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Les enjeux géopolitiques du Viêt Nam

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Les enjeux géopolitiques du Viêt Nam

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Parmi les pays asiatiques, le Viêt Nam a, en France, une image singulière, faite de respect, de curiosité et presque d’admiration, image que n’ont pas les deux autres États Cambodge et Laos, qui formaient avec le Viêt Nam l’ancienne Indochine française. Malgré une guerre d’indépendance victorieuse contre la France entre 1946 et 1954, soit une durée équivalente à celle de la guerre d’Algérie (1954-1962), on sait qu’elle n’a pas laissé dans la mémoire des Français le même souvenir douloureux. D’une part, le contingent n’a pas été mobilisé et, d’autre part, ce n’était pas une colonie de peuplement à la différence de l’Algérie. Enfin la présence d’immigrés vietnamiens, souvent d’origine chinoise, ne pose pas les problèmes géopolitiques que l’immigration algérienne et plus largement maghrébine semble soulever.

 
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Ce respect admiratif pour le Viêt Nam repose sur deux facteurs : d’une part, l’aura de son armée victorieuse des États-Unis et de la Chine et, d’autre part, sa forte croissance économique depuis la mise en place d’une politique économique libérale sur le modèle chinois. En outre, dans le nouveau contexte géopolitique régional et mondial créé par la Chine, désormais puissance mondiale de premier rang [1][1] Toutefois, son budget militaire est encore loin d’être..., le Viêt Nam peut sans doute jouer un rôle important au moins au niveau régional.
 
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Cependant, pour bien analyser la place et le rôle du Viêt Nam dans la situation géopolitique actuelle de l’Asie du Sud-Est, il est nécessaire d’y regarder de plus près. C’est pourquoi j’ai demandé à Benoît de Tréglodé, spécialiste du Viêt Nam, de codiriger ce numéro. Nous avons cherché à couvrir les thèmes moins connusque d’autres mais pourtant très éclairants pour comprendre la singularité géopolitique du Viêt Nam.
 
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Ainsi, Christopher Goscha analyse les conséquences géopolitiques du conflit qui a opposé en 1977 le Cambodge et le Viêt Nam, deux pays communistes, pour le contrôle du delta du Mékong, entraînant par représailles une attaque de l’armée chinoise en 1979 dont l’armée vietnamienne sortit victorieuse en quelques semaines.
 
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Pour C. Goscha, cette guerre entre pays communistes indochinois a fracturé l’immense bloc communiste eurasiatique qui s’étendait de l’Elbe à la mer de Chine, bloc déjà fragilisé par la mésentente sino-soviétique qui conduisit au rapprochement sino-américain en 1972. Comme l’a souvent rappelé Yves Lacoste, avec ce conflit on découvrait que des pays frères internationalistes pouvaient se faire la guerre pour défendre leur territoire, réaction classique de défense nationale. En l’occurrence, les Cambodgiens faisaient la guerre pour reprendre le contrôle du delta du Mékong et les Vietnamiens pour le garder. On était donc bien dans une situation géopolitique telle que la définit Yves Lacoste : des rivalités de pouvoir pour prendre ou garder le contrôle d’un territoire et la population qui s’y trouve.
 
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Ce conflit entre communistes a, selon C. Goscha, mis fin à la guerre froide, dix ans avant la chute du mur de Berlin, puisque incontestablement le bloc communiste s’était effondré. La Chine soutenait le Cambodge, l’URSS le Viêt Nam et la méfiance était grande entre les uns et les autres : les Chinois craignaient de voir l’URSS utiliser le territoire vietnamien pour les encercler, les Cambodgiens de voir les Vietnamiens menacer leur souveraineté nationale. Le nationalisme avait assurément pris le pas sur l’internationalisme.
 
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Plusieurs articles reviennent sur les relations complexes et ambiguës du Viêt Nam avec la Chine trop puissante pour s’y opposer frontalement et trop menaçante pour lui laisser les mains libres, surtout dans la mer de Chine du Sud où se trouvent les îles des Paracels et des Spratleys. Celles-ci recèlent des gisements pétroliers, ce qui peut expliquer la volonté chinoise d’en avoir le contrôle ; mais, pour les Vietnamiens, l’enjeu pétrolier n’est pas l’unique cause de leur opposition à la présence chinoise. Ils considèrent que ces îles leur appartiennent et qu’il s’agit donc de leur zone économique exclusive. Ainsi, c’est bien la souveraineté nationale qui est en jeu, question sur laquelle les Vietnamiens sont particulièrement intransigeants. C’est donc un habile équilibre qui caractérise la politique vietnamienne vis-à-vis de la Chine. Et c’est une représentation géopolitique trop simpliste que de penser que les tensions sino-vietnamiennes, bien réelles, conduisent nécessairement les Vietnamiens à se tourner vers les États-Unis et à s’appuyer sur la présence militaire et économique américaine en Asie du Sud-Est. Comme le montre l’article de Pierre Grosser, il n’est pas question pour les stratèges vietnamiens de miser sur un seul allié et d’accroître ainsi le risque de la dépendance. De même, leur adhésion à l’Asean (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) en 1995 leur a permis de développer des relations bilatérales avec chacun des États membres et ainsi d’accroître leur rôle et leur statut de pays qui compte dans la région. Selon Sophie Boisseau, les autorités vietnamiennes ont une conception très utilitaire de l’Asean, car y adhérer leur a permis de bénéficier de l’assistance et des investissements des pays membres, ce qui a accéléré leur développement économique, mais elles en attendent aussi un appui dans leur différend territorial avec la Chine en mer de Chine du Sud, ce qui est moins assuré.
 
Le Doi Moi : ouverture économique et contrôle politique (ou le renouveau sur le modèle chinois)
 
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Depuis 1986, le gouvernement vietnamien, suivant ainsi le modèle chinois, a décidé de libéraliser l’économie tout en maintenant un contrôle politique des plus stricts, politique qui porte le nom de Doi Moi, le renouveau. Comme le rappelle dans un entretien Claude Blanchemaison, ancien ambassadeur au Viêt Nam dans les années 1980, la France a accompagné les débuts de cette politique d’ouverture mais le gouvernement vietnamien n’en n’a pas fait pour autant une bénéficiaire privilégiée. Les affaires sont les affaires. En revanche, le Doi Moi a accéléré la reprise des relations avec les États-Unis qui ont mis fin à leur embargo commercial en 1994 et, l’année suivante, les relations diplomatiques sont rétablies.
 
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Mais ce renouveau ne concerne pas le régime politique comme le montre Benoît de Tréglodé. L’État-parti, avec ses très puissants relais, le Parti communiste vietnamien et l’Armée populaire vietnamienne, maintient un contrôle strict sur la société. Néanmoins, les critiques des dirigeants par la population sont devenues fréquentes, car elle est excédée par la corruption, et pour les paysans par la confiscation de leurs terres, soit pour les besoins de l’accroissement urbain, soit pour constituer de grandes exploitations agricoles plus productives.
 
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C’est pourquoi on peut s’interroger sur la longévité à plus ou moins long terme de ce régime politique tant les tensions et conflits internes se multiplient. En effet, les menaces sur les capacités de contrôle de la population par l’État-parti semblent s’accroître entre autres facteurs par le développement d’Internet qui permet le développement « d’une active et ingénieuse cyberdissidence », comme le dit Pierre Journoud dans son article sur les relations du Viêt Nam avec les quatre millions de Vietnamiens de l’étranger. Ceux-ci sont à la fois courtisés par le Parti pour attirer leurs capitaux et leurs savoir-faire, mais sous surveillance par crainte de voir le régime politique déstabilisé par leurs critiques disséminées sur la Toile. À cette menace s’en ajoute une autre : la vulnérabilité du cyberespace vietnamien, qui oblige les autorités à renforcer rapidement la cybersécurité du pays (cf. l’article de C. Tran Dai).
 
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Si la forte croissance économique depuis le Doi Moi a permis de satisfaire nombre de besoins de la population surtout urbaine, celle-ci s’accompagne aussi d’un accroissement des inégalités économiques et sociales qui génère tensions et conflits et de sérieux problèmes environnementaux. La situation est d’autant plus grave que ces changements rapides se font dans le contexte d’une forte croissance démographique, ce qui nécessite par exemple d’accroître rapidement les ressources énergétiques pour répondre à une demande domestique et industrielle en très forte et rapide augmentation, ce qui n’est pas simple (cf.l’article d’E. Mottet et F. Lasserre). Changements économiques et croissance démographique conduisent à des mutations rapides de l’organisation de l’espace : métropolisation de Hanoï avec l’extension des limites de la ville à l’ouest qui compte désormais près de 7 millions d’habitants et d’Hô Chi Minh Ville « métropole de 7,4 millions d’habitants dans une région suburbaine de près de 18 millions de personnes qui s’étend sur six provinces et se prolonge jusqu’à la mer » (cf. Tessier et Gironde). Cette croissance urbaine et son aménagement conduisent à des expropriations massives pour récupérer des terres pour y installer des zones d’activité et des logements, ce qui provoque des révoltes paysannes (cf. S. Fanchette). Avec le processus de la métropolisation les inégalités économiques et sociales sont devenues criantes, l’État-parti tente bien de les atténuer mais jusqu’ici sans grand résultat.
 
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Enfin la situation actuelle des religions, souvent mal connue, est analysée par J. Jammes et T. Sorrentino qui montrent non seulement le « caractère multiple du fait religieux », avec sa riche palette de « voies » (dao), de « religions » (tôn giao) et de « croyances » (tin nguong), mais aussi, et c’est ce qui importe dans cette approche des problèmes géopolitiques du Viêt Nam, une conscience citoyenne de ces forces religieuses : « éléments de la société vietnamienne, elles inscrivent leurs corpus théologique et leurs rituels dans un projet d’unité nationale, faisanta priori cause commune avec l’État-parti, mais présentant une série d’ajustements et de critiques de celui-ci ».
 
 
Un numéro d’Hérodote pour mieux comprendre la géopolitique externe et interne du Viêt Nam, grâce à la diversité et la pertinence des articles.
 
Notes
 
[1]
 
Toutefois, son budget militaire est encore loin d’être équivalent à celui des États-Unis (il est officiellement de 130 milliards de dollars sans doute nettement plus élevé contre 540 milliards pour les USA) et le niveau de vie des Chinois est très loin de celui des Américains.
 
 
http://www.cairn.info/revue-herodote-2015-2-page-5.htm
 
 
 

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