Manifestation le 1er mai 2016 à Hanoï au Vietnam contre la société taïwanaise Formosa accusée d'être impliquée dans une fuite toxique qui a ravagé l'industrie de la pêche Photo HOANG DINH NAM. AFP

Des centaines de personnes ont manifesté dimanche à Hanoi pour protester contre une société taïwanaise accusée d’être impliquée dans une fuite toxique qui a ravagé l’industrie de la pêche sur les côtes centrales du Vietnam.

Des tonnes de palourdes mortes ont été retrouvées la semaine dernière dans la province de Ha Tinh, là où des cadavres de poissons avaient déjà commencé à s’échouer début avril.

L’opinion publique s’est émue alors que l’industrie locale de la pêche subissait de lourds dégâts.

Le groupe taïwanais Formosa, qui possède un immense complexe sidérurgique dans la région, est soupçonné d’être à l’origine d’une pollution qui a provoqué ces ravages.

Les manifestants ont défilé sur les rives du lac Hoan Kiem dans le centre de Hanoï. «Dehors Formosa», «La mer meurt, nous mourrons», «sauvez la mer», pouvait-on lire sur les pancartes des protestataires.

L’enquête officielle est toujours en cours mais la presse officielle a mis en cause un aqueduc d’1,5 kilomètre acheminant les eaux usées émanant de l’aciérie de Formosa jusqu’à la mer.

Formosa s’est retrouvée au coeur de scandales environnementaux à travers le globe mais les enquêteurs vietnamiens n’ont pour l’heure pas établi de lien direct entre les opérations de l’aciérie et la mort des coquillages et des poissons.

Chou Chun Fan, un responsable de l’usine, a été licencié après avoir tenu des propos qui ont fortement choqué le pays.

«Vous ne pouvez pas tout avoir», avait-il lancé. «Vous «devez choisir entre les poissons, les crevettes ou une aciérie ultra-moderne».

Formosa a présenté ses excuses pour ses déclarations et ouvert sa propre enquête.

«Je crois que Formosa sait que ses agissements ont provoqué cette pollution environnementale», a déclaré Vu Cong Thuan, un manifestant de 50 ans. «L’usine de Formosa doit fermer».

Les autorités ont reconnu des défaillances dans leur réaction à cet incident.

«Notre réponse face à ce désastre environnemental a été lente», a déclaré le ministre de l’Environnement Tran Hong Ha au journal Tuoi Tre.

Formosa a reçu l’ordre de déterrer l’aqueduc «pour qu’il soit plus facile à surveiller».

Le nouveau Premier ministre Nguyen Xuan Phuc a promis de «punir sévèrement» les coupables.

Le centre du Vietnam compte de nombreuses installations industrielles. Mais le pays communiste, grâce à ses 3.000 kilomètres de côtes, exporte aussi beaucoup de poissons et de fruits de mer. Un secteur qui lui a rapporté 5,8 milliards d’euros l’an passé.

AFP