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Bayer-Monsanto, alchimie monstrueuse

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Bayer-Monsanto, alchimie monstrueuse

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Le groupe allemand a mis, lundi, 55 milliards d’euros sur la table pour racheter l’américain et créer un mastodonte des pesticides et des semences encore plus puissant.

Certains le surnomment déjà «le mariage des affreux». Le groupe allemand Bayer, connu pour fabriquer, entre autres, les très décriés pesticides «tueurs d’abeilles», convoite l’américain Monsanto, spécialiste des semences OGM, fabricant de l’herbicide Roundup et bête noire des écologistes. Pour parvenir à ses fins, Bayer s’est dit prêt, lundi, à faire un gros, un immense chèque : 62 milliards de dollars (55 milliards d’euros). Ce qui en ferait la plus grosse acquisition d’un groupe étranger par une entreprise allemande, loin devant celle de Chrysler par Daimler à la fin des années 90, pour 36 milliards de dollars. Et ce qui donnerait naissance à un mastodonte de l’agrochimie. Au détriment, accusent les ONG et associations paysannes, des producteurs et des citoyens.

Qui sont ces deux groupes ?

Monsanto fait figure de grand méchant de l’agrochimie. Au point qu’a lieu chaque année une «marche mondiale contre Monsanto». La dernière a eu lieu samedi, rassemblant des milliers de personnes en France, au Canada, en Suisse ou en Uruguay, autour de slogans tels que «Monsanto tu n’auras pas ma peau», «Consommateurs, pas cobayes» ou «Monsanto entreprise criminelle». La firme de Saint-Louis (Missouri) est si controversée qu’un collectif de juristes et d’ONG a même lancé, fin 2015, un tribunal international pour «juger les crimes imputés à la multinationale américaine dans le domaine environnemental et sanitaire et contribuer à la reconnaissance du crime d’écocide dans le droit international» (lire Libération du 3 décembre 2015).

Né en 1901, Monsanto pâtit d’un passé sulfureux. Il a été l’un des fabricants de l’«agent orange», un défoliant utilisé pendant la guerre du Vietnam. Affirmant durant des décennies qu’ils étaient sans danger tout en sachant que c’était faux, la firme a également produit les PCB (polychlorobiphényles ou pyralènes), utilisés notamment dans les transformateurs. Ils ont fini par être interdits aux Etats-Unis en 1979 et en France en 1987 tant leur toxicité est forte, mais se retrouvent encore dans notre environnement et nos corps. Aujourd’hui, son herbicide Roundup, souvent vendu en association avec ses OGM «Roundup Ready», se retrouve au cœur d’une vive polémique. Soupçonné d’être cancérogène, l’ingrédient principal de ce produit, le glyphosate, divise l’Union européenne : elle vient de reporter sa décision sur le renouvellement de l’autorisation de cette substance (lire Libération des 18 et 19 mai).

Mais ses détracteurs le reconnaissent eux-mêmes, Monsanto - qui pèse 13,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires, dont 70 % dans les semences et la génétique et le reste dans les pesticides - n’est que l’arbre qui cache la forêt. La firme est devenue pour eux le symbole de tout un secteur, une «caricature de multinationale prédatrice». Les organisateurs du «tribunal contre Monsanto» expliquent d’ailleurs qu’au-delà de celle-ci, il s’agit de dénoncer «toutes les multinationales et entreprises qui ne sont mues que par la recherche du profit et qui, de ce fait, menacent la santé des humains et la sûreté de la planète».

Les grandes manœuvres dans l'agrochimie

La réputation de Bayer, connu surtout pour son aspirine, n’est pas aussi sulfureuse que celle de sa proie. Pourtant, le géant allemand (46,3 milliards d’euros de ventes, dont 22 % dans les pesticides et semences) n’a rien d’une blanche colombe. Avec d’autres piliers de la chimie allemande comme BASF, il est l’héritier du conglomérat IG Farben, fournisseur du zyklon B utilisé dans les camps de la mort nazis. Il a aussi été mis en cause dans plusieurs affaires (médicament anticholestérol soupçonné d’avoir causé de nombreux décès, vente de produits sanguins contaminés par le VIH…). Aujourd’hui, ses pesticides néonicotinoïdes, vendus sous les marques Gaucho ou Proteus, alarment apiculteurs et chercheurs, car ils tuent les abeilles mais aussi moult autres bestioles, et leur impact sur notre santé inquiète (Libé du 9 mai).

Pourquoi une telle fusion ?

Monsanto n’est pas en forme. Il subit le plongeon des prix des matières premières agricoles et donc la chute du revenu des agriculteurs, qui, à son tour, affecte la demande pour les engrais, OGM et pesticides. Le groupe souffre aussi de la hausse du dollar, qui renchérit ses produits en Amérique latine. Du coup, il prévoit de fermer des sites et de réduire de 16 % ses effectifs globaux d’ici 2018, soit 3 600 emplois sur 20 000. Il est passé en quelques mois du statut de prédateur à celui de proie. En 2014 et 2015, le champion mondial des semences a tenté plusieurs fois d’avaler son concurrent suisse Syngenta, le premier producteur mondial de pesticides, avec l’idée que les semences et pesticides gagnent à être vendus ensemble. En vain. Depuis, son cours de Bourse a chuté et Syngenta est tombé en février dans les bras du chinois ChemChina. A peine deux mois après l’annonce, en décembre, de la fusion de ses compatriotes américains DuPont et Dow Chemicals.

Le secteur de l’agrochimie vit en effet une période centrifuge sans précédent… alors qu’il était déjà très concentré : en 2015, dix entreprises contrôlaient quelque 75 % du marché mondial des semences, estimé à 45 milliards de dollars par an (les trois premières, Monsanto, DuPont et Syngenta monopolisant plus de 50 % du marché). Et elles étaient six à se partager les trois quarts du marché mondial des pesticides, qui pèse 60 milliards de dollars.

Que peut-on en attendre ?

Werner Baumann, le tout nouveau patron de Bayer, justifie ainsi le rapprochement avec Monsanto : il faut nourrir une population mondiale en plein boom démographique. Mais pour Peter Spengler, analyste chez DZ Bank, cité par l’AFP, c’est surtout pour Bayer «une chance, qui n’arrive qu’une fois dans sa vie, de dominer le marché agricole mondial», avec plus de 23 milliards d’euros de ventes combinées.

La course à la taille entre les géants de l’agrochimie a pour objectif de contrôler un maximum de brevets, en particulier sur les OGM. Et de vendre aux agriculteurs un «paquet complet», incluant les semences et les engrais et pesticides chimiques qui vont avec. Voire le conseil, les équipements ou les «services climatiques» : Monsanto a ainsi déboursé près d’un milliard de dollars en 2013 pour s’offrir The Climate Corporation, fondé par des anciens de Google et spécialisé dans l’analyse ultralocalisée du risque agricole et la vente de polices d’assurance associées… «Avec un tel "paquet complet", l’agriculteur sera totalement sous la dépendance d’une seule entreprise, prédit Guy Kastler, de la Confédération paysanne. Et ces multinationales, de plus en plus grosses, auront encore plus de poids sur les gouvernements pour faire passer des réglementations qui obligeront les agriculteurs à utiliser leurs produits. Regardez la guerre qu’elles font déjà aux semences paysannes, désormais encore plus menacées d’appropriation par les brevets sur les "new breeding techniques", ces nouveaux OGM que les firmes rêvent de pouvoir vendre sans étiquetage. J’y vois une menace pour l’ensemble des citoyens, car nous risquons de perdre notre souveraineté politique et notre indépendance alimentaire.» Pour Arnaud Apoteker, ex de Greenpeace et coorganisateur du «tribunal contre Monsanto», «si ces fusions dans l’agrochimie se font, tout le système agricole mondial se trouvera entre les mains de trois conglomérats en mesure d’imposer des politiques agricoles basées sur les semences OGM et leurs pesticides associés».

Reste qu’il n’est pas encore dit que les mariages annoncés aient lieu. Bien que se disant «hautement confiant» dans sa capacité à financer le rachat de Monsanto, Bayer est déjà très lourdement endetté. Et les autorités de la concurrence pourraient tiquer face à la création de tels mastodontes. Elles n’ont d’ailleurs pas encore donné leur bénédiction aux noces agrochimiques de Dupont-Dow et Syngenta-ChemChina.

http://www.liberation.fr/futurs/2016/05/23/bayer-monsanto-alchimie-monstrueuse_1454681

 

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Note

Entre le fournisseur des camps nazis et celui du défoliant de la guerre du Vietnam, le mélange serait tragique !

Ma devise : Ne par prévoir, c'est déjà gémir ! Et Science sans Conscience n'est que Ruine de l'âme !
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