Vietnam. 40 ans après, la paix des mères

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Vietnam. 40 ans après, la paix des mères

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(media : www.letelegramme.com) - Une Américaine âgée de 90 ans, Rae Cheney, pose, pour la première fois, le pied au Vietnam et serre dans ses bras une autre vieille dame, de nationalité vietnamienne. Elles ne se connaissent pas, mais ont toutes deux perdu leur fils il y a quarante ans, dans la guerre qui a opposé les deux pays.

Depuis la fin de la guerre du Vietnam, les deux pays ont tourné la page, rétabli des relations diplomatiques et entamé des programmes de coopération tous azimuts. Plus rien ne s'oppose, désormais, à ce que Rae Cheney et Ho Thi Moan, deux mères éplorées ayant perdu leur fils au cours du conflit, prennent le temps de se comprendre. Rae est venue inaugurer une crèche qui porte le nom de son fils, Dan Cheney. Une bibliothèque attenante honore toutes les mères des soldats tués au combat. «Je veux pouvoir parler avec les mères de ce pays, parce que c'est là que Dan a perdu la vie et nous partageons toutes la même douleur», explique-t-elle, à Hanoi, avant la cérémonie. Les deux bâtiments ont été financés par des vétérans américains et des donateurs qui soutiennent l'association Peace Trees Vietnam (Les arbres de la paix au Vietnam), créée en 1995 par la soeur de Dan, Jerilyn Brusseau.

Des millions de morts

L'association revendique la mission de «transformer le chagrin en aide» et a été la première organisation non gouvernementale étrangère autorisée à participer au nettoyage des mines antipersonnelles dans le Vietnam d'après-guerre. Elle s'est installée dans la province de Quang Tri, située le long de l'ancienne zone démilitarisée qui partageait le Nord communiste du Sud pro-américain, une région littéralement tapissée de bombes. PeaceTrees déterre les engins explosifs, informe la population, plante des arbres sur les terrains déminés et construit des crèches et des écoles. Après la mort de son frère, Mme Brusseau s'était juré de venir un jour dans ce pays et d'y apporter quelque chose. Ces quinze dernières années, elle s'est rendue une trentaine de fois à Quang Tri. «C'est devenu ma deuxième maison», confie-t-elle. Mais pour sa mère, la seule pensée de marcher sur le sol où son fils a perdu la vie était insupportable. Dan avait 21 ans, il venait de se fiancer et d'obtenir son brevet de pilote. Il a été abattu aux manettes de son hélicoptère Cobra, près de Saigon, en janvier 1969, seize jours après être arrivé dans le pays. «J'ai cousu ses insignes de lieutenant et de pilote sur son uniforme et déposé des fleurs sur sa tombe, le tout en moins d'un an», se souvient Rae. Comme lui, 58.000 Américains et au moins troismillions de Vietnamiens sont morts pendant le conflit. La douleur de Rae n'a commencé à s'apaiser que des années plus tard, lorsqu'elle s'est mise à écrire des lettres de remerciements aux donateurs de Peace Trees, plus de 8.000 en tout. Les yeux rougis et la voix tremblante, la vieille dame s'apprête à monter dans l'avion qui l'amènera de Hanoi à Quang Tri, où elle verra pour la première fois les arbres plantés sur les anciens champs de bataille. «Leur vigueur me donne une force que je peux difficilement expliquer», déclare-t-elle.

Rencontre émouvante

Arrivés dans la province de Quang Tri, Rae et d'autres proches de soldats tombés pendant la guerre sont reçus dans le village de Kha Da, où ont été construites la crèche «Dan Cheney» et la bibliothèque dédiée à «la paix des mères». «Je suis bouleversée», dit, aux habitants, la vieille dame, debout sur une estrade dressée au centre de ce village entouré de collines. Puis vient ce moment qu'elle espérait tant. Ho Thi Moan, une autre vieille dame, la rejoint pour la serrer dans ses bras. Elle aussi a perdu son fils, il y a 40 ans.

Ian Timberlake

(source media : www.letelegramme.com)
 

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