Un lanceur d’alerte pour l’environnement

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Scandalisé par la situation, James Joseph Kendall n’a pas hésité à se jeter à l’eau pour faire passer son message. Photo : Facebook

Les images d’un étranger, James Joseph Kendall, en train de ramasser des ordures dans un canal de Hanoi ont fait le tour du pays grâce aux réseaux sociaux et aux médias. Une action salutaire qui a eu le don de réveiller les consciences.

James Joseph Kendall, un Américain au Vietnam. Rien d’extraordinaire jusqu’ici. Sauf que l’individu n’hésite pas à patauger dans certains canaux de Hanoi pour y retirer les ordures qui les jonchent.

Le 15 mai dernier, un membre de Facebook surnommé M.T a posté un statut avec des photos d’un groupe - composé d’étrangers et de Vietnamiens - en train de «patchiquer» dans un petit canal, très sale, de la rue Nguyên Khang, dans l’arrondissement de Câu Giây, à Hanoi, pour y ramasser des déchets. Ces images ont été partagées des milliers de fois avec une avalanche de commentaires positifs publiés par les internautes.

Les personnes apparaissant sur ces photos sont toutes des membres du groupe Keep Hanoi Clean (Garder Hanoi propre), un organisme à but non lucratif ayant pour mission de rendre plus propres le paysage et l’environnement de la capitale.

«Je suis un Américain qui vit au Vietnam depuis trois ans. Je donne des cours d’anglais dans une école de la ville. À chaque fois que j’effectue le trajet pour aller au travail, je constate une réalité : il y a encore beaucoup d’ordures jetées par les habitants dans les égouts autour des maisons, ce qui a pour effet de provoquer une congestion et une odeur infecte», partage James Joseph Kendall, chef du groupe.


Vietnamiens et étrangers, main dans la main, toutes générations confondues, ont retroussé leurs manches pour la bonne cause. Photo : Facebook

Une prise de conscience collective

Le 1er mai dernier, cet Américain a donc fondé le groupe Keep Hanoi Clean, appelant la participation des amis étrangers avec le souhait de contribuer au nettoyage de l’habitat environnant par des actions pratiques. Puis, «de jeunes Vietnamiens ont également rejoint notre équipe», informe-t-il.

L’opération désintéressée de cet Américain fait l’admiration de l’opinion publique, surtout des gens qui vivent dans la zone du canal en question.

Cette mauvaise habitude de jeter ses ordures n’importe où est commune à l’immense majorité des Vietnamiens, et ce depuis des années. Manque de civisme ou absence de conscience citoyenne alimente un cercle vicieux qui a pour effet un entassement continu des déchets en tout genre, en dépit des services de collecte de ces derniers plutôt performants.


Kendall (en vert) et des jeunes Vietnamiens membres du groupe Keep Hanoi Clean. Photo : Facebook

Un étranger prêt à patauger dans des lieux où même un pestiféré n’oserait pénétrer pour les nettoyer ? Cette image a servi d’électrochoc pour de nombreuses personnes, qui ont décidé de revoir leur manière de penser les choses et celle de leur communauté. L’action de James Joseph Kendall et de ses amis s’est répandue comme une traînée de poudre au Vietnam. Beaucoup de jeunes Vietnamiens sont venus exprimer leur gratitude au groupe : «Je suis Hanoïen. Je vous remercie d’avoir aidé à rendre notre environnement plus propre. Permettez-moi de me joindre à vous !».

Actuellement, le groupe Keep Hanoi Clean compte plus de 1.400 membres, dont une dizaine à titre permanent comme Nguyên Thu Thuy. «On ne peut pas mettre fin au rejet des déchets. Cela fait de la peine de voir James travailler comme une bête de somme toute la journée. Occupés par nos propres activités durant la semaine, nous ne pouvons pas l’aider. Donc, nous avons décidé de nous réunir le week-end, qui permet de mobiliser plus de participants pour plus d’efficacité», explique-t-elle.
 


J.J. Kendall honoré par le président du Comité populaire de Hanoi
 
En reconnaissance des contributions de James Joseph Kendall à la protection de l’environnement de Hanoi, le président du Comité populaire municipal Nguyên Duc Chung lui a rendu visite le 18 mai et lui a épinglé un logo de Hanoi.

J.J. Kendall voit plus loin : «Dans l’avenir, nous ne ramasserons pas seulement les déchets urbains. Nous voudrions également redonner vie à ces rivières 'mortes' à Hanoi. Je sais bien que c’est un objectif très ambitieux, qui prendra du temps. Mais avec l’aide de vous tous, je crois que c’est possible».

Regarder la réalité en face

Depuis que les photos de James - «L’étranger qui ramasse des ordures» - ont fait le «buzz» sur les réseaux sociaux, de nombreuses organisations et personnes mettent la main à la pâte en ramassant elles-mêmes les ordures rejetées par leurs concitoyens ou en participant aux activités de Keep Hanoi Clean. Afin de donner plus de sens à ces actions, plusieurs parents emmènent leurs enfants sur place pour les sensibiliser à la protection de l’environnement. Histoire d’opérer une prise de conscience salutaire.

Mais changer les mentalités nécessite du temps. Nous savons tous que ces actions, aussi louables soit-elles, sont insignifiantes au regard du volume de détritus rejeté chaque jour. Seule l’éducation, en particulier des plus jeunes, permettra d’obtenir des résultats durables.


Un «terrain de jeu» utile pour les enfants. Photo : VOV

Nguyên Phuong Lan, membre du groupe Keep Hanoi Clean, n’a pas hésité à se mettre au travail avec son fils dans la rue Xuân Diêu, considérant cette activité comme un «terrain de jeu» utile pour la pause estivale. «Je veux intégrer la théorie vue en classe dans une expérience pratique pour mon enfant. Un individu ou un collectif ne peut à lui seul changer la situation. Mais j’espère que tous ces gens mobilisés pour une cause commune contribueront à faire évoluer les habitudes. Peut-être la présence des enfants fera-t-elle réfléchir les adultes à leur comportement ?».

Les enfants, contrairement à ce que redoutaient leurs parents, se montrent très enthousiastes une fois sur place. «Beaucoup d’enfants m’admirent parce que j’ai la 'permission' de mes parents de ramasser des ordures dans la rue. Ils veulent faire comme moi, mais leurs parents ne sont pas d’accord», s’exclame une petite de l’école primaire Phan Ðình Giót. Ne reste plus qu’à espérer que cet élan pour la cause environnementale ne sera pas sans lendemain. La capitale en a bien besoin.

Minh Quang/CVN

(Source media: Le Courrier du Vietnam)

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