Avec 15 millions de tonnes, le Vietnam a reçu plus de bombes que l'Europe et le Japon pendant toute la deuxième guerre mondiale, se hissant directement à la première place en termes de nombre d'abreuvoirs à buffles par habitant. Peu reconnaissants, et décidément rétifs à la pacification, les féroces Vietnamiens de réfugièrent dans la jungle dans l'espoir de concilier lutte armée et vie au grand air.

C'est sans doute scoutisme agressif qui incita les stratèges américains à pulvériser des régions entières à l'agent orange, un défoliant contenant (entre autres joyeusetés) de la dioxine. À la fin de la guerre,  16 % de la superficie du pays avait été « traités ».

Un de ces petits pourcents se situe dans la région de Cat Tien, entre Saïgon et Dalat. En 1975, les quatre cinquièmes des plantes étaient mortes, toute végétation avait disparu. Plus une plante verte, à en croire les photos (en noir et blanc, il est vrai...). Si la végétation n'a pas tardé à reprendre le dessus, les eaux sont restées contaminées, les terres empoisonnées, bref, l'endroit était rendu impropre à toute vie humaine.

C'est la raison pour laquelle il fut décidé, en 1998, d'en faire un parc national. Protégé par l'Unesco depuis 2001, la réserve de biosphère de Cat Tien abrite des milliers d'espèces de reptiles, d'oiseaux, d'amphibiens et de mammifères, parmi lesquelles la panthère nébuleuse, le gibbon noir, l'ours des cocotiers, le chat-léopard, l'éléphant d'Asie, le rhinocéros de Java, le timide gaur ou le crocodile à poil laineux... pour beaucoup, les derniers survivants de leur espèce dans cette partie du monde, où chaque centimètre carré est exploité pour nourrir la population humaine.

Si vous voulez tenter l'expérience chez vous, le round up est vendu dans toutes les bonnes jardineries. Malheureusement, vous devrez désormais vous adresser au guichet, merci Ségoluche, on a les combats qu'on peut. Autant dire que c'est pas demain la veille qu'on reverra des loups traverser la Loire gelée, à moins d'un accident nucléaire à Belleville.

Notre illustration : un gibbon noir (ici en orange, ne me demandez pas pourquoi).