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un Viet Kieu venu de Mars

Traité du Zen et de l'entretien des motocyclettes » un Viet Kieu venu de Mars

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Je suis un Viet Kieu et heureux de l’être.

Je suis né d’une mère venant de Hai Phong, d’un père venant de Hué et j’ai vécu mon enfance à Saigon, à moi tout seul je résume involontairement la réunification du pays. J’ai quitté le Vietnam à l’âge de 9 ans, exactement le 15 aout 1969 et je suis aujourd’hui un gamin de 50 ans et demi (je tiens à mon « demi »). J’ai fait mes études secondaires et passé mon adolescence dans l’arrière-pays de Provence (je mange mes nems avec de l’huile d’ovile : oh peuchère, que c’est bon !). J’ai fait mes études supérieures au Japon, j’ai travaillé en Israël, ingénieur informaticien aujourd’hui créateur de jeux et de cerfs-volants et je joue du didgeridoo des aborigènes australiens. Tel est mon trajectoire de vie en mode télégraphique, un bref photographique de mon identité.

Et il y a rien d’extraordinaire en cela et c’est sans doute un exemple tout à fait normal de parcours bien coloré de la plupart des Viet Kieu. Ce genre de parcours fait que nous ne sommes plus français, que nous ne sommes plus vietnamiens, mais que nous sommes les deux à la fois, indissociables. Notre mère patrie n’est plus une terre, mais une conscience, un espace culturel en expansion. Nous sommes citoyens du monde. Nous sommes des déracinés heureux car on s’enracine où là on veut, là où c’est bon, là où c’est chaud. Le déracinement est notre force, nous sommes au carrefour des cultures pour nous nous nourrir du meilleur des mondes.

Malgré tout, j’ai, comme tout vietnamien de la diaspora, un attachement quasi charnel avec le Vietnam, cet attachement qui vous tient à corps, au cœur et aux tripes, cette même sensation d’apesanteur quand on est amoureux. Je me tournais en rêve vers le Vietnam avec la même foi qu’un musulman priant en direction de la Mecque, j’ai été élevé dans le mythe d’un Vietnam idyllique, la terre promise de toutes les promesses : « tu verras, après la guerre, le Vietnam va dépasser le Japon » disait ma mère.

Bien sûr, inévitablement, loin de la terre natale, j’ai cumulé des illusions, des chimères, des espoirs et des rêves fous que tant d’années ont naturellement engrangés. J’ai décidé un matin de rentrer au Vietnam, de prendre le chemin du retour. J’y vais comme on va à son premier rendez-vous galant, avec plein d’appréhension, d’excitation et de joie.

Je garde la tête froide et je reste sur mon quant-à-soi... en guise d'armure. C'est se méprendre sur la nature du choc. L'exil est une déchirure mais le chemin du retour l'est aussi. On ne revient pas impunément au Vietnam, trente ans après, sans prétendre jamais être en exil de sa langue et de ses racines .

Au contact de la terre promise, j’ai perdu mes illusions, mais j’ai gardé mes rêves.

Je découvre un autre Vietnam différent de celui de mon enfance, une autre mode de pensée, une autre mode de perception du gout, du temps, des sentiments, un art de vivre, une grille de pensée fondée sur d’autres critères sur d’autres valeurs, ce qui est logique pour nous ici ne l’est plus la-bas, leur logique n’est pas une illogique mais une autre logique, un monde fait de splendeur et de noirceur, un monde âpre et doux, un monde en devenir entre jungle et civilisation, un monde oscillant entre matérialité cupide et compassion généreuse… Je me découvre Martien, et que je ne sais rien de ce monde, qu’il me faut réapprendre l’alphabet du vivre au Vietnam dans le dit et le non-dit.

Je vais regarder, apprendre, juger, aimer ce monde avec mon bagage de vie, avec ma candeur et mes convictions et partager ce que je crois être bon pour le Vietnam.

Ce blog est le journal de la tribulation au Vietnam d’un Viet Kieu venu de Mars.

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khoapham

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26 décembre 2011

Dernière mise à jour de son blog
4 janvier 2012, 19:22

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29 Septembre 1960

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Hoi An

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Commentaires

Viet Kieu

 Bonjour Khoapham

Lorsque j'ai lu votre histoire, j'ai vraiment eu l'impression de me voir dedans. En effet, je suis née à Phu Nhuan (près HCM ) d'un père de Hanoi et d'une mère de Haiphong. 

J'ai quitté le Vietnem en 1967 à l'âge de 8 ans. J'ai donc fait ma vie en France et je ressens exactement les mêmes états d'âme quant à l'appartenance au pays d'origine ou d'accueil. Parfois je me sens complètement française mais il arrive toujours des faits qui rappellent que je n'ai pas une tête occidentale.

Je suis retournée au Vietnam en 2008 et 2010 et mes enfants ont beaucoup apprécié car ils ont pu vérifier la mentalité et la façon de vivre des vietnamiens que mes parents et moi-même leur avons inculquées dès leur enfance. J'ai retrouvé quelques sensations  furtives d'enfance (odeur, couleur, objet...) . Pour le reste, je suis un peu effarée par le modernisme galopant dans les villes en contradiction complète avec les villages pauvres en campagne.

Et vous avez raison, nous allons poursuivre nos vies en essayant de nous adapter avec discernement à l'évolution de nos 2 mondes.

A bientôt 

Ma devise : rien de grand n'a jamais pu être réalisé sans enthousiasme

entre deux mondes..........

 je viens de lire votre parcours de déraciné heureux ............

D'après vos écrits l'humour et le recul vous permettent d'apprécier votre situation même si sans doute parfois vous ne savez plus qui vous êtes vraiment à cause de ce plongeon tout jeune dans la culture française.

Les Viêtnamiens en France ont cette chance (du moins jusqu'à présent) de ne pas souffrir de racisme ou méfiance comparé à d'autres "étrangers" ..........

Un enfant vietnamien sera plus aisément adopté qu'un enfant du Maghreb( racisme à  l'envers dis-je!)

Les Eurasiens ou métis en général , eux , ne savent pas toujours où ils se sentent le mieux, où est leur place , leur identité.

Etant maintenant au Viêtnam, pouvez-vous me dire ce qui ( éventuellement) vous manque de la France?

Merci d' être sincère,

cordialement

Ed.

 

 

 

Ma devise : on ne voit bien qu'avec le coeur
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