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Au Vietnam, la psychiatrie à l’aveuglette

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Des particuliers prennent en charge des personnes souffrant de troubles mentaux, signe que la médecine est incapable de prendre en compte ces maladies.

La découverte du cadavre d’un nouveau-né dans un sac en plastique sur sa petite plantation de caféiers a fait réfléchir Ha Tu Phuoc aux situations dramatiques auxquelles certaines familles pouvaient être confrontées. L’incident a fait vibrer la fibre empathique de cet homme de 48 ans, qui a décidé de faire de son mieux pour aider ces pauvres gens. 
 
Phuoc avait à peine donné une sépulture au nourrisson anonyme que, quelques jours plus tard, il trouva chez l’un de ses clients un garçon enfermé dans une cage. “Les parents m’ont expliqué que leur fils pouvait avoir des accès de violence, qu’ils avaient peur de lui et qu’il était trop fou pour qu’ils le laissent se promener librement”,raconte-t-il. C’était il y a dix ans et l’homme en cage fut le premier malade que Phuoc ramena chez lui, dans les environs de Pleiku, ville reculée des hauts plateaux du centre du Vietnam. Aujourd’hui, Phuoc partage sa maison avec son épouse Huynh, de dix ans sa cadette, leur fils de 13 ans et une centaine d’aliénés. Son domicile est un patchwork de contreplaqué et de tôle ondulée, sobrement meublé de deux lits à claire-voie et d’un vieux téléviseur. 
 
Mais son grand œuvre se trouve à cent mètres de là : construit il y a sept ans, c’est un immense complexe en béton dans lequel sont alignés des châlits et des matelas pour les hommes, flanqué d’une petite pièce séparée pour l’unique femme résidant sur place. Certains pensionnaires ont les chevilles entravées, pour les empêcher “de s’échapper et de s’attirer des ennuis”, explique Huynh. Quel genre d’ennuis ? Ils pourraient se perdre dans les collines environnantes et se faire maltraiter par les gens du pays, comme cela est déjà arrivé à un de leurs pensionnaires, contraint par des voyous à se déshabiller entièrement dans la grand-rue du village. 
 
Bénévolat. 
 
Bien que la schizophrénie soit désormais un peu mieux reconnue, d’autres problèmes de santé mentale, tels les troubles dépressifs, bipolaires, ou l’anxiété, demeurent étrangers au lexique de la grande majorité des Vietnamiens. La plupart des malades sont simplement considérés comme des benh tam thanh – des fous. La “folie” est encore largement perçue par la population comme un châtiment karmique punissant les actes répréhensibles perpétrés dans une vie précédente par un membre de la famille – mais pas nécessairement par le malade lui-même. 
 
“Je ne sais pas si leur maladie est spirituelle ou physique, et je ne veux pas connaître leur passé”, déclare Huynh. Sans plus de formation médicale que son mari, elle s’occupe jour après jour de ses patients, tandis que Phuoc travaille de l’aube au crépuscule pour financer son asile. Ils portent de toute évidence beaucoup de respect à Hyunh, un petit bout de femme deux fois plus petite qu’eux : pendant qu’elle distribue les paquets de cigarettes et les cartons de lait que j’ai apportés à la demande du couple, ils résistent ostensiblement à la tentation de se jeter sur ces produits de luxe. Puis, sur un signal de leur bienfaitrice, ils allument enfin leur cigarette et attaquent les cartons de lait au goulot. 
 
Phuoc et Huynh bénéficient de quelques aides, notamment sous forme de nourriture, offerte par des donateurs locaux. Un programme gouvernemental distribue également gratuitement des médicaments contre la schizophrénie aux centres de santé communautaires disséminés dans tout le pays. Les pensionnaires de Phuoc ont droit à un comprimé tous les matins.
 
Le Dr Lam Tu Trung, directeur de l’hôpital psychiatrique de Danang, se dit néanmoins préoccupé par ce type de structure. “Les gens qui les dirigent ne savent pas utiliser les médicaments et ne sont absolument pas formés pour s’occuper de malades atteints de troubles souvent complexes et qui peuvent les rendre dangereux”,déplore-t-il. Pourtant, cette ignorance quasi totale de la psychiatrie ne semble déranger ni les patients de Phuoc ni leurs familles. Et moins encore le gouvernement – dont les organes de presse, loin d’admettre que cette situation a quelque chose d’inquiétant, présentent Phuoc comme un héros. 
 
Expérience.
 
BasicNeeds, une association d’aide au développement axée sur les services de santé mentale, a commencé à promouvoir la psychothérapie, la réinsertion communautaire et la formation professionnelle des patients dans la province de Thùa Thiên-Hué, au centre du Vietnam. “L’une de nos plus grandes réussites a été de démontrer que les malades mentaux n’étaient pas inutiles. Ce ne sont pas simplement des fous qu’il faut enfermer dans un univers carcéral, souligne Tam Nguyen, directeur de BasicNeeds pour le Vietnam. Ce que nous faisons n’a rien d’extraordinaire, mais c’est une grande première pour le Vietnam.” 
 
Le Dr Bui Minh Bao, généraliste dans un centre de santé participant à ce programme, se félicite de ce projet. “Le fait que les gens de cette communauté n’aient plus honte de recevoir un traitement est en soi un immense progrès, assure-t-il. Pour ma part, j’ai également beaucoup appris, car jusqu’à présent le seul trouble mental que je connaissais était la schizophrénie.” Vicky Ngo, la psychologue qui supervise le programme BasicNeeds, estime qu’il faudra au moins dix ans avant que ce modèle puisse être reproduit. “Pour l’heure, les seules maladies traitées dans le pays sont la schizophrénie et l’épilepsie, et le traitement se borne généralement à isoler les patients dans un hôpital psychiatrique et à leur administrer des médicaments, ce qui peut provoquer bien des dégâts.” 
 
Au bout de quelques mois dans ce type d’hôpital, où les erreurs de diagnostic sont fréquentes, poursuit-elle, les patients sont généralement renvoyés dans leur famille. Or cela pose problème car personne n’apprend aux familles à s’occuper correctement des malades mentaux. “L’Etat ne devrait pas dépenser autant d’argent pour assommer les patients de tranquillisants et les écarter de la société – chose qui se fait aussi bien en milieu hospitalier qu’à domicile et dans les centres comme celui de Pleiku”, souligne-t-elle. Le centre d’accueil de Phuoc a tout au moins l’intérêt de mettre en lumière l’une des grandes failles de la politique de santé du Vietnam car, comme le fait remarquer Tam Nguyen, “il faut que le système de santé soit bien mal en point pour que des gens n’y connaissant rien aux troubles mentaux accueillent davantage de patients qu’un centre professionnel”. 
 
http://www.courrierinternational.com/article/2015/01/26/au-vietnam-la-psychiatrie-a-l-aveuglette
 
 
 

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