pays, pour revenir deux semaines plus tard au Vietnam. Accompagné cette fois-ci par sept pédiatres du Centre sanitaire Mayo des États-Unis, il avait pour tâche d’ouvrir une formation complémentaire pour les jeunes pédiatres vietnamiens. 


Quelques explications sur ce lit moderne à peine débarqué à Hanoi. Photo : CTV/CVN

Revenir à Bach Mai, un «devoir»

Depuis 1997, c’est par l’intermédiaire de ce septuagénaire américain que l’hôpital Saint Anthony, plusieurs autres organismes, ainsi que de nombreux particuliers, ont apporté leurs aides matérielles et techniques à divers établissements sanitaires vietnamiens.

 Cette histoire est pas seulement intéressante pour son côté caritatif, mais aussi et surtout parce que cet homme est en fait un ancien médecin de l’armée américaine. En 1966, Carl Edwin a été envoyé au Vietnam où il a travaillé deux ans pour une équipe d’ambulance par hélicoptère. De retour aux États-Unis, ce militaire démobilisé a longtemps été hanté par ses souvenirs. Cette obsession était tellement forte qu’il a finalement décidé de retourner au Vietnam.

«Je suis revenu pour la première fois en 1997. J’ai visité un peu tout le pays, surtout Hanoi, Huê et Hô Chi Minh-Ville», se souvient-il. Et comme s’il se l’imposait tel un devoir au regard de son passé, il décida de rencontrer le professeur Vu Van Dinh, créateur du Département de secours d’urgence et de réanimation de l’hôpital Bach Mai, à Hanoi. «Nous sommes devenus amis proches. C’est à ce moment là que j’ai décidé de m’investir pour mes confrères vietnamiens», confie-t-il. 


Un échographe de seconde main offert par le professeur Carl Edwin à l’hôpital Bach Mai, Hanoi. Photo : CTV/CVN

Trente voyages en quinze ans

 Depuis quinze ans, le professeur américain revient régulièrement au Vietnam, à raison de deux voyages par an. Son objectif : animer des formations professionnelles, offrir des équipements, et transférer des technologies avancées. «Les médecins vietnamiens sont doués et impliqués. C’est très motivant pour moi», avoue Carl Edwin.

 Le professeur a également permis à des experts de l’Organisation sanitaire Saint Anthony de venir enseigner à Bach Mai. Pour ne pas venir les mains vides, Carl Edwin et ses collègues se sont portés volontaires pour collecter des équipements dans les hôpitaux américains. Le professeur Vu Van Dinh se rappelle : «Lors de sa première visite à l’hôpital Bach Mai, en 1997, il s’est montré très disposé à nous aider matériellement. Je lui ai dit que nous avions besoin d’appareils respiratoires, qu’il nous a apportés quelques temps plus tard. Et depuis, nous recevons de temps en temps un convoi d’équipements sanitaires divers que le professeur a collecté».

Parmi ses trente séjours au Vietnam, le septuagénaire retient le dernier, celui d’octobre 2012. «Le plus impressionnant», selon ses termes : «Imaginez que j’étais l’unique passager d’un Boeing. Sans musique ni vidéos. Je me suis assis derrière les deux pilotes, et n’ai fait que contempler les nuages et le ciel bleu». Un voyage qui a tout de même coûté 350.000 dollars de frais de transport. Pour le financer, il a passé un mois à frapper à toutes les portes, professionnels ou particuliers, pour trouver des dons. «Quant à la compagnie aérienne, je l’ai convaincue de me faire un prix préférentiel, en avançant l’argument du besoin urgent de ces équipements pour le Vietnam», conclut-il avec le sourire.

 À 73 ans, Carl Edwin est encore très dynamique. Outre les cours à l’Université de Colorado, il travaille encore, en qualité de médecin, pour un hôpital en ville. Il donne régulièrement des consultations gratuites aux populations défavorisées et immigrées en Californie.

NGHIA DAN/CVN

(Source: Le Courrier du Vietnam)
 

Nouveau Envoyer à un ami